FDC09 : Comment avez-vous découvert la chasse ?

Sylvain Salaméro : J’ai toujours été passionné par la montagne et la nature. Je pratique des sports de pleine nature depuis l’enfance. J’ai découvert la chasse tardivement en accompagnant des amis chasseurs en montagne. J’ai d’abord plutôt été photographe et observateur. Puis, j’ai découvert la chasse à l’approche, pratique passionnante avec une proximité forte avec la nature. J’aime regarder les traces, avoir tous les sens aux aguets, observer d’où vient le vent et me fondre dans l’environnement naturel, en particulier en montagne. Ce sont des moments où je fais facilement abstraction de tout le reste et je prends beaucoup de plaisir même sans tirer.

FDC09 : Parlez-nous de votre exploitation…

Sylvain Salaméro : Installé en GAEC depuis une vingtaine d’années à Roumengoux, j’élève plus d’une centaine de chevaux. Associé avec ma compagne, Chloé Alazard, nous avons fait le choix de promouvoir les races transhumantes en élevant des chevaux de Mérens et des Castillonnais mais aussi des poney Pottok, originaires du Pays Basque. Ce sont des chevaux rustiques, capables de s’adapter à des terrains difficiles avec de grandes compétences, tant pour le travail agricole que pour l’équitation de loisir. Gardés de leur naissance jusqu’à trois ou quatre ans, nos animaux sont éduqués mais aussi dressés à être montés avant d’être vendus. Un grand nombre de chevaux sont vendus à des professionnels, mais aussi à des particuliers. La qualité de l’élevage du GAEC du Centre du Soularac a été reconnue au cours de divers concours. Plusieurs produits de l’élevage ont été qualifiés au titre de champions. Ces qualifications permettent à la ferme équestre de présenter des chevaux au salon international de l’agriculture à Paris pour la deuxième année consécutive. Afin de nourrir le troupeau, l’exploitation dispose de 190 hectares de terres composés en grande majorité de prairies mais aussi de parcours et d’une quinzaine d’hectares de cultures pour assurer l’autonomie alimentaire du cheptel. L’ensemble est conduit en agriculture biologique.

Pour autant, l’élevage n’est pas la seule activité proposée au centre du Soularac. Pour le public local, des cours d’équitation sont proposés toute l’année. Des cours d’équithérapie sont également dispensés auprès d’un public en situation de handicap. En hiver, pour un public plutôt touristique, nous proposons des prestations de ski joëring à la station des Monts d’Olmes afin de permettre aux vacanciers de skier tout en étant tractés par un cheval. En été, ce sont les séjours et les randonnées qui rythment l’activité de la ferme avec le recrutement en interne d’une quinzaine de saisonniers. Au contact avec un public urbain, nous faisons le lien entre la ville et la campagne. Nous réalisons également deux transhumances ouvertes aux touristes pour valoriser cette activité.

FDC09 : Comment faites-vous pour concilier vos deux activités ?

Sylvain Salaméro : Je concilie de nombreuses activités. En général cela se passe bien, sauf à certaines périodes lorsque cela se chevauche. Des conditions météorologiques compliquées qui décalent les chantiers comme la fenaison ou la moisson et nous font empiéter sur la saison touristique, comme cette année, peuvent désorganiser la vie de l’exploitation et diminuer le temps disponible. D’autant qu’en parallèle de mon activité agricole, je suis très investi dans la vie de mon territoire.

En effet, je suis, entre autres, représentant des éleveurs équins au sein du GIE élevage d’Occitanie et président de l’association de tourisme, de culture et du patrimoine en Pays Cathares. À échelle régionale, je suis président de l’association du tourisme autour du cheval et de l’âne d’Occitanie. À l’échelle nationale, je suis président de l’Association nationale des chevaux castillonnais.

Je suis aussi président de l’ACCA de Roumengoux. Alors, je profite des belles journées d’automne et de début d’hiver pour aller la chasse soit autour de l’exploitation, soit en montagne où je suis régulièrement invité.

FDC09 : Vous êtes chasseur et agriculteur, comment se passe la cohabitation avec la faune sauvage ?

Sylvain Salaméro : Il y a un vrai enjeu de gestion du grand gibier qui est responsable de dégâts importants en particulier en fond de vallée. Nous nous attachons à réorganiser la gestion du grand gibier sur ma commune. Nous venons de cartographier tous les postes et d’organiser les procédures de battues. Avec l’équipe de mon ACCA, nous portons une vision d’un territoire avec des usages diversifiés (agricoles, loisirs, habitat, professionnels, promenade, cynégétiques …) et une prise en compte des nombreux usagers avec un enjeu de conciliation. Pour nous, il est fondamental que la gestion cynégétique soit respectueuse des habitants, des agriculteurs, des propriétaires de terres et de l’ensemble des autres usagers de notre territoire en particulier des usagers des chemins et de la nature. Nous nous attachons à tout mettre en œuvre sur le terrain, ce n’est pas toujours simple.

FDC09 : Comment voyez-vous l’évolution de votre activité économique et de la chasse ?

Sylvain Salaméro : Si on parle de l’agriculture en général, je suis objectivement inquiet. Même si le secteur équin est relativement préservé, pour l’instant, des difficultés que rencontrent nos collègues avec les épidémies telles que la MHE, je trouve que le contexte est loin d’être simple. En ce qui concerne les équins, les politiques agricoles sont assez défavorables en matière d’installation et d’investissement. Je crains que si nous n’arrivons pas à installer des jeunes en équin avec des races locales, le patrimoine extraordinaire que nous avons en Ariège, berceau de deux races de montagne, ne disparaisse. Pourtant, il me semble que ces races transhumantes, rustiques, et robustes sont un atout agricole important et permettent de valoriser efficacement les milieux pastoraux.

En ce qui concerne les activités cynégétiques, je crois qu’il y a un enjeu important de pédagogie et d’information. Les relations sont parfois tendues entres les différents usagers. À nous, d’être exemplaires pour concilier les usages et expliquer en quoi la gestion de la faune sauvage est importante.

Fédération des chasseurs de l’Ariège

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