Quatre structures ariégeoises organisent une mobilisation le 18 octobre pour soutenir six élus et représentants ariégeois face au tribunal correctionnel.

Après un report en avril, mardi 18 octobre, six élus et représentants ariégeois sont convoqués au tribunal correctionnel en raison de plaintes déposées contre eux et leurs structures suite à la manifestation pacifique du 5 mai 2018 à La Bastide-de-Sérou.

Ce jour-là, une quinzaine d’associations environnementalistes, telles que le Chabot, le comité écologique ariégeois ou encore le collectif des faucheurs.es volontaires, se sont retrouvées pour « dresser les atteintes à l’environnement en Ariège » selon leurs propos.

Un rassemblement qui a encouragé des centaines d’Ariégeois – agriculteurs, chasseurs, promeneurs et élus – à se rassembler en parallèle de ce colloque pour défendre leurs activités. Ensemble, ils ont manifesté pacifiquement pendant que cette rencontre se tenait.

Des plaintes à leur encontre

Sept des associations environnementalistes présentes le 5 mai ont porté plainte contre six représentants et élus du département ainsi que leurs structures pour « entrave à la liberté de rassemblement« .

Ainsi, Rémi Toulis, Clémence Biard, Philippe Lacube, Cédric Munoz, Jean-Luc Fernandez et Jean-Pierre Mirouze ont tous les six reçu une convocation au tribunal correctionnel pour un jugement qui se tiendra le 18 octobre.

Afin de montrer le soutien du monde rural à ces élus et représentants, la FDSEA, les Jeunes Agriculteurs de l’Ariège, la fédération départementale des chasseurs et l’Aspap organisent un rassemblement ce même jour à Foix sur les allées de Villote. Ce n’est pas eux même qu’ils vont défendre mais l’ensemble de la ruralité ariégeoise.

Déroulé de la journée

Les sympathisants sont attendus dès 10h sur les allées de Villote pour le début de la manifestation. Des buvettes ainsi que des espaces de restauration seront tenus par des bénévoles sur place. Toute aide au bon déroulé de la journée est la bienvenue.

Cette convocation étant une première en France, ce rassemblement a pour vocation d’avoir un écho à échelle nationale. Ainsi, des partisans de tout l’Hexagone seront accueillis au sein même de Foix.

Un soutien physique et financier

La mobilisation de chacun montrera à la population et à la justice le soutien apporté aux six représentants du monde rural accusés. Des dons seront possibles sur place mais également en amont afin de participer au financement de la défense de ces derniers.

Ces six acteurs de la ruralité risquent de lourdes peines et ont besoin de l’ensemble de la population à leurs côtés pour les soutenir dans ce moment difficile.

Ce procès est une première nationale, il sert, selon les convoqués, à faire taire les structures qu’ils représentaient et représentent aujourd’hui.

L’issue de cette audience aura un impact conséquent sur l’avenir de la ruralité.

Il est donc important que de nombreuses personnes soient présentes à Foix le 18 octobre pour soutenir non pas les six représentants convoqués mais la ruralité dans sa globalité.

Trois questions à…

Quel est votre parcours agricole ?
Rémi Toulis :
Mes parents ont été agriculteurs mais ils ont vendu leur ferme quand j’étais jeune. Pour autant, j’ai toujours été intéressé par ce domaine. Après avoir été salarié pendant huit ans, je me suis installé en Gaec avec mon frère en 1982 au Vernet d’Ariège. Nous étions en polyculture élevage jusqu’en 2006 mais les cours de l’époque nous ont encouragé à arrêter l’élevage et à nous concentrer sur les céréales. Aujourd’hui, mon frère est à la retraite et mon fils va bientôt s’installer avec moi. Nous travaillons sur 500 hectares de céréales dont 100 de maïs semences. Cinq salariés travaillent sur mon exploitation ainsi qu’une secrétaire administrative. Nous proposons des prestations de service à d’autres céréaliers du département.

