Alors que l’on arrive au milieu de la saison d’estive, les attaques d’ours se multiplient avec un changement de comportement des plantigrades qui inquiète de plus en plus les éleveurs.

Récemment, Philippe Lacube, président de la chambre d’agriculture de l’Ariège, annonçait en conférence de presse l’inquiétude des éleveurs transhumants quant à la sécheresse qui s’est installée dans le département et l’éventualité que les bêtes rentreraient plus tôt dans les prés par manque d’herbe en estive.

Cette embûche s’ajoute à la problématique de la prédation présente sur le massif, et de manière plus accrue en Ariège, depuis de nombreuses années déjà.

À l’approche de la mi-saison, les données relatives aux attaques d’ours sont légèrement moins importantes que l’an passé. Pour autant, elles restent omniprésentes sur le territoire et plus particulièrement dans le Couserans.

Constats de dommages

Selon les données de la direction départementale des territoires (DDT) de l’Ariège et de l’office français de la biodiversité (OFB), 145 constats de dommages ont été réalisés au 31 juillet. Il y en avait 20 de moins 11 jours plus tôt, le 20 juillet.

Parmi ces 145 constats, 119 ont fait l’objet d’un traitement et 96 d’entre eux sont indemnisables avec 79 d’entre eux pour lesquelles la responsabilité de l’ours est non écartée et 17 où elle est possible. En parallèle, pour 23 dossiers, la prédation de l’ours a été écartée.

Certes, en comparaison avec les années précédentes, de 2018 à 2020, à date égale, le nombre de dossiers au globale est moins élevé. Pour autant, si l’on regarde les chiffres dans le détail, des pertes sont tout de même à déplorer du côté des éleveurs avec 224 ovins, 19 bovins, sept équins et 10 “autres”.

Le nombre de bovins attaqués à date égale a presque quadruplé par rapport à 2021 où les services de l’État en recensaient cinq.

Une augmentation qui laisse entendre un changement de comportement des ours qui tendent à s’approcher des veaux et des gros bovins sans réelle inquiétude.

Pourcentage élevé

Un autre fait intéressant est à relever dans les données transmises par la DDT aux professionnels, celui des dossiers écartés. En effet, il y avait déjà 23 dossiers écartés au 31 juillet 2022 sur 145, soit près de 16 % des dossiers transmis.

Sur la saison complète, l’année 2020 en comptait 55 sur 538 dossiers, soit 10 %. De même pour 2021 où 36 dossiers ont été écartés sur 377, soit presque 10 %.

Cette augmentation de six points à la mi-saison mérite d’être observée afin que l’État et les éleveurs s’interrogent sur les autres facteurs de mort des bêtes si elle n’est pas imputée à l’ours.

Périmètre étendu

De plus, si l’on observe plus dans le détail les dossiers déposés grâce au site www.info-ours.com, un autre changement est à observer : la localisation des attaques.

D’un côté, alors que l’estive du Trapech était vivement prédatée les années précédente, celle-ci subit moins d’attaques, ce qui étonne les éleveurs. Pour autant, plus bas, un troupeau de bovins a été attaqué et deux vaches sont mortes. L’expertise est encore en cours mais la piste de l’ours semble difficilement écartable. Selon l’éleveur concerné, l’ours semble se tenir dans les bois en raison de la chaleur.

De l’autre, certaines estives qui n’étaient que très rarement attaquées, voire jamais, ont vu des bêtes périr. C’est le cas à Sorgeat, Savignac-les-Ormeaux ou encore à Siguer. Pour certaines, la mortalité a été qualifiée “indéterminée”, pour d’autres l’expertise est en cours.

Ces attaques toutes localisées en Haute-Ariège inquiètent les éleveurs présents sur les estives concernées car si ces dernières se révèlent avérées alors cela signifiera que certains plantigrades se sont déplacés et qu’une plus grande partie du territoire ariégeois sera touché à l’avenir.

Des empreintes ont d’ailleurs été observées au Pic de Carbone, à Mérens-les-Vals le 15 juin, ce qui confirme la présence d’au moins un plantigrade de ce côté de l’Ariège.

C.L., pour FDSEA et JA09