Le 31 mars, le Gouvernement a annoncé les 53 mesures de son plan d’action pour une gestion résiliente et concertée de l’eau. Détail des mesures qui touchent l’agriculture.

Lors d’une visite de terrain au lac de Serre-Ponçon, dans les Hautes-Alpes, le jeudi 30 mars, Emmanuel Macron a annoncé les premières mesures du plan d’action pour une gestion résiliente et concertée de l’eau porté par son Gouvernement.

Des annonces complétées le lendemain par Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé, et Bérangère Couillard, secrétaire d’État chargée de l’Écologie.

53 mesures

Source : Gouvernement

Au total ce plan d’action regroupe 53 mesures pour l’eau réparties atour de six axes. Le premier concerne la sobriété des usages de l’eau pour tous les acteurs avec pour objectifs :

  • la diminution de 10 % de l’eau prélevée d’ici 2030 ;
  • la déclinaison de l’objectif ci-dessus territoire par territoire ;
  • un meilleur pilotage de la ressource en mesurant mieux les volumes prélevés.

Parmi les 13 mesures de cet axe, trois concernent directement ou partiellement l’agriculture. L’une d’entre elles prévoit 30 millions d’euros supplémentaires par an pour le soutien des pratiques agricoles économes en eau avec par exemple l’irrigation au gouttes à gouttes.

Suite à l’annonce de l’objectif de diminuer de 10 % l’eau prélevée d’ici 2030, un doute persiste tout de même. En effet, Marc Fesneau a précisé que cette mesure ne concernerait pas l’agriculture alors qu’Emmanuel Macron, la veille, n’a pas exclu ce secteur d’activité.

Disponibilité de la ressource

Le second axe du plan eau a pour ambition d’optimiser la disponibilité de la ressource grâce à trois objectifs précis :

  • réduire les fuites et sécuriser l’approvisionnement en eau potable ;
  • massifier la valorisation des eaux non conventionnelles (réutilisation des eaux usées traitées (REUT), eau de pluie, eaux grises…) grâce au développement de 1.000 projets de réutilisation sur le territoire, d’ici 2027 ;
  • remobiliser les ressources existantes et répondre au besoin de développer l’hydraulique agricole, dans le respect de la réglementation.

Ici, la récupération des eaux de pluie de toiture des bâtiments agricoles sera soutenue via des aides des agences de l’eau dès 2024.

À échéance égale, un fonds d’investissement hydraulique agricole sera abondé à hauteur de 30 millions d’euros par an pour remobiliser et moderniser les ouvrages existants et en développer de nouveaux.

Dans ses propos, le président de la République a évoqué sa volonté de « réduire les quantités d’eau utilisées à l’hectare pour étendre les surfaces irriguées sans augmenter les volumes« . Reste à savoir comment cette mesure sera appliquée dans les territoires sans volume prélevable aujourd’hui.

Un point de vigilance est également à apporter sur la mise en œuvre dès juin du règlement REUT qui instaure des normes de qualité plus strictes et donc la question de la responsabilité des agriculteurs vis-à-vis de la qualité de l’eau.

La qualité avant tout

La préservation de la qualité de l’eau et la restauration des écosystèmes sains et fonctionnels est au cœur du troisième axe du plan d’action. Ses objectifs sont :

  • prévenir la pollution des milieux aquatiques et, en particulier, renforcer la protection des aires d’alimentation de captage ;
  • développer les solutions fondées sur la nature dans la gestion de l’eau.

La question de l’utilisation de produits phytosanitaires à proximité des aides d’alimentation et de captage est vivement abordée dans un ensemble de mesures annoncées.

Afin de répondre à ces premières mesures, le Gouvernement a proposé un quatrième axe autour de la mise en place de moyens pour atteindre les ambitions annoncées dans ce plan. Plus précisément, les objectifs sont :

  • inclure l’ensemble des acteurs atour d’une gouvernance ouverte, plus efficace et plus lisible ;
  • assurer le financement de la politique de l’eau et mieux inciter à la sobriété dans les usages et à une meilleure performance des réseaux ;
  • développer la recherche et l’innovation sur l’ensemble de la chaîne de valeur de la gestion de l’eau, afin de franchir des paliers d’innovation.

Crises et engagement

Pour ses derniers axes, le Gouvernement prévoit d’un côté d’être en capacité de mieux répondre aux crises de sécheresse en informant et en prévenant les situations de tension. De l’autre, il annonce vouloir tenir ses engagements, rendre compte des avancées du plan et l’actualiser si besoin.

C.L.