Et votre parcours politique ?
R.T. :
Dès mon installation, j’ai adhéré à la FDSEA sans beaucoup m’investir. Trois ans après, je suis devenu le président du service de remplacement de l’Ariège et ce jusqu’en 2008. En parallèle, j’ai aussi été président du service à l’échelle Midi-Pyrénées et vice-président à échelle nationale. J’ai d’ailleurs fait partie de l’équipe qui a créé ces deux structures. Puis, après 2008, je me suis investi à la FDSEA où j’ai été secrétaire général pendant deux mandats avant de devenir président en 2020. Je suis également investi à la coopérative Capa depuis de nombreuses années. J’en suis aujourd’hui le vice-président.

Comment appréhendez-vous l’audience à venir ?
R.T. :
Je me sens confiant à l’approche de l’audience car je défends une cause qui me semble juste. Il est temps que les agriculteurs puissent travailler sans entrave. J’ai été attaqué en mon nom propre mais parce que je représente ce que pense le monde agricole ariégeois. Nous sommes tous les six mis au tribunal à cause de notre façon de penser mais j’ai confiance en la justice et j’espère que la décision prise ne sera pas trop grave. Cependant, je suis conscient qu’il y a un risque de condamnation, c’est pourquoi nous avons besoin du soutien de toutes et tous. Je ne vais pas au tribunal uniquement pour me défendre mais pour défendre l’ensemble du monde agricole.

Rémi Toulis, convoqué en son nom propre, actuel président de la FDSEA

Quel est votre parcours agricole ?
Cédric Munoz :
J’ai toujours voulu être agriculteur. J’ai été aide familiale jusqu’à mon installation en 2000. Je suis éleveur de veaux sous la mère avec une vingtaine de mères et 46 hectares tout en herbe. Une quinzaine est mécanisable et le reste est en prairie permanente. Je vends l’intégralité de ma production en circuit court à des bouchers locaux. J’envisage à l’avenir de réduire mon troupeau pour mettre en place une activité de bois de chauffage car j’ai de nombreuses demandes auxquelles je ne peux pas répondre par manque de temps.

Et votre parcours politique ?
C.M. :
Je me suis investi dans le syndicalisme dès mon installation en tant que Jeune Agriculteur. Depuis, je ne me suis jamais arrêté. Après quelques années aux JA, je suis passé à la FDSEA à la demande d’autres exploitants pour recréer la FDSEA qui avait disparu. Et depuis, président du canton Pays Cathare ainsi qu’administrateur et membre du bureau. En 2017, je suis devenu président du syndicat, c’était d’ailleurs ma fonction au moment de la manifestation du
5 mai 2018 à la Bastide-de-Sérou. Je suis fier d’être investi pour défendre mon métier, le syndicalisme m’a permis de ne pas être isolé chez moi. Cependant, je regrette que des problèmes que l’on rencontrait déjà en 2000 tels que la prédation, le manque d’eau pour l’irrigation ou encore les problématiques liées aux produits phytosanitaires soient toujours d’actualité aujourd’hui en 2022. Heureusement, nous avons pu voir quelques avancées grâce à la solidarité du monde agricole et les dossiers que l’on a défendu.

Comment appréhendez-vous l’audience à venir ?
C.M. :
Je vais au tribunal serein car nous n’avons attaqué personne, nous n’avons rien dégradé. Outre quelques noms d’oiseaux, nous n’avons rien fait d’inacceptables et les membres de ces associations ont pu se rassembler dans la salle. Lorsque des associations entrent sur des exploitations sans accord et les dégradent, elles sont rarement condamnées ou si elles le sont, elles ont du sursis. Il y a ici deux poids deux mesures et j’espère que la justice nous écoutera. J’espère également que le monde rural sera présent pour nous soutenir le 18 octobre car c’est l’ensemble de ces acteurs que nous représentons.

Cédric Munoz, président de la FDSEA à l’époque, actuel 3e vice-président

C.L., pour FDSEA et JA09