Depuis plus de 30 ans, la ferme de Taux – Gaec AB2C modifie son mode de production de vaches Gasconnes des Pyrénées pour répondre aux enjeux sociétaux de demain.
Dès son plus jeune âge, Christian Asna a été passionné par l’élevage. Issu de la Haute-Ariège, et plus précisément de Luzenac, il avait pour habitude de croiser des vaches et des brebis lors de randonnées en montagne. Des rencontres qui l’amusaient et qui lui ont donné envie d’en faire son métier.
Après le collège, il a suivi des études agricoles et a développé une passion pour la génétique bovine. Au cours de ses études, il réalise un stage chez un éleveur à Saint-Sulpice-sur-Lèze (31) et décide par la suite de s’installer en 1985 en achetant neuf hectares et huit génisses Gasconnes des Pyrénées. À ces neufs hectares, s’ajoutent 12 hectares en fermage.
Réflexion autour du changement

Son exploitation n’étant pas encore viable, malgré la mise en place de la vente directe dès 1996, il travaille pendant huit ans au service bovin croissance de la chambre d’agriculture de la Haute-Garonne tout en grossissant son cheptel en parallèle.
Il s’investit ensuite au sein de l’Upra Gasconne des Pyrénées avant de devenir technicien pour cette même structure pendant huit autres années. En 2005, ses bêtes commencent à estiver près de Luzenac. Cependant, la taille de son exploitation s’accroît et nécessite qu’il y consacre tout son temps, il quitte donc son poste de technicien en 2006.
C’est à ce moment qu’il acquiert 120 hectares de terres biologiques sur la commune de Castex (09). Une acquisition qui va encourager sa volonté de modifier son mode de production.
« J’ai pendant longtemps été en polyculture-élevage conventionnelle et je voulais passer à un élevage tout en herbe bio. J’ai donc commencé la conversion de 40 hectares acquis en fermage à Saint-Sulpice-sur-Lèze« , expose Christian Asna.

L’exploitation devient ensuite en 2015 le Gaec AB2C avec l’arrivée de Benjamin Asna, fils de Christian. À l’issue de cette installation de nouvelles évolutions vont voir le jour.
En effet, les techniques culturales simplifiées vont remplacer le labour des céréales grâce à des semis directs. Le troupeau, qui atteint 80 mères, devient intégralement bio ainsi que les 200 hectares travaillés à Saint-Sulpice-sur-Lèze et Lézat-sur-Lèze pour l’alimentation des animaux.
Les bêtes passent désormais l’été sur quatre estives du canton de Luchon en Haute-Garonne et plus à Luzenac. Elles sont environ 140 chaque année.
Au fil des années, la place de la vente directe s’étend avec 80 % du troupeau commercialisé par ce biais, 10 % à des bouchers et 10 % pour la reproduction.
Une nouvelle associée
Puis, en 2020, le Gaec s’agrandit avec l’arrivée de Camille Asna, fille de Christian, qui a fait le choix de se réorienter après des études de Staps et de préparatrice en pharmacie.

Rapidement, les trois associés trouvent une organisation adaptée aux envies de chacun. Benjamin se consacre intégralement aux céréales avec en été une aide de son père et sa sœur.
Christian, de son côté, s’occupe du troupeau et en particulier de la génétique et de l’alimentation des bêtes.
Camille, elle, a en charge à la fois le troupeau mais également la vente directe. En effet, le Gaec est présent sur trois marchés de plein-vent chaque semaine dont un dédié aux produits bios qui se tient tous les samedi matin place du Capitole à Toulouse. À cela s’ajoute la vente de colis à des particuliers et au détail à des magasins bios et des restaurateurs.
« Nous abattons en moyenne un veau par semaine et un gros bovin par mois. Je suis chaque fois présente dans la salle de découpe pour préparer les colis pour chacun de nos clients« , précise Camille Asna.
Étendre l’activité
« Notre exploitation a évolué très vite au fil des années grâce à notre travail passionné et l’accompagnement du Crédit Agricole Sud Méditerranée. Grâce à nos 350 hectares, nous pouvons largement subvenir aux besoins de notre troupeau. Il y a quelques années, nous avons commencé à commercialiser du foin, de la luzerne et de la paille mais cette part de notre activité a pris tellement d’ampleur que nous avons du créé la SARL De Mader en 2021. Grâce à celle-ci nous commercialisons aux professionnels notre production mais nous proposons aussi des prestations de réalisation de bottes rectangulaires« , ajoute Chrisitan Asna.
Une activité pour laquelle le salarié permanent du Gaec est mis à disposition l’été. Pour 2022, environ 7.000 bottes de paille, 2.500 bottes de luzerne et autant de foin ont été produites par le Gaec.
Investissement et présence numérique
En plus de l’activité de la ferme, les trois associés sont chacun investis dans divers organismes. Christian est depuis 2021 président du Groupe Gasconne des Pyrénées. L’intégralité du cheptel est inscrite à la race et suivi en contrôle de performance. Les bêtes du Gaec ont d’ailleurs été récompensées dans de nombreux concours au fil des années.

Ce dernier est de plus administrateur du GDS 31 et du Coram. Benjamin est, de son côté, impliqué à la Capla, aux JA09 et à la Ceta Agro d’Oc. Enfin, Camille est administratrice chez JA09 et chez Groupama. De plus, tous trois sont vivement actifs au sein de la Cuma de Sainte-Suzanne qui pour eux est très importante.
« Que ce soit humainement ou professionnellement, faire partie d’une Cuma est un plus pour les exploitants. Cela nous permet d’investir ensemble pour du matériel haut de gamme utile à nos exploitations« , étaye Camille.
Le Gaec AB2C vit également avec son temps en étant vivement présent en ligne grâce à un site internet sur lequel il est possible de passer des commandes (www.gaec-ab2c.com) mais aussi un compte sur Instagram où tous partagent leur activité au quotidien.
Le lien avec le web ne date pas d’hier dans cette exploitation. En 2013 déjà, Christian Asna avait lancé une campagne de financement participative afin de pouvoir investir dans du matériel et modifier son mode de production.
Cette campagne quelque peu originale proposait à des clients de la ferme d’adopter une vache pendant quatre ans avec un retour sur investissement rémunéré chaque année grâce à des colis de viande. Une opération qui a plus que fonctionné. « À l’époque, j’ai croulé sous les demandes, j’avais littéralement une liste d’attente d’adoptants« , s’amuse Christian Asna.
Pour l’avenir, les associés envisagent de créer un nouvel atelier d’élevage afin de valoriser une nouvelle production au plus court. Bien que le choix de cet atelier ne soit pas encore arrêté, il se restreint peu à peu. « D’ici un an, je pense, il sera lancé« , se félicite Camille Asna.
C.L.
