La FDSEA et les JA09 ont accueilli les élus de la fédération nationale bovine pour faire un point sur le développement de la filière dans le département et apporter diverses informations aux éleveurs.
L’élevage bovin représente une grande majorité du panorama agricole de l’Ariège. En effet, en 2019,
1.090 exploitants du département étaient détenteurs de bovins dont 700 qui en possédaient plus de dix. Parmi les
39.700 vaches du territoire, 88 % d’entre elles étaient allaitantes en 2019.
Une omniprésence de la filière qui a amené la fédération nationale bovine (FNB) à organiser l’une de ses réunions régionales dans notre département le 1e avril dernier. Composée en quatre temps, cette journée organisée par la FNB, les Jeunes Agriculteurs de l’Ariège et la FDSEA a rassemblé près d’une quarantaine d’éleveurs du département ou des départements voisins.
Une matinée enrichissante
À l’occasion de cette journée thématique, Bruno Dufayet, président de la FNB et Olivier Boulat, secrétaire général de la FNB et président de la FRB Occitanie, ont fait le déplacement en Ariège. Cette dernière a démarré avec une réunion dans les locaux de la chambre d’agriculture de l’Ariège où diverses thématiques prenantes ont été abordées.

En premier lieu, Nicolas Delmas, élu à la chambre d’agriculture en charge de l’élevage, et Ludovic Dedieu, responsable de l’agence Pyrénées de la chambre consulaire, ont présenté les chiffres de l’élevage dans le département mais également ses particularités.
Puis, Agnès Ferrand, présidente du GDS09, est intervenue pour aborder la question du sanitaire en Ariège. En effet, le département rencontre diverses problématiques en particulier avec l’IBR – 13 % des vaches ariégeoises étaient positives en 2020 – la BVD qui touchait 3,5 % du cheptel ariégeois la même année, et la besnoitiose pour laquelle il est difficile à ce jour d’avoir des chiffres concrets mais qui touche de plus en plus d’élevages dans l’Hexagone.
Reconnaissance de prédation
Sophie Alzieu, secrétaire générale adjointe de la FDSEA, est intervenue sur le sujet de la prédation. “Bien que je ne sois pas éleveuse de bovins mais d’ovins, je suis de près le dossier. Et il s’avère qu’il est aujourd’hui très difficile de faire indemniser les bovins en cas d’attaque d’ours. Aucune mesure de protection des troupeaux de vache n’est prévue par l’État. Cependant, sur des estives où les brebis se font de plus en plus rares, les ours vont s’attaquer aux bovins, ils ne vont pas devenir végétariens du jour au lendemain,” étaye l’éleveuse.
Une problématique affirmée par Olivier Boulat : “Le même problème se pose avec les attaques de loup. Les services de l’État demandent à ce qu’une expertise soit réalisée au niveau du cou des animaux, car c’est souvent à cet endroit que les brebis sont attaquées. Pour autant, en ce qui concerne les bovins, des morsures peuvent être observées sur les pattes, les flans ou encore la queue. Nous nous battons pour que cette différence soit reconnue et pour que les éleveurs soient donc indemnisés au même titre que pour les brebis.”

