Clément Rialland, jeune éleveur d’équins de 32 ans, explique les réalités de terrain de son métier avec une activité transhumante.

Les Jeunes Agriculteurs de l’Ariège poursuivent leurs actions en partant à la rencontre de leurs adhérents sur le terrain. Cette fin du mois de juillet marque la période idéale pour échanger avec un éleveur qui estive en Haute-Ariège.

Une activité particulière combinant gestion, passion, nature et sauvegarde d’une tradition ancestrale qu’est la transhumance. Lundi 26 juillet courant, Clément Rialland s’est libéré durant toute une journée pour faire découvrir son quotidien et son activité.

Éleveur mais pas que…

Ce jeune éleveur a repris le Gaec L’Ubac avec sa sœur est sa cousine depuis un an, une structure familiale déjà existante qui a permis à Clément de se reconvertir. En effet, ce jeune homme ne s’est pas orienté dans le domaine de l’agriculture dès son plus jeune âge. Il s’est tout d’abord construit une carrière d’électricien.

Après ma formation en électricité, j’ai travaillé pendant six mois en tant que salarié et pendant trois ans dans les travaux publics. Je gérais une petite agence de location de matériel agricole. Après, je me suis installé à mon compte en tant qu’artisan électricien, en auto-entrepreneur et j’y suis resté pendant sept ans”, explique Clément.

À la suite de ses dix ans d’expérience dans un autre domaine, il décide de passer son BPREA à Saint-Girons pour se professionnaliser dans la partie élevage. “J’ai obtenu mon BPREA pendant l’année 2019 et j’ai réalisé mes stages au sein de l’exploitation familiale que j’allais reprendre. C’était un Gaec avec quatre associés. Mes deux oncles en faisaient partie. Ma sœur a repris la place d’un de mes oncles et moi j’ai pris la place de l’autre. Ensemble, nous avons repris le flambeau”, décrit le jeune éleveur.

À ce jour, le Gaec est adhérent auprès de trois groupements pastoraux (GP) pour faire transhumer leurs chevaux : l’estive Rouze-Mijanes-Le Plat-Artigues, l’estive d’Ustou et l’estive Saint-Nary aux portes d’Aspet. Il dispose également de 200 hectares du côté d’Escosse et de 40 ha utilisés en zone intermédiaire et espace en herbe sur les communes d’Erp et Rivèrenert.

Les chevaux de trait

Actuellement, Clément dispose d’un cheptel de 90 chevaux de race Trait Comtois. “La particularité de cette race est qu’elle est lourde et donc idéale pour la boucherie. Ce sont des chevaux de trait reconnus comme appartenant à la plus grande race française sur lesquelles il est plus facile de se fournir pour trouver des étalons”, explique Clément.

Ces chevaux sont destinés à l’élevage, à la consommation de viande et au travail pour les champs. “L’activité de travail pour les chevaux se développe de plus en plus avec les maraîchers. Il y a même un formateur spécialisé qui m’a acheté quatre chevaux l’année dernière pour former les maraîchers à la pratique de l’agriculture d’autrefois. Il leur revend les chevaux à la fin de la formation”, expose Clément.

Une installation facilitée

Lors de son installation, Clément a participé au processus classique d’installation. Tout d’abord, entretien individuel auprès du point accueil installation, puis construction de son plan économique accompagné pendant le PPP et enfin validation de son stage 21h auprès de la chambre d’agriculture de l’Ariège, en même temps que son BPREA.

J’ai pu comparer cet accompagnement avec celui que j’ai eu en tant qu’artisan. La construction de mon projet en agriculture a été une belle expérience pour moi. J’ai été réellement soutenu par les différents dispositifs et formations mises en place pour m’installer. Ce qui a facilité mon installation est le fait que mon projet était déjà bien abouti. Il ne me restait plus qu’à valider les étapes à l’installation”, ajoute Clément.

Cette installation a permis au Gaec L’Ubac de se spécialiser en élevage équin ce qui n’était pas le cas dans le passé, où l’activité céréalière primait sur celle de l’élevage.

Nous avons modifié le système d’exploitation du Gaec et nous nous sommes spécialisés en élevage. Pour la partie vente des chevaux, nous faisons appel à un maquignon. Ce n’est pas non plus une solution parfaite mais cela nous fait gagner du temps à ne pas chercher à vendre mes chevaux. Nous avons en parallèle développé la vente directe et le circuit court depuis cette année. Cette expérience revalorise mon travail et j’espère continuer à l’améliorer”, explique Clément.

Un éleveur investi : association, syndicat et famille

Clément Rialland souhaite participer à la construction de la filière équine. Il s’investit dans différentes associations et organismes pour essayer de faire bouger les lignes.

Je m’investis nouvellement dans l’association des chevaux de trait, je représente la partie élevage. Ce milieu associatif permet collectivement de faire remonter les informations et peut-être à terme de changer les choses. Il est encore possible de structurer le marché du cheval. Je trouve dérangeant de nos jours, en tant qu’éleveur, de ne pas pouvoir négocier nos propres prix et de dépendre de grossistes qui ne valorisent pas notre travail. Savoir structurer notre filière et vendre nos produits est essentiel pour l’avenir de notre métier”, ajoute le jeune éleveur.

L’organisation au sein du Gaec permet non seulement un partage des tâches mais il donne également l’occasion aux associés de s’investir au sein de différentes structures.

Ma sœur participe aux réunions du GDS, moi je suis au syndicat JA. Nous tenons a être informés et devenir acteurs de notre activité. J’ai un métier qui se rapproche de mes convictions, de mes valeurs tout en gardant du temps pour ma famille et moi. L’activité agricole gérée en Gaec donne l’opportunité de réaliser tout cela”, termine le jeune éleveur.

Mélina Gimenez – JA 09