Sonac Alexandra, jeune agricultrice de 34 ans, s’est installée avec son conjoint en 2016 sur la commune de Saint-Félix-de-Tournegat.
C’est à l’occasion de la journée internationale dédiée aux femmes rurales 2021, le vendredi 15 octobre dernier, que les Jeunes Agriculteurs de l’Ariège ont souhaité mettre en valeur toutes ces femmes qui font vivre les territoires de campagne aujourd’hui.
Pour ce deuxième portrait en l’honneur des femmes rurales, Alexandra Sonac, éleveuse de bovins de race Limousine sur un territoire de coteaux à Saint-Félix-de-Tournegat, témoigne de son expérience. Installée dans le Gaec de Lescure depuis cinq ans, cette jeune femme d’origine marseillaise dévoile un parcours atypique avec une motivation sans faille pour vivre de sa passion.
“C’est avec les animaux que je voulais travailler”
Native du département des Bouches-du-Rhône et de la ville de Marseille, Alexandra s’est orientée dans un domaine professionnel qui ne courait pas les rues dans la cité provençale. À quelques centaines de kilomètres, plus précisément dans les Hautes-Alpes, la jeune agricultrice a pu découvrir le métier d’éleveuse en stage de troisième.

“Tout a démarré de cette expérience, je voulais être dans la ruralité, vivre en campagne depuis mon enfance. Au collège, je voulais être inséminatrice de bovins car c’est ce que j’avais pu expérimenter pendant mon stage. Mes grands-parents avaient une maison secondaire en Ariège. Je connaissais l’Ariège depuis longtemps et j’ai décidé de m’inscrire au lycée agricole de Pamiers et de poursuivre ma voie dans l’agriculture”, précise Alexandra.
Après un BEP, un Bac professionnel et un BTS ACSE qui ont donné toutes les compétences nécessaires à la jeune femme dans le milieu de l’élevage, celle-ci a décidé de construire définitivement sa vie en Ariège.
“Après mes diplômes, je ne me suis pas tout de suite installée. J’ai souhaité développer mes compétences en tant que salariée de l’exploitation de Sophie Cabal, puis à la ferme aux bisons et à la traite auprès d’un éleveur laitier. J’ai aussi travaillé en centre commercial en tant que caissière et dans un magasin de sport dans le rayon chasse et pêche. Je n’ai pas perdu le fil de la ruralité. Entre 2011 et 2015, j’ai eu mes deux enfants, j’ai pris le temps de m’investir en tant que maman”, ajoute la jeune éleveuse.
“J’ai eu la chance d’avoir une installation facilitée”
En 2016, le Gaec de Lescure a vécu un tournant charnier qui a donné la possibilité à la jeune femme de s’installer en reprenant des parts sociales avec un cheptel et du foncier déjà acquis.
“Lors de mon installation, j’ai été suivie par la chambre d’agriculture qui m’a beaucoup apporté pour construire mon projet. Les dispositifs à l’installation comme le PAI, le PPP et stage 21h m’ont permis de m’installer en toute confiance. J’ai agrandi le cheptel initial de 30 bovins à 90 mères et insufflé la conversation du Gaec en Bio pour les bovins viande”, précise Alexandra.
“Dans mon Gaec c’est un travail d’équipe”

Le Gaec de Lescure a développé depuis 2015 la filière bovins viande et a augmenté sa production en maïs semence et céréales sur 286 hectares.
“Avec mon mari, nous travaillons à deux pour compléter nos activités. D’un point de vue économique pour notre entreprise la partie céréalière représente 70 % de notre revenu annuel. La partie élevage reste moindre car les charges aujourd’hui ne sont plus les mêmes qu’avant. C’est un travail passion et cela nous permet d’avoir une activité tout au long de l’année entre les bêtes en hiver et la castration de maïs et l’irrigation en été”, ajoute la jeune éleveuse.
“Les bêtes nous aident à construire nos espaces”
Le territoire de coteaux pousse les jeunes agriculteurs à s’adapter continuellement. “Nous avons beaucoup de petites parcelles qui sont difficilement mécanisables. Nous participons à l’ouverture des espaces par notre activité d’élevage mais le climat reste sec sur le terrain et cela engendre un manque d’herbe pour nourrir les bêtes. En revanche, notre qualité de vie au quotidien, être en contact constant avec la nature et vivre des saisons magnifiques sur ce territoire, est une réelle récompense malgré les difficultés”, expose la jeune éleveuse.
“Je suis adhérente JA depuis plusieurs années”
“J’ai entendu parler de ce réseau lors de mon installation. Je suis au courant de ce qui se passe au-delà de mon exploitation, je garde un œil ouvert et me tiens informée. C’est important pour pérenniser mon activité et me tenir à la page.”
Mélina Gimenez – JA 09