Suite à son élection en tant que sénateur le 27 septembre dernier, Terres d’Ariège est allé à la rencontre de Jean-Jacques Michau pour avoir sa vision de l’agriculture aujourd’hui.

Récemment élu sénateur de l’Ariège, vous sentez-vous proche du monde rural ?

Jean-Jacques Michau : Je suis né en Ariège et j’ai toujours été impliqué dans la vie de mon département. J’ai été maire de Moulin-Neuf, président de la communauté de commune du pays de Mirepoix et président du pôle d’équilibre des territoires ruraux. À travers ces divers mandats, chaque jour, j’ai défendu la ruralité et le monde agricole en mettant diverses opérations en place ou en les encourageants. Mon objectif est de montrer que la ruralité peut être moderne et vivante et que les départements comme le notre n’est pas un territoire interstitiel mais qu’il y régit une vie à part entière qui fera l’avenir de notre pays. Du fait de mon élection en tant que sénateur, je siège également à la commission des affaires économiques dont l’agriculture est une composante. C’était une volonté réelle de faire partie de cette commission pour avoir mon mot à dire sur la ruralité et l’agriculture. Je suis aussi secrétaire de la délégation à la prospective au sein de laquelle je compte proposer une thématique sur l’avenir du monde rural.

Vous êtes l’unique représentant de notre département rural face, entre autres, à 11 représentants pour des départements plus urbains comme le Nord, comment comptez vous tirer votre épingle du jeu ?

J-J.M. : En faisant entendre ma voix tout simplement. Si les représentants du monde rural ne se bougent pas pour défendre leur territoire, ce ne sont pas les autres qui le feront à leur place. À ce propos, je devais normalement faire ma première intervention au Sénat le mercredi 21 octobre et m’adresser au ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation sur le sujet de la loi foncière promise avant le début du quinquennat. Les récents événements de Conflans-Sainte-Honorine ont repoussé la séance mais je compte bien poser ma question au ministre à la prochaine. Les terres foncières sont indispensables au développement de l’agriculture dans notre pays. Et il est important d’accompagner au mieux les jeunes qui souhaitent s’installer, en particulier hors cadre familial. C’est le moment de faire les bons choix pour notre pays et le bon choix à faire aujourd’hui, c’est d’avoir un territoire qui nourrit ses habitants.

Comment pensez-vous que l’État peut aider les agriculteurs en ce sens ?

J-J.M. : Il est important d’accompagner le monde agricole dans la diversité pour la survie de leurs exploitations. Au cours de ma campagne électorale j’ai rencontré tous les maires de l’Ariège et beaucoup de leurs élus, j’ai été fort surpris de voir le nombre d’élus venant du monde agricole. Ils ont une vision de leur travail et un dynamisme incroyable. Ils ont la volonté de vivre de leur métier et il faut les accompagner. En particulier en développant les circuits courts mais aussi en encourageant les céréaliers qui même en conventionnel ont une agriculture de plus en plus vertueuse. C’est important de reconnaître ces évolutions et il faut que l’État s’en rende compte. À plus petite échelle, il est important que les communautés de communes s’engagent pour aider et accompagner les installations en travaillant main dans la main avec les professionnels. Ils parviennent à s’engager pour de nouvelles entreprises économiques alors pourquoi pas investir dans l’agriculture ? C’est d’ailleurs ce qui a été fait à Dun où la commune a acquis des terres foncières et les a mises à disposition des agriculteurs. En Ariège, nous avons un manque de productions de volailles et maraîchères, il faut que les élus du territoire en prennent conscience et aident au développement de ces filières dans le département.

Vous semblez informé des dossiers brûlants en ce qui concerne l’agriculture, y en a-t-il d’autres qui vous tiennent particulièrement à cœur ?

J-J.M. : Je sais que la Pac est au cœur des négociations en ce moment. Je ne suis pas un spécialiste sur le sujet mais j’essaye de rester informé de l’évolution de ce dossier. Je suis beaucoup le travail d’Éric Andrieu, député européen spécialisé sur le sujet et j’ai confiance en ses positions. Le référendum d’initiative populaire pour les animaux est également au cœur des tensions. Pour ma part, je n’ai pas signé et je ne signerai pas ce document. Bien que certaines propositions méritent réflexion, la globalité de la proposition n’aiderait pas la ruralité telle que je la conçois. C’est intéressant d’avoir la participation des citoyens dans les choses que nous avons à voter mais dans ce cas précis, je ne suis pas pour les propositions faites. En tant qu’élu du pays de Mirepoix, je milite également pour le remplissage du lac de Montbel. Une fois toutes les analyses faites en ce qui concerne le Touyre, je serait favorable à la réalimentation du lac par la rivière bien entendu. L’Ariège est un château d’eau, l’eau y est fondamentale et il ne faut pas la gaspiller. Les agriculteurs savent comment l’utiliser à bon escient alors pourquoi ne pas assurer une plus grande quantité d’eau en réserve à l’approche de l’été. De façon générale, je soutiens tous les types d’agriculture, je suis contre l’agribashing. Mais surtout en tant qu’Ariégeois, je suis en faveur du pastoralisme et des éleveurs qui font vivre nos montagnes. Ce n’est pas pour rien que j’étais présent le 4 juillet dernier à l’étang de Lers pour la journée pour les libertés, et ce avant même d’être candidat pour le Sénat. Avant d’être sénateur je m’appuyais déjà sur la chambre d’agriculture et les syndicats majoritaires pour ce qui était rattaché de près ou de loin à l’agriculture. Je continuerai de le faire pour défendre les spécificités de notre territoire à Paris.

Propos recueillis par C.L.