Le conseil d’État a déclaré que des effarouchements renforcés proposés dans le cadre de la feuille de route ours et pastoralisme étaient illégaux. Une décision regrettée par les élus ariégeois.

Le conseil d’État a annulé le 4 février dernier les dispositions relatives à l’effarouchement renforcé des ours incluses dans la feuille de route ours et pastoralisme publiée en juin 2019.

Pour rappel, le dispositif d’effarouchement renforcé consiste à repousser les ursidés à l’aide d’un tir non létal si celui-ci ne s’éloigne pas après la mise en pratique du dispositif d’effarouchement du premier niveau (nuisance sonore et visuelle).

Une décision qui agace

Cette décision a été influencée par la sollicitation des associations environnementalistes. En effet, elles ont décrété que les opérations d’effarouchement renforcé risquaient de “nuire au maintien des populations concernées dans leur aire de répartition naturelle.

Un argument qui agace particulièrement les élus et éleveurs des territoires concernés. “Cet argument n’est pas fondé, quand on voit les chiffres de la population ursine dans le massif des Pyrénées et à quel point elle augmente à vitesse grand V, je ne suis pas sûre qu’ils soient si perturbés que ça, étaye Sophie Alzieu, référente du dossier ours à la FDSEA. De plus, l’effarouchement renforcé n’a été que très peu utilisé depuis sa mise en place. Comment peuvent-ils justifier un tel argument ?

Les élus du territoire sont unanimes, c’est un grand pas en arrière. “Ici, c’est la justice qui a pris une décision, même pas le ministère. Nous avons la sensation que l’ours est un enfant roi, on doit le laisser faire tout ce qu’il veut et laisser nos troupeaux crever sans protection. En fait, nous sommes voués à subir la décision du Gouvernement qui a été de réintroduire des ours il y a des dizaines d’années,” s’insurge Alain Servat, président de la fédération pastorale de l’Ariège.

Un événement pas si marquant

Pourtant en juillet, les agents de l’office nationale de la biodiversité (OFB) ont connu une nuit particulièrement difficile. À la mi-juillet, une bergère s’est retrouvée en danger sur l’estive du Col d’Escots, sur le groupement pastoral d’Ustou.

Elle a, si on peut le dire, fait une rencontre rapprochée avec une ours et ses petits, une scène choquante qui a été accentuée par la difficulté des agents de l’OFB à repousser plusieurs ursidés la même nuit.

Si l’État continue à prendre de telles décisions malgré ce qu’il s’est passé cet été, le pastoralisme sera voué à disparaître, l’État tue peu à peu le pastoralisme et semble vouloir favoriser le bien-être d’un ours à la vie d’un être humain, c’est effarant,” atteste Sylvain Denjean, référent du dossier ours aux JA09.

La seule consolation des élus et éleveurs locaux est le maintien du premier niveau d’effarouchement, pour le moment. Il est cependant, important de rappeler, selon eux, la nécessité de réaliser une demande d’effarouchement en préfecture en cas d’attaques répétées.

Trouver le positif

En effet, à termes, le risque est qu’en l’absence de demandes de la part des éleveurs ce soit tout le système d’effarouchement qui soit supprimé par l’État.

Les élus tendent tout de même à trouver un peu d’optimisme dans cette décision : les associations et le conseil d’État ne trouvaient pas cela normal que les agriculteurs et les bergers puissent effectuer eux même l’effarouchement au second niveau après avoir suivi une formation.

Ainsi, une révision de cet aspect du décret sera peut-être réalisée afin d’imputer la totalité de ces actions aux agents de l’OFB. Une volonté des élus locaux.

Suite à cette décision du conseil d’État, l’agence France presse (AFP) a contacté le ministère de l’Environnement et de la Transition énergétique, instigateurs de cet arrêté et de la feuille de route ours pastoralisme, afin d’avoir une réaction. Ce dernier n’a pas souhaité donner suite à cette demande ni réagir.

C.L.