La FDSEA et le syndicat Jeunes Agriculteurs de l’Ariège restent mobilisés pour se faire entendre.

Le mercredi 8 décembre courant marque un temps fort pour les syndicats majoritaires qui se sont mobilisés de l’échelle départementale et régionale. En effet, les réseaux syndicaux ont tapé fort pour rendre compte des difficultés toujours oppressantes pour le monde agricole.

Les revendications sont claires : exonération Tode pour les personnels saisonniers, dérogation argile, zones de non-traitement, caractérisation des points d’eau, pression de différentes associations environnementalistes sur les zones Natura 2000 ainsi que la prédation de l’ours sont des sujets qui ravivent l’âme du syndicalisme et font bouger les foules sous une météo hivernale et pluvieuse.

Un premier temps fort à Montauban

Une manifestation régionale était annoncée pour rassembler les 13 départements de la région Occitanie et porter d’une voix les revendications des deux syndicats. Plusieurs départements ont répondu présent avec plus de 500 manifestants et 300 tracteurs sur les ronds-points de la ville, mais également rassemblés devant la préfecture en début d’après-midi. Ils se sont réunis pour défendre leur liberté d’exercer leur métier d’agriculteur face aux associations environnementalistes qui les persécutent.

Les responsables syndicaux ont rencontré, Chantal Mauchet, ancienne préfète de l’Ariège, et Florent Guhl, directeur de la Draaf Occitanie pendant un entretien de trois heures retraçant toutes les revendications d’un réseau qui monte en pression dans les campagnes.

L’Ariège était bien présente à cette entrevue pour bien mettre en avant le professionnalisme des agriculteurs, pour remettre l’agronomie au premier plan de toutes les mesures règlementaires, en particulier pour la dérogation “argile” dans les zones coteaux. En parallèle, les manifestants ont exprimé leur mécontentement par le dépôt de fumier, de paille, de bois et d’autres matériaux devant les grilles de l’établissement d’État.

L’Ariège réagit par des feux de détresse

Dans la même lancée, la FDSEA et les JA09 ont emboîté le pas et organisé trois points de mobilisation dans le département. À Pamiers, les agriculteurs étaient une trentaine au rendez-vous sur le rond-point de la sortie de la D119. Une dizaine de tracteurs et bennes de fumiers ont pris possession des lieux.

À Saint-Girons, ils étaient une cinquantaine puis sur Laroque-d’Olmes, une quinzaine. Les feux de détresse se sont embrasés à l’unisson, soulignant les conditions désastreuses d’un monde agricole en détresse pour cette fin d’année 2021. Un choix d’orientation de l’État est nécessaire entre les agriculteurs qui sont en train de se décourager, de perdre la passion de leur métier et une poignée d’environnementalistes regroupés en associations.

ZNT : un travail syndical de longue haleine remis en question

La question des zones de non-traitement (ZNT) est un dossier conséquent porté par les syndicats depuis plus de cinq ans. Celui-ci est remis sur la table par les associations environnementalistes qui contraignent la FDSEA et les JA09 à réagir. Il est important de retenir que ce dossier se compose de deux sujets distincts : les ZNT riverains et les ZNT cours d’eau.

• ZNT riverains : une nouvelle consultation publique arrive à grands pas. Elle remet en question un travail assidu porté par les syndicats majoritaires qui, pour le moment, reste inchangé, mais qui va devoir évoluer dans les six prochains mois. À ce jour, cette charte de bon voisinage reste en vigueur avec un traitement à trois mètres en utilisant des buses anti-dérive. Malgré cette contrainte, les agriculteurs maintiennent ces zones non-traitées en état et continuent d’entretenir des espaces viables avec d’autres moyens comme le broyage, à leurs frais et sans aucune compensation financière.

• ZNT cours d’eau : la préfecture a publié le 9 novembre un nouvel arrêté concernant les règles à suivre sur les zones de non-traitement à proximité des cours d’eau. Depuis plus de cinq ans, les syndicats majoritaires travaillent avec la direction départementale des territoires (DDT) de l’Ariège pour établir une cartographie des cours d’eau afin de répondre aux demandes législatives de traitement à proximité de ces derniers. Il est important de noter que cette action en Ariège est une avancée conséquente par rapport à d’autres départements qui ne sont pas au même stade d’analyse des cours d’eau et dont les distances de non-traitement sont toujours basées sur des cartes IGN.

Plusieurs associations environnementalistes ont attaqués les arrêtés de divers départements car tous les types de points d’eau n’y étaient pas inclus. Cette omission a été reconnue comme une régression environnementale par le tribunal administratif qui a, par conséquent, cassé les arrêtés et demandé aux préfets d’en publier un nouveau. C’est un dossier très complexe. Les élus syndicaux et les services de l’État en Ariège travaillent ensemble pour établir une documentation claire des nouvelles réglementations. Plusieurs articles sont prévus en janvier 2022 dans le journal agricole Terres d’Ariège afin de communiquer au mieux auprès des agriculteurs du département sur le sujet.

Prédation : une hausse des attaques et un danger pour les hommes

La DDT a publié le 3 novembre le bilan décadaire des dossiers de dommages de grands prédateurs qui clôture les dossiers de prédation pour l’année 2021. La DDT a enregistré 377 dossiers de dommages dans le département contre 547 l’an passé.

Au total, cela représente 625 ovins, 16 bovins, 17 équins et un autre animal non catégorisé soit 659 bêtes contre 873 l’an passé. Les attaques sont peut-être moins nombreuses, mais elles ont été plus dévastatrices. Les éleveurs restent inquiets, en particulier en raison du changement de comportement des ours.

En effet, cette année, un ours a attaqué un berger pour la première fois, un chasseur également a été victime d’une attaque suite à laquelle l’ourse a été tuée en légitime défense. Des situations uniques depuis la réintroduction des ours qui poussent les syndicats à agir et se structurer comme par exemple avec la mise en place du Parlement avenir montagne 09.

M. Gimenez JA09