Après une première proposition de gouvernance locale, les élus du département ont annoncé leur volonté de créer le Parlement avenir montagne 09 pour intervenir sur les questions de prédation auprès du comité de massif.

Depuis toujours, élus et professionnels du monde agricole se battent pour faire entendre leur mécontentement pour les questions liées à la prédation ursine.

Ils ont, à plusieurs reprises, rappelé au Gouvernement l’existence de l’article 22 de la directive Habitat, établie à échelle européenne, qui stipule que tout projet ou toute introduction doit être soumis à l’avis des populations concernées.

Pour autant depuis les premières réintroductions d’ours dans les années 90, cet article n’a pas été respecté par l’État.
Une problématique soulevée auprès du président de la République, Emmanuel Macron, en janvier 2020 à Pau, qui par la suite a demandé aux élus pyrénéens de proposer la constitution d’une gouvernance locale à ses services.

Ensemble, le conseil départemental de l’Ariège, la chambre d’agriculture et la fédération pastorale avaient travaillé sur une proposition de gouvernance qui avait pour autant été refusée par le préfet de région.

Éléments déclencheurs

Suite à ce refus, les élus avaient mis le projet légèrement de côté mais les récents événements les ont poussés à ressortir ce dossier de leurs tiroirs.

Tout a commencé en mai suite à la découverte de l’existence du dossier Life Ours Pyr, largement abordé dans de précédents articles. S’en est suivi un été meurtrier au cours duquel 374 dossiers de dommages ont été réalisés par l’officie français de la biodiversité (en date du 21 octobre 2021).

La poursuite d’un berger par une ourse en estive et l’attaque de randonneurs par des Patous ont été d’autant plus d’arguments pour encourager les élus ariégeois à faire une nouvelle proposition de gouvernance locale à l’État.

Proposition révisée

Notre première proposition de gouvernance a été refusée car les parlementaires étaient absents de sa constitution ainsi que les communes. Cependant, la révision que nous en avons fait a été bien accueillie par le préfet de région lors d’une rencontre le mois dernier”, étaye Christine Téqui, présidente du conseil départemental.

Une information confirmée par Philippe Lacube, président de la chambre d’agriculture, qui quant à lui a rencontré le préfet deux semaines avant cette conférence de presse. Ainsi, à l’occasion de la séance plénière du conseil départemental, Christine Téqui, Philippe Lacube et Alain Servat, président de la fédération pastorale de l’Ariège, ont présenté le projet de création du “Parlement avenir montagne 09”, nom donné à l’association de gouvernance dédiée à la prédation. L’objectif de celle-ci sera d’émettre :

  • des avis sur les sujets ayant trait aux grands prédateurs et en particulier sur la gestion de la dynamique de la population ;
  • des avis sur la régulation des ours à problèmes ;
  • des avis sur la décision de la mise en œuvre de la procédure d’effarouchement ;
  • des avis sur la vulnérabilité des estives ;
  • des avis sur la conditionnalité d’indemnisation des bêtes.

Composition variée

Source : CD09

Ce Parlement avenir montagne 09 aura une composition large pour que chacun puisse intervenir sur les différents avis.

Il y aura d’abord d’un côté les membres fondateurs : conseil départemental, chambre d’agriculture et fédération pastorale qui constitueront un premier collège. Puis s’en suit le reste de la commission décisionnelle composée de trois autres collèges : l’État, les collectivités locales/élus et les membres issus de la commission technique.

La commission technique aura quant à elle sept collèges : consulaire, syndicats agricoles, pastoraux, activité économique de la montagne (hors tourisme), touriste/environnement, loisirs de la montagne et associations environnementales. Pour chaque entité présente dans chacun des collèges, un représentant sera désigné puis parmi ces derniers, sept siègeront à la commission décisionnelle.

Notre objectif dans la création de ce parlement est de pouvoir entrer au comité de massif au nom de cette entité qui regroupe à la fois élus et professionnels. Bon nombre des entités présentes dans les différents collèges de l’association siègent déjà au comité en leur nom propre mais les réunions proposées sont divisées avec d’un côté les élus et de l’autres les professionnels. Nous voulons mettre fin à cette division et montrer que nous sommes tous du même avis que l’on soit élu ou agriculteur”, détaille Christine Téqui.

Puis si cela prend et que les départements voisins sont intéressés pour réitérer l’expérience chez eux, nous serons là pour les accompagner et peut-être que d’ici quelques années il y aura un Parlement avenir montagne à l’échelle du massif Pyrénéen”, ajoute Philippe Lacube.

Pour lancer officiellement le Parlement avenir montagne 09, une assemblée constitutive est d’ores et déjà prévue fin novembre avec tous les élus du territoire ainsi que les organismes professionnels.

C.L.