Face à l’épisode de gel qui a traversé l’Hexagone ces dernières semaines, des mesures ont été prises à toutes les échelles : nationale, régionale ou encore départementale.
Début avril, la France a traversé un épisode de gel considérable. Un aléa climatique qui arrive au moment où les bourgeons des vignes et des arbres fruitiers venaient ou étaient sur le point d’éclore.
Des photographies marquantes de feux au milieu des rangs de vignes ont fait le tour des réseaux sociaux jusqu’à toucher la presse nationale. Une situation qui a particulièrement mis à mal les filières viticoles et arboricoles pour lesquelles une bonne partie des récoltes est menacée, voire d’ores et déjà perdue.
Une forte réactivité
Face à l’urgence, les syndicats majoritaire, FNSEA et Jeunes Agriculteurs, ont demandé à l’État de “répondre à l’urgence et apporter des solutions durables” comme le mentionne un communiqué de presse publié le 15 avril dernier. En effet, les deux syndicats ont demandé au Gouvernement mais également aux compagnies d’assurance une “mobilisation générale” pour la mise en place de mesures exceptionnelles au vu de la situation.
Ce à quoi le Gouvernement a rapidement répondu puisque deux jours plus tard, Jean Castex, Premier ministre, et Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, se sont rendus dans l’Hérault, l’Aude et les Pyrénées-Orientales pour rencontrer des exploitants agricoles fortement touchés par le gel.
Face à l’urgence et au désarroi des agriculteurs qu’il a rencontré, Jean Castex a annoncé le jour même le déblocage d’une enveloppe d’un milliard d’euros pour venir en aide aux exploitants sinistrés.
Cette dernière sera répartie à travers diverses mesures telles que : une année blanche de cotisations ou le dégrèvement des taxes foncières sur le non-bâti (TFNB). Mais également une mobilisation des dispositifs déjà existants en raison de la crise sanitaire : l’accès à l’activité partielle et au prêt garanti de l’État. Le Premier ministre a également mentionné le déclenchement du dispositif des calamités agricoles pour les arboriculteurs dont l’indemnisation “sera portée jusqu’à 40 % pour les pertes les plus importantes”.
Les viticulteurs ne pouvant prétendre à ce dispositif, car pouvant être assurés pour leur production, se verront offrir un soutien exceptionnel similaire.
En l’attente du déblocage de ces aides qui seront basées sur l’ampleur réelle des pertes agricoles, une première aide sera allouée aux agriculteurs. Elle sera présentée sous la forme d’un fonds de solidarité et construite sur “une avance forfaitaire basée sur la perte mensuelle de chiffre d’affaires”.
Jean Castex a tenu à préciser que ce fonds sera également “ouvert aux entreprises en aval de ces filières, qui sont impactées en l’absence de récolte à conditionner ou transformer.”
Aide régionale, soutien départemental
Carole Delga, présidente de la région Occitanie, s’est également rendue sur des exploitations pour constater les dégâts du gel. À cette occasion, elle a annoncé une première aide exceptionnelle de cinq millions d’euros qui, elle l’espère, sera abondée par les partenaires de la région, les collectivités locales ou encore des acteurs privés tels que les banques ou les assurances.
En Ariège, territoire qui a également été fortement touché par le gel, la chambre d’agriculture et les syndicats FDSEA et JA09 ont adressé un courrier à la direction départementale des territoires (DDT) le 13 avril dans lequel ils demandent le déclenchement de la procédure de calamités agricoles. Un formulaire de déclaration est disponible sur le site de la chambre d’agriculture afin de recenser les divers dégâts constatés.
Une mission d’enquête de calamités agricoles s’est d’ailleurs déroulée le 20 avril en Ariège. La DDT, accompagnée de la chambre d’agriculture et des syndicats majoritaires, s’est rendue dans cinq communes ariégeoises pour essayer de chiffrer les dégâts et, par la suite, demander une enveloppe d’aides au ministère. Une seconde visite devrait être organisée courant mai, une fois la floraison terminée pour confirmer le montant demandé à l’État.
Puis, le 19 avril, Romain Deloustal, président des JA Occitanie, et Jérôme Despey, président de la chambre d’agriculture de l’Hérault et secrétaire général de la FNSEA, ont rencontré Emmanuel Macron à l’occasion d’une visite du président à Montpellier.
“Le président a accepté de nous rencontrer bien que l’agriculture ne soit absolument pas la raison de son déplacement,” explique Romain Deloustal. Une rencontre qualifiée de bienveillante par le président occitan du syndicat jeune. “Emmanuel Macron est tout à fait conscient que l’enveloppe d’un milliard d’euros risque d’être insuffisante pour compenser tous les dommages causés et qu’il faudra aller plus loin.”
Cette situation, tout à fait inédite a également permis de soulever le problème du fonctionnement des systèmes d’assurances mais aussi la situation des jeunes installés, ne disposant pas de trésorerie et dont l’exploitation pourrait être en péril. Un point auquel le président a annoncé apporter tout son soutien.
Le président a également précisé que face à cette situation inédite le Gouvernement sera à l’écoute des syndicats majoritaires quant à l’application des aides proposées.
Cependant, outre les arboriculteurs et les viticulteurs, il est important que les céréaliers et maraîchers restent attentifs au développement de leurs cultures car cet épisode de gel peut également avoir un fort impact sur leurs rendements au moment des récoltes à venir.
C.L.