Dans la famille des “prédateurs”, il y a l’ours et le loup mais aussi le vautour. En effet, cet habituel charognard est un prédateur occasionnel et il s’attaque à de plus en plus d’animaux d’élevage.
Le vautour est une espèce protégée. Présent principalement en montagne, il a longtemps été nourri par les charniers espagnols. Au fil des années, en l’absence de régulation il a vu sa population croître.
Désormais, les charniers n’étant plus ravitaillés, ces rapaces se tournent vers le vivant. En estive, certains animaux se voient attaqués lorsqu’ils sont en mauvaise posture. Cependant, le vautour ne se contente pas de l’altitude. Peu à peu, son ombre plane sur les plaines ariégeoises.
Cette évolution dans son comportement n’est pas nouvelle. En effet, elle a été observée dans de nombreux pays, en particulier en Afrique, lorsque les populations sont trop importantes.
Attiré par le sang et les proies faciles, le vautour profite de la vulnérabilité de certains animaux pour les attaquer et les tuer. Qu’elles soient malades ou en pleine mise bas, elles sont des proies faciles pour ces prédateurs.
Un arrêté cassé
Pour rappel, en 2014, la préfecture avait pris un arrêté autorisant les tirs d’effarouchement sur les vautours à titre expérimental pour une période d’un an. À l’époque, la population était déjà conséquente et les attaques commençaient en Basse Ariège sur des troupeaux.
Ce dispositif, vu comme efficace à court terme par les éleveurs était plébiscité par ces derniers. Cependant, après trois ans d’existence, le tribunal administratif de Toulouse a décidé d’annuler cet arrêté en mai 2017.
Une décision regrettée par les agriculteurs ariégeois qui aujourd’hui font toujours face aux rapaces et de plus en plus en plaine.
Des attaques fréquentes
“L’une de mes vaches a vêlé le samedi 4 juillet au matin dans la prairie. Avant de nous rendre à la journée pyrénéenne pour les libertés nous sommes allés la voir. Elle allait bien et son veau la tétait. Puis, en rentrant sur notre exploitation de Gajan, près de Saint-Girons, nous avons retrouvé notre vache avec les yeux crevés et dévorée sur tout l’arrière de son corps, explique Michel Morère. Le veau lui était indemne mais sans mère pour se nourrir, nous l’avons perdu dans les jours qui ont suivi.”
Au total, l’éleveur et ses associés ont compté 40 vautours autour de la bête à leur arrivée. “Rendez-vous compte, autant de rapaces dans les côteaux, ce n’est pas normal surtout à cette période de l’année. Ils devraient être en montagne,” scande l’éleveur.
Immédiatement, Michel Morère a pris des photos et des vidéos des rapaces qui s’envolaient mais aussi de sa bête dévorée. Il a par la suite contacté le numéro d’astreinte de la DDT. Il leur a expliqué sa situation et leur a fourni les preuves demandées. Des agents de l’office français de la biodiversité devaient se rendre sur les lieux pour une expertise. Occupés avec une prédation d’ours, ils ont contacté l’éleveur par téléphone pour avoir son témoignage. “Heureusement que j’ai fait des photos pour preuve. Les agents étaient étonnés du nombre de charognards présents surtout dans ce territoire,” ajoute Michel Morère.
Déclarer et garder des preuves
Ces attaques ne cessent d’augmenter pour autant, toutes ne sont pas répertoriées ou déclarées. Pour pallier à ce problème, les syndicats FDSEA et JA 09 proposent aux éleveurs concernés par ce sujet de les contacter. Ensemble, ils ont pour objectif de créer un dossier complet afin de le présenter à la préfecture.
“Nos principales demandes seront de remettre en place l’effarouchement des vautours par les éleveurs mais aussi de mettre en place un barème d’indemnisation pour les animaux attaqués, développe Sophie Alzieu, en charge du dossier prédation à la FDSEA. Comme les victimes ne sont pas indemnisées, elles se disent que c’est inutile de déclarer les attaques mais au contraire, nous avons besoin de toutes les connaître pour faire évoluer la position de l’État.”
Michel Morère en est sûr, rien n’est fait, ce sera pire d’ici cinq à six ans. “Le problème va s’amplifier. Maintenant ils viennent nous voir hors période d’estives, ce sera quoi après ? Nous devrons garder nos bêtes enfermées ? Ce n’est pas l’objectif. Il faudrait commencer par les compter pour que l’État se rende compte de leur nombre et après réfléchir à les réguler,” a conclu l’éleveur.
C.L.
Comment réagir ?
En cas d’attaque :
Prenez des photos des vautours pour voir leur nombre mais aussi de la bête.
Contactez la DDT mais aussi les syndicats majoritaires pour qu’ils référencent toutes les attaques.
Contacts :
FDSEA : 06 75 60 68 30 ou fdsea09@reseaufnsea.fr
JA 09 : 06 70 00 71 98 ou jeunesagriculteurs09@gmail.com