La direction départementale des territoires a publié le 3 novembre le bilan décadaire des dossiers de dommages de grands prédateurs qui clôture les dossiers de prédation pour l’année 2021. Analyse de ces chiffres.

Chaque année, la direction départementale des territoires (DDT) informe la profession de l’évolution des déclarations de dommages imputés à l’ours par le biais de bilans décadaires.

L’objectif de ce document est de suivre l’évolution des attaques de l’année en comparaison avec les années précédentes à dates fixes.

Pour l’année 2021, la DDT a enregistré 377 dossiers de dommage dans le département contre 547 l’an passé (voir schéma et tableau ci-dessous). Au total, cela représente 625 ovins, 16 bovins, 17 équins et 1 autre animal non catégorisé soit 659 bêtes contre 873 l’an passé.

Certes, les chiffres sont moins importants mais en proportion, cela représente 1,75 bête par dossier en 2021 contre 1,60 en 2020. Ainsi, les attaques sont peut-être moins nombreuses mais elles ont été plus dévastatrices.

Plus en détail

Parmi les 377 dossiers recensés par l’office français de la biodiversité (OFB), 341 d’entre eux sont qualifiés d’indemnisables dont 275 pour lesquels l’ours n’est pas écarté et 66 où l’ours est possiblement à l’origine de l’attaque. Ainsi, pour 36 dossiers l’ours a été écarté.

Source : DDT Ariège

La baisse du nombre de bêtes mortes à cause de l’ours est principalement due au faible nombre de dérochements cette année en comparaison à l’année 2020. Pour autant, les éleveurs restent inquiets, en particulier en raison du changement de comportement des ours.

En effet, cette année, un ours a attaqué un berger pour la première fois. Une situation unique depuis la réintroduction des ours. L’an dernier déjà, un ours n’avait pas été effrayé par l’effarouchement effectué par les agents de l’OFB.

Ariégeois plus touchés

Les éleveurs sont unanimes à ce sujet : les ours n’ont plus peur des Hommes. De plus, ils s’adaptent. Cet été, à Sentein, un ours est entré dans un parc électrifié pour attaquer des brebis.

À l’échelle des Pyrénées, les constats de dommage ariégeois représentent 79 % des dommages du massif (voir tableau ci-dessous). En effet, selon des données du site Info-ours récoltées le 8 novembre, 398 constats de dommage ont été recensés en Ariège, en comptant les visites complémentaires effectuées par l’OFB, contre 107 dans l’ensemble des autres départements.

Source : Info-ours

Certains départements tels que les Pyrénées-Atlantiques et l’Aude ont eu moins de dix constats de dommage. Onze bordereaux ont été recensés dans les Pyrénées-Orientales mais aucun d’entre eux n’était relatif à un constat de dommage.

Parmi les 398 constats ariégeois, 275 ont été avérés vrais soit 69 % des constats du département et 54 % de ceux du massif. À ce jour, 31 dossiers sont encore en cours d’expertise, 34 sont faux et la mortalité a été qualifiée d’indéterminée pour 58 d’entre eux.

Ces données confirment les propos des exploitants ariégeois selon lesquels 80 % des ours présents sur le territoire français sont installés en Ariège.

De plus en plus de territoires sont abandonnés en très haute montagne car la conditionnalité ne peut pas y être appliquée. Ainsi, les zones de basse estive sont très bien entretenues voire quelques fois surpâturés.

Une inquiétude permanente

Les éleveurs s’inquiètent également en raison des regroupements nocturnes. La concentration des bêtes au même endroit de manière récurrente cause en premier lieu une érosion des sols mais également des problèmes sanitaires, pour les brebis en particulier qui sont plus facilement malades.

La fédération pastorale est aussi préoccupée par le nombre de brebis manquantes. Rien qu’à Ustou, 80 brebis manquaient fin octobre alors que tous les recensements n’étaient pas réalisés. Face à ces absences nombreuses, la fédération pastorale a décidé d’approfondir ses questionnaires de fin de saison d’estive.

Cette question est particulièrement importante si l’on prend en considération la directive publiée en juin à ce sujet qui stipule que les brebis manquantes des estives ne pouvant pas être protégées ne seraient pas indemnisées.

Ainsi, les chiffres de la prédation ayant baissé pour l’année 2021, les éleveurs ariégeois n’en sont pas moins préoccupés.

C.L. pour FDSEA et JA09