Lundi soir, suite à l’appel des syndicats nationaux, les Jeunes Agriculteurs et la FDSEA de l’Ariège avaient donné rendez-vous à leurs adhérents en deux points stratégiques afin de bloquer le tunnel de Foix pour la soirée.

Pour faire suite à l’action des panneaux mi-octobre, les syndicats majoritaires se sont une nouvelle fois mobilisés. Au total se sont presque 150 personnes et une vingtaine de tracteurs qui se sont retrouvés de part et d’autre du tunnel aux alentours de 19h pour le bloquer et accrocher des banderoles à l’image des difficultés qu’ils rencontrent. Côté nord, on pouvait lire « en route vers la mort de l’agriculture » et « consommer français c’est nous sauver ». Tandis que côté sud « produits importés = paysans en danger » et « la résistance agricole continue », des messages forts qui résonnent comme un cri de détresse depuis nos campagnes.

Les agriculteurs sont à bout, depuis les mobilisations historiques du début de l’hiver dernier, le contexte n’évolue pas, entre la lourdeur administrative, les charges qui pèsent sur les exploitations et les accords négociés à l’international la situation ne peut plus durer ! 

Les revendications portées par nos syndicats dans toute la France sont les mêmes :

  • mettre en place des mesures conjoncturelles et de trésorerie pour soutenir les agriculteurs et les agricultrices
  • favoriser une simplification administrative drastique
  • légiférer pour remettre le gout d’entreprendre au cœur des politiques agricoles
  • stopper les incohérences européennes et mondiales : pour redonner une ambition à la souveraineté alimentaire européenne.

Comme l’a affirmé Sébastien Durand Président de la FDSEA de l’Ariège, « le Mercosur et le libre échange vont nous tuer à tous, céréaliers et éleveurs parce qu’on va importer des produits aux normes totalement différentes des nôtres ».

Pour Kévin Audouy, Président des Jeunes Agriculteurs, le Gouvernement n’a pas respecté ses promesses du printemps, « les annonces on n’en voit toujours pas la couleur. On nous avait promis de la simplification administrative, on ne voit rien sur nos fermes ! Seules les réformes sur le GNR et le contrôle unique ont été respectées ».

Pour finir, les Présidents ont demandé aux agriculteurs présents de rester mobilisés car ce n’est que le début du combat, une autre mobilisation régionale se prépare dans les semaines à venir.

CG

Pas d’accord en perspective lors du G20

La Représentation en France de la Commission européenne a organisé le 12 novembre un point d’information sur les négociations de l’accord commercial UE-Mercosur. Les représentants de la Commission, DG Commerce et DG Agri, par ailleurs négociateurs de l’accord pour l’UE, ont fait un point à date sur l’avancée de ces négociations. « Les négociations auraient dû se terminer en 2019 », ont rappelé les fonctionnaires européens. Mais la Commission a demandé au Mercosur de rouvrir le dossier pour y intégrer des objectifs de développement durable. La Commission européenne veut obtenir des pays du Mercosur un engagement ferme et définitif sur l’intégration de l’accord de Paris (COP 21) et sur la fin de la déforestation. Le chapitre agricole, lui, est clos depuis 2019. Pour la DG Agri, ce chapitre agricole est « équilibré » car il propose des « gains » pour l’accès au marché du Mercosur pour des secteurs aujourd’hui « très fermés ». Et de citer les vins, les spiritueux, les produits laitiers et les indications géographiques. En contrepartie, les volumes supplémentaires d’importations sans droits de douanes seraient « marginaux ». La DG Agri estime par exemple que les 99 000 tonnes supplémentaires d’importations de viandes bovines ne représentent « que » 1,6 % de la production de l’UE. Mais le négociateur semble oublier qu’il suffit de peu de volumes pour déséquilibrer un marché, surtout lorsqu’il s’agit de produits à haute valeur ajoutée. Il tient le même raisonnement pour le porc, les volailles ou encore le sucre. Quelle équivalence des normes ? Sur les questions sanitaires, la DGAgri considère que les produits importés doivent respecter les normes européennes, et ne semble pas voir la question de la nécessité de « mesures-miroirs ». Les négociateurs ont balayé timidement l’hypothèse de la mise en place d’un « fonds de compensation » pour indemniser les agriculteurs européens en cas de conséquences négatives de l’accord. Ils ont rappelé que la clause de sauvegarde pourrait s’appliquer en cas de problème. « La Commission a les moyens d’intervenir » insistent-ils. Enfin, les deux négociateurs, sans être catégoriques, ont rejeté l’hypothèse d’une conclusion prochaine d’un accord, et notamment à l’occasion du G20 qui doit se tenir les 18 et 19 novembre au Brésil.

Actuagri

Débat à l’Assemblée nationale : réaction de JA-FNSEA à l’annonce de Michel Barnier

Deux jours après le début de ses mobilisations, Jeunes Agriculteurs et la FNSEA se félicitent de l’annonce du Gouvernement de laisser le parlement s’exprimer sur une des revendications fortes de sa mobilisation : le MERCOSUR. Preuve qu’une mobilisation claire et responsable, répartie sur l’ensemble du territoire porte ses fruits. Jeunes Agriculteurs et la FNSEA souhaitent saluer l’engagement de tous les agriculteurs de nos réseaux respectifs mobilisés partout en France depuis 2 jours qui font passer nos messages avec responsabilité.
C’est une première victoire, le combat continue.

Arnaud Rousseau, Président de la FNSEA
« Grâce à la mobilisation de nos réseaux FNSEA et Jeunes Agriculteurs partout sur le territoire, nous avançons enfin dans le bon sens et nous avons obtenu :
1 – une expression d’opposition claire du Président de la République et du Premier ministre,
2 – une expression coordonnée et unanime de tous les syndicats agricoles européens contre le Mercosur,
3 – des lignes politiques qui bougent dans certains pays comme l’Italie et la Pologne et qui doivent faire réfléchir la Commission…
4 – une expression politique transpartisane de l’ensemble de la classe politique française
Et maintenant, un vote solennel du parlement pour asseoir la position française. Sans anticiper la position du Parlement, soyons fiers, collectivement, de cette action syndicale, bravo à tous les agriculteurs des réseaux FNSEA et Jeunes Agriculteurs pour leur engagement. Rien n’est gagné, nous ne sommes pas naïfs, mais la mobilisation continue.

Pierrick Horel, Président de Jeunes Agriculteurs
« C’est une bonne nouvelle pour notre lutte contre le Mercosur. Cela montre la force de nos réseaux capables d’allier l’expérience des aînés et l’énergie de la jeunesse pour organiser une mobilisation massive et responsable qui puisse créer du consensus.
Nous sommes parvenus à aligner des forces qui semblent contraires. S’ils en font la preuve dans l’hémicycle, cela sera je l’espère de nature à rassurer les agriculteurs sur le rôle des politiques.
Le symbole est fort. Il est maintenant nécessaire de changer les méthodes de négociations de ces accords de libre-échange, notamment en distinguant le secteur agricole du reste.
Si nous pouvons faire bouger des lignes au niveau international, nous pourrons aussi amorcer le changement de logiciel souhaité au niveau du pays et donner de l’espoir aux jeunes avec la vision d’avenir nécessaire face au changement climatique.
Nous allons donc continuer à manifester. »

JA/FNSEA

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