Clémence Biard, présidente des JA 09, est ensuite intervenue sur le sujet de la future Pac 2023. Elle a évoqué la simulation faite par la chambre d’agriculture dans l’éventualité où les projets du Gouvernement quant à la rédaction du PSN venaient à se concrétiser. “Les revenus des éleveurs bovins, déjà impactés depuis des années, risquent de devenir inexistants et c’est une réelle problématique contre laquelle nous devons nous battre.”
Les élus de la FNB ont confirmé ces propos tout en ajoutant que “même si un rééquilibrage a été fait en 2015 dans l’attribution des aides, ce dernier n’était pas suffisant, bien au contraire.”
Enfin, pour clôturer la présentation du territoire, Jason Lacube, co-président du syndicat Gascon 09, est intervenu pour parler du mode d’élevage ariégeois. En effet, la taille moyenne des troupeaux de vache allaitantes est de 49 vaches par cheptel. De par sa physionomie, l’Ariège est un territoire où l’élevage est presque exclusivement extensif. Il répond aux attentes de la société mais il n’est pas reconnu par l’État.
Informations scandaleuses
Bruno Dufayet est ensuite intervenu pour faire le panorama de l’élevage bovin dans l’Hexagone. L’année 2020 a été tout à fait particulière pour tous les français. Cependant, la situation du marché a été en partie favorable à l’élevage bovin. En effet, les ventes de viande bovine française ont progressé de 1,1 %. L’export de broutards et de jeunes bovins vers l’Italie a également augmenté de 1 %.
“Ces chiffres devraient être rassurants pour les éleveurs mais dans le même temps, le prix payé aux producteurs a baissé de 3 % sur toute la voie mâle avec un écart d’environ 1 € au kilogramme entre le prix payé au producteur et l’indicateur interprofessionnel de coût de production, argumente le président. Le revenu moyen des éleveurs de bovins viande était de 8.000 € à l’année en 2020, soit une baisse de 30 % en trois ans. Et ce ne sont pas la loi EGAlim qui les aidera puisque leur juste rémunération n’est pas imposée mais suggérée.”

En apprenant la hausse des exports vers l’Italie, les éleveurs présents se sont interrogés sur la baisse du prix de vente des broutards ou des jeunes bovins dans ce cadre. Face à cette interrogation, Bruno Dufayet a souhaité faire un point précis sur cette question.
Selon lui, l’Italie est dépendante de la France quant à l’importation de broutards. “L’Irlande a tourné sa production vers la filière laitière et la Pologne met en place des ateliers d’engraissement sur son territoire, ils étaient les deux autres principaux exportateurs vers l’Italie avec la France. Ainsi, le pays a besoin de nos broutards, développe-t-il. Cependant, cinq opérateurs occupent la majorité du marché de l’export. Sur chaque animal vendu, ils ont une rémunération fixe, souvent établie à 35 € par animal. Ainsi, peut importe le prix de vente du broutard, le montant obtenu par l’opérateur restera le même. Dans le but d’obtenir le plus de marchés, ils baissent les prix des bêtes. Les éleveurs naisseurs sont donc directement impactés par ces baisses et elles se font ressentir dans la trésorerie de l’exploitation.”
Une information qui a scandalisé les éleveurs présents. Et une question a subsisté “Pourquoi ne change-t-on pas les choses ?”. À cela, Olivier Boulat a répondu que “une fois encore s’il n’y a pas de loi pour cadrer ces transactions, rien ne peut être imposé. Mais désormais vous êtes au courant et vous pourrez essayer d’agir à votre échelle auprès de vos opérateurs.”
Une exploitation type
Cette journée s’est poursuivie par un repas local – composé de charcuteries du Gaec du Vignoble, de viande des Steakeurs, de vin des coteaux d’Engraviès et de fromage du Gaec d’Arpos – distribué à Ganac, au Gaec du château, sur l’exploitation de la famille Lagarde, installée depuis des années en Ariège avec un troupeau de vaches Gasconnes des Pyrénées.
Après le repas, les élus présents ont présenté les enjeux de l’élevage de bovins viande à la presse et répondu à leurs questions. En parallèle, les éleveurs venus assister à cette journée ont visité l’exploitation sur laquelle le repas leur a été proposé.

Puis, afin de conclure cette journée dédiée à l’élevage, tous se sont rendus sur l’estive du Prat d’Albis pour accentuer l’aspect extensif des méthodes de production ariégeoises.
Les syndicats FDSEA et JA09 tiennent à remercier Olivier Boulat et Bruno Dufayet d’avoir pensé à l’Ariège dans le cadre de leur tournée régionale et d’être venus présenter les enjeux de demain en termes d’élevage de vaches allaitantes.
FDSEA et JA09