Deux systèmes d’évaluation de produits alimentaires ont récemment été remis en cause par le monde agricole : l’analyse du cycle de vie et le nutri-score.

Ces dernières années, de nombreux indicateurs de qualité des produits ont émergé afin de répondre aux attentes sociétales mais aussi aux demandes internationales, européennes et Française.

Parmi ces indicateurs, le plus connu est bien entendu le nutri-score. Mis en place depuis 2017, il apparait sur de plus en plus de produits alimentaires commercialisés en grandes et moyennes surfaces.

Bien que son mode de fonctionnement ait été étudié pendant plusieurs années, il présente encore des failles aux yeux du monde agricole.

Sauver les produits du terroir

En effet, mi-mai, l’Irqualim, l’institut régional de la qualité alimentaire d’Occitanie, a publié un communiqué de presse dans lequel il soulève les failles du nutri-score.

L’institut prend l’exemple d’un fromage à tartiner allégé qui aura un nutri-score B alors qu’un Roquefort AOP sera évalué D voire E.

Les modes d’élaboration des produits sous SIQO (signes d’identification de qualité et d’origine, ndlr) sont codifiés dans des cahiers des charges qui font que leurs recettes sont immuables et ne peuvent être modifiées sans rompre le lien au territoire ou changer la nature même du produit”, souligne Jean-Louis Cazaubon, président de l’Irqualim.

De plus, il s’avère que les produits évalués D et E risquent de ne plus pouvoir faire l’objet de publicités. “C’est une menace pour nos territoires qui seront touchés par l’absence de dynamique commerciale et par le désintérêt que leur porteront les distributeurs et les consommateurs au final,” développe Jacques Gravegeal, vice-président de l’Irqualim.

L’Occitanie compte actuellement 247 produits sous SIQO. Ainsi, l’institut demande à ce que ces produits agricoles ne soient pas soumis à ce nutri-score ou encore que le mode d’évaluation soit intégralement revu afin de ne pas mettre en péril l’économie agricole du territoire.

Cependant, le monde agricole rencontre une autre difficulté cette fois-ci défendue par Interbev.

Reconnaître les services rendus

Une seconde méthode d’analyse des produits existe également à l’échelle internationale : l’analyse du cycle de vie (ACV). Elle consiste à évaluer chaque produit selon 16 indicateurs environnementaux parmi lesquels l’on retrouve : le changement climatique, les particules fines, l’usage des terres, l’acidification ou encore la toxicité humaine cancérigène.

Cependant, cette méthode d’analyse a encore des limites que les pouvoirs publics souhaitent effacer. En effet, une démarche d’expérimentation a récemment été initiée afin d’améliorer l’Agribalyse et l’ACV.

Source : Agribalyse

Une expérimentation à laquelle Interbev participe. Selon l’interprofession, cette méthode d’analyse a “initialement été élaborée pour l’industrie” et “s’applique difficilement pour les produits issus du vivant”. “Si l’on suit ce système de notation, il s’avère qu’une viande issue d’un élevage industriel américain type feedlot serait mieux notée d’un point de vue environnemental qu’une viande Bio ou issue d’une production herbagère en France”, précise un communiqué.

Pour remédier à ce problème, Interbev propose d’ajouter au moins cinq indicateurs environnementaux à l’ACV : le stockage de carbone, le moindre recours aux pesticides, la préservation de la biodiversité, l’entretien des paysages ou encore la préservation de la qualité des sols et des ressources en eau.

Des améliorations qui, selon une étude Elabe pour Interbev réalisée en ligne les 23 et 24 février dernier, répondent aux demandes sociétales françaises. Ainsi, le monde agricole devra défendre son mode de production face à ces critères d’évaluation le mettant en péril.

C.L.