“Macron, réponds-nous” fut le mot d’ordre de la grande mobilisation des 22 et 23 octobre dernier. Retour sur le combat de la Ruralité ariégeoise.

L’ensemble des acteurs de la ruralité rassemblé et uni dans un même combat ; plus de 300 personnes réunies chaque soir de la mobilisation ; une mobilisation qui a duré 48 heures, la plus longue parmi les 85 départements qui ont participé.

Voilà les principaux enseignements que l’on peut retenir de ce grand mouvement ariégeois. Et la ruralité ariégeoise peut en être fière ! Comme le soulignait à la Préfète, Henri Bies-Péré, vice-président de la FNSEA et éleveur dans les Pyrénées-Atlantiques venu soutenir les agriculteurs ariégeois : “quand l’agriculture va mal, c’est toute la ruralité qui souffre”. Cela résume bien le message que les responsables professionnels ont voulu faire passer à Chantal Mauchet, préfète de l’Ariège, au cours de deux entretiens qui se sont tenus le 23 octobre.

Le malaise du monde rural fédère ses différents acteurs

La détresse vécue par les agriculteurs et le dénigrement de cette profession trouvent leur écho chez les chasseurs. Jean-Luc Fernandez, président de la Fédération départementale de la chasse, n’hésite pas à employer le terme de “chasseur bashing”. Quant à l’emballement de la machine administrative et réglementaire dont se sent victime le monde agricole, les forestiers ne peuvent que confirmer le caractère “ubuesque” de ce système. “Ceux qui font les textes vivent sur une autre planète” affirmait le président du syndicat des forestiers lors de l’entretien avec la préfète. Le mal-être de ces différents acteurs de la ruralité s’est avéré profondément fédérateur lors de ces deux jours de manifestation. Il faut considérer cela comme une force, une énergie motrice que les différentes structures représentatives du monde rural ariégeois entendent bien continuer de canaliser.

Un harcèlement d’État

Face à “l’autisme” de l’État, la Ruralité ariégeoise est venue exiger des réponses. Le monde agricole et rural a besoin de reconnaissance de l’État et des citoyens. “Les céréaliers sont des empoisonneurs, les éleveurs des meurtriers… on a beau expliquer nos pratiques, on ne nous écoute pas !” s’indignait Cédric Munoz, coprésident de la FDSEA09. “On fait ce métier avec passion. On a l’impression de se sentir abandonnés” renchérissait Clémence Biard, présidente des JA09. L’État serait-il complice de cet “agribashing” ? Entre la publication de la feuille de route du pastoralisme, que Jean-Pierre Mirouze, coprésident de l’ASPAP, rebaptise à juste titre “feuille de déroute”, la menace de l’instauration de Zones de non traitement (ZNT) sous la pression de lobbies extrémistes et populistes, le faible soutien à la création de réserves d’eau pourtant nécessaires pour relever le défi climatique, la multiplication des contrôles sur les exploitations… sans tomber dans la paranoïa, le monde rural finit par se sentir harcelé par les services de l’État !

Le monde rural, force de proposition

Pourtant, les acteurs du monde rural restent attentifs aux attentes de leurs concitoyens. Le travail en cours sur l’élaboration de la Charte de Bon Voisinage témoigne de cette volonté de concertation entre agriculteurs et population rurale, de ce désir de mieux communiquer sur les pratiques agricoles. Le souci du respect et du bien vivre ensemble est au cœur de cette démarche. Le monde agricole est tout disposé à relever le défi de la montée en gamme de ses productions, et les progrès constants en termes de bien-être animal, de réduction des phytos, la montée en puissance des différents labels et SIQO témoignent de ces évolutions. Mais l’État doit accompagner ces initiatives et cette transition à l’œuvre. “Macron, réponds-nous !” Tel est le mot d’ordre repris à travers toutes les campagnes françaises. Dans sa détresse, le monde rural est uni, solidaire et profondément déterminé. La bataille n’est pas terminée.

Transformons notre désarroi en énergie fédératrice pour continuer ce combat, qui sera long !