Les travaux de terrassement de l’unité de méthanisation de Ludiès ont commencé mercredi 8 janvier.

Après quatre ans à préparer le projet, les premiers engins de terrassement sont arrivés mercredi 8 janvier à Ludiès pour commencer la construction de l’unité de méthanisation de la SARL Ariège Biométhane.

Maxime et Sébastien Durand, producteurs céréaliers et éleveurs de brebis, sont à l’origine de ce projet. En 2016, ils se sont rendu compte que de nombreux éleveurs installés en zones vulnérables avaient des difficultés pour stocker le fumier et le lisier produit par leurs bêtes, en particulier en hiver.
L’épandage de fumier tel quel sur des parcelles de culture engendre la pousse de mauvaises herbes. Il est donc nécessaire de traiter les sols pour les retirer au cours de la période de la culture. Le processus de méthanisation, permet d’éliminer environ 95 % des mauvaises herbes. De plus, l’utilisation du produit fini sorti de la méthanisation, le digestat, a pour but, à terme de diminuer de manière très nette les apports d’engrais chimiques dans les sols.

Un engagement pour l’environnement

Depuis 2000, les frères Durand utilisent un système d’agriculture raisonnée. Ils ont souhaité se tourner vers les énergies renouvelables. En 2008, ils ont été parmi les premiers à installer des panneaux photovoltaïques sur les toits de leurs exploitations agricoles.
La création d’une unité de méthanisation est pour eux une étape supplémentaire vers les énergies renouvelables. En effet, le méthane présent après fermentation dans le fumier et le lisier mais également dans d’autres déchets végétaux permet de produire du gaz de ville vert.
Au total, ce sont environ 500 foyers qui pourront être alimentés en énergie grâce à la SARL Ariège Biométhane. Six kilomètres de conduites seront installés entre Ludiès et La-Tour-Du-Crieu afin de permettre d’injecter le gaz produit dans le réseau GRDF.

Aller plus loin dans les énergies renouvelables

L’avantage du processus de méthanisation est que le gaz ainsi que le digestat produits au sein de l’unité sont tous deux inodores.
Pour aller encore plus loin dans l’utilisation des énergies renouvelables, une centrale photovoltaïque sera installée sur le toit du bâtiment de stockage. Cette électricité produite sera directement auto-consommée par l’unité de méthanisation.

Un travail de longue haleine

Avant d’aboutir au lancement du projet, de nombreuses années d’études ont été nécessaires aux deux frères. “Nous avons visité une dizaine d’unités de méthanisation avant de nous lancer. Les retours que nous avons eus nous ont prouvé l’efficacité de la méthanisation pour l’écologie. Une grande partie des exploitations utilisant le digestat sorti des unités s’est convertie en agriculture biologique avec des rendements quasi similaires aux exploitations conventionnelles.”
En premier lieu, Maxime et Sébastien Durand avaient dans l’idée de faire de la méthanisation en cogénération et non en injection. Cependant produire de l’électricité avec du méthane produit aussi beaucoup de chaleur. Et pour prétendre à des subventions de l’État il faut obligatoirement valoriser cette chaleur, chose qui n’était pas possible. Après une recherche plus approfondie, ils ont décidé de se diriger vers la production de gaz. Ce choix de l’injection ne fut possible que grâce à la prise en charge de 40 % du coût de la conduite de gaz par GRDF. Le montant du projet s’élève à 6,5 millions d’euros, financés à 25 % par des fonds propres et des subventions de l’État et à 75 % par un prêt bancaire.C’est en 2016 que le premier contact a été pris avec l’association Solagro pour réaliser une étude de faisabilité. Les deux frères sont les maîtres d’ouvrage du projet et ils ont aussi décidé d’être accompagnés par l’association dans un rôle d’assistant de maître d’ouvrage. “Sans Solagro, le chemin administratif aurait été très difficile. C’est pour cela que nous les avons sollicités dans la phase de conception ainsi que dans la phase de construction” ajoute Maxime Durand.

De nombreux partenaires pour les accompagner

Depuis juillet 2019, la région impose aux porteurs de projets liés à la méthanisation d’avoir un cabinet de concertation pour s’occuper de la communication. Les maîtres d’ouvrage avaient anticipé cette contrainte en travaillant avec le cabinet Quelia bien avant qu’elle soit actée.
Ils se sont également rapprochés du cabinet Ectare pour tout l’aspect environnemental : dossier ICPE, agrément sanitaire.
Les travaux de terrassement, de voiries et réseaux divers commencés le 8 janvier, sont réalisés par l’entreprise COLAS. La société VINCI traitera quant à elle la partie génie civil. L’unité de méthanisation et l’installation de la centrale photovoltaïque seront assurées par Arkolia qui est spécialisé dans ce domaine. Prodeval s’occupera du processus d’épuration. L’unité devrait entrer en fonction d’ici un an.

Une sécurité primordiale

Des contrats de maintenance importants ont été signés avec des entreprises spécialisées, une intervention dans les 24 heures est prévue en cas d’incident. En effet, la question de la sécurité inquiète beaucoup lors de la construction de ce type d’infrastructure.
Le pire dans la méthanisation, ce sont les campagnes de désinformations autour du sujet. Les gens pensent que ça va sentir mauvais, que ça va faire du bruit, qu’il y aura des mouches ou encore des rats autour de l’unité. Ce n’est pas le cas”, justifie Sébastien Durand.
Avant d’arrêter leur choix sur le terrain de Ludiès, Sébastien et Maxime Durand ont visité trois autres lieux, plus proches de La-Tour-du-Crieu. Ils ont cependant fait face à des problèmes d’acceptation de la part des collectivités, en particulier à cause des préjugés associés à la méthanisation.
Pour tous les interlocuteurs, c’est un projet très “vertueux et dans l’air du temps mais s’il vous plaît pas chez nous mais chez les voisins. C’est pour ces raisons que nous devons remercier Madame le Maire et le conseil municipal de Ludiès qui nous ont dès le départ soutenu dans notre projet. »
À Ludiès, aucun recours sur l’ICPE ou le permis de construire n’a été fait. “C’est une chance pour nous. C’est dû principalement aux réunions de concertation que nous avons faite avec différentes communes des alentours”, soulève Sébastien Durand.

Une participation équitable

La SARL Ariège Biométhane a signé des contrats avec plusieurs agriculteurs du département pour l’approvisionnement en fumier, en lisier, ainsi que l’ensilage de mâles de colza et maïs semence. Elle a aussi un partenariat contractualisé avec Arterris et la Capla pour les déchets de silo.
L’entreprise s’est engagée à aller chercher la matière première dans les exploitations, et à faire un retour de digestat équivalant N et MO. Elle réalise aussi l’épandage. “Historiquement, nous nous sommes rapprochés d’éleveurs du même âge que nous mais surtout avec la même philosophie”, développe Sébastien Durand.

Une masse salariale nécessaire

Afin d’assurer le transport des matières premières et du digestat, une entreprise dédiée sera créée. Le bon fonctionnement de l’unité de méthanisation nécessitera l’équivalent de quatre salariés à temps plein. Sébastien et Maxime Durand ont depuis le 1e janvier 2019, un salarié à leur ferme qui assurera les transports de la matière première et du produit fini. Un autre sera embauché pour travailler à l’usine de méthanisation en semaine. Cet investissement financier mais aussi en temps est, selon les deux frères, nécessaire pour appréhender l’agriculture de manière plus raisonnée pour la planète.