La Coopération Agricole a publié début juillet son étude de prospective économique mai 2020 – mai 2021 dans laquelle elle détaille les enjeux de la souveraineté alimentaire française.

Alors que le monde traverse une crise sanitaire sans précédent, la Coopération Agricole a soulevé les vulnérabilités du système de production français à travers une étude prospective économique et une analyse de la souveraineté alimentaire française.

Au sens large, la souveraineté alimentaire défini “la capacité de décider de l’orientation de son système alimentaire, qu’il soit aussi bien orienté vers une internalisation du processus de production et de consommation sur un territoire ou, à l’opposé, construit sur des chaînes d’approvisionnement internationales”.

Pour autant, en France, cette définition est cantonnée à “la capacité à satisfaire nos besoins par nous-mêmes” selon la Coopération Agricole. Une définition qui subit les contradictions de la société qui souhaite “manger local mais [refuse] d’avoir des champs ou des usines au bout de la rue”, selon les termes de Dominique Chargé, président de la Coopération Agricole.

Importation et exportation

Les données relevées par le sénateur Laurent Duplomb dans un rapport de la chambre haute pointent du doigt une croissance des importations de 123 % depuis 2000 contre une croissance des exportations de 75 %. Les produits transformés sont les plus importés en raison d’un manque de débouchés de transformation dans l’Hexagone.

En ce qui concerne l’exportation, ce sont principalement les vins et spiritueux, les céréales et les produits laitiers qui sont concernés. Le rapport de Laurent Duplomb souligne que “sans le vin et les spiritueux, la France aurait un déficit commercial agricole de plus de six milliards d’euros”.

Il s’inquiète d’ailleurs que la France constate son premier déficit agricole en 2023. La balance commerciale agricole et agro-alimentaire de la France était donc excédentaire de 6,9 milliards d’euros en 2018 tout en essuyant un déficit commercial de 72 milliards d’euros.

Dans son étude, la Coopération Agricole a analysé les données de production et d’importation de trois produits particulièrement consommés en France.

Farine, tomate et poulet

Le premier produit est la farine et en particulier la question de sa pénurie pendant le premier confinement. Selon les données recueillies par la Coopération Agricole, il n’y a pas réellement eu de pénurie de produits bruts. La problématique venait uniquement de sa mise en sachet d’un kilo. Les meuniers français commercialisent la farine principalement avec les professionnels tels que les boulangers et sont donc équipés pour fournir des “big bags” de 25kg à l’inverse d’autres pays européens qui eux ont des machines pour des paquets d’un kilo.

L’industrie des tomates a également été étudiée. Bien que 2.184 hectares de tomates soient produits en France, l’Hexagone importe ce fruit sous toutes ses formes : fraîche ou transformée. Enfin, le poulet se démarque quant à lui avec une importation des découpes mais une exportation des poulets entiers congelés.

Face à ces inquiétudes, la Coopération Agricole a proposé diverses pistes d’actions, des préconisations ainsi que des propositions pour restaurer la souveraineté alimentaire de la France.

Parmi celles-ci on retrouve la construction d’une marque France “plus forte”, l’établissement d’une “planification alimentaire nationale” ou encore le renforcement des capacités d’adaptation des métiers de l’amont agricole.

C.L.