Peu avant sa réélection pour un troisième mandat, Jean-Luc Fernandez, président de la fédération départementale des chasseurs, a accueilli son nouveau directeur, Xavier Léal.
Présentez-vous brièvement.
Jean-Luc Fernandez : J’ai fait une carrière dans la fonction publique territoriale, en particulier au service de l’hygiène de la mairie de Toulouse. Aujourd’hui retraité, je suis adjoint au maire d’Aleu, vice-président de la communauté de communes Couserans Pyrénées et président de la fédération départementale des chasseurs (FDC, ndlr) de l’Ariège depuis maintenant 14 ans. J’occupe également divers postes à la fédération régionale et nationale et j’entame à ce jour mon troisième mandat au côté des chasseurs ariégeois pour continuer à défendre cette chasse populaire qui nous caractérise.
Xavier Léal : De mon côté, j’ai grandi dans le monde agricole dans les Pyrénées-Atlantiques. J’ai passé un baccalauréat scientifique avant de faire un brevet de technicien supérieur (BTS) agricole puis une licence et un master dans le domaine de la gestion d’espaces naturels. À l’issue de ce master, j’ai travaillé dans plusieurs associations de gestion de l’espace naturel avant d’intégrer récemment la FDC. Bien entendu, je suis également chasseur depuis de nombreuses années.

Pourquoi avez-vous souhaité vous investir à la FDC09, que ce soit en tant qu’élu ou que salarié ?
X.L. : Ce qui me plait dans ce métier, c’est qu’au-delà des missions passionnantes liées à la gestion de la chasse à l’échelle départementale, il me permet de faire le lien entre cette société rurale que je défends, et qui me tient particulièrement à cœur, avec ma vision de la gestion environnementale qui ne doit en aucun cas exclure l’Homme des territoires. À mon sens, c’est cette vision qui devrait avoir une place fondamentale partout en France, surtout le long de la chaîne des Pyrénées et tout particulièrement en Ariège. C’est pourquoi je me sens ici chez moi.
J-L.F. : Avant de s’investir, il était important d’avoir une passion pour la chasse, ce qui était mon cas. Aujourd’hui, avec les changements de perception de la société quant à la question de la chasse, le statut de président de fédération représente un engagement quotidien car nous devons répondre à de nombreuses accusations. La chasse de 2022 n’est plus celle d’il y a 15 ou 20 ans, nous devons donc nous adapter.
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Quel message souhaiteriez-vous faire passer aux personnes qui sont contre la chasse ?
J-L.F. : La chasse est une activité de loisir essentielle au monde rural. Elle fait partie des fondamentaux de cette société ariégeoise à laquelle je tiens tout particulièrement. Pourtant il faut savoir qu’à ce jour, près de 60.000 hectares du territoire ariégeois ne sont pas accessibles aux chasseurs, notamment avec de nombreux territoires en opposition aux ACCAs. Pour autant, ce sont des espaces sur lesquels la régulation est également nécessaire notamment pour limiter les dégâts aux cultures. La structuration des territoires de chasse en ACCA est le meilleur moyen de gérer efficacement les espèces en facilitant la pratique cynégétique et l’accès aux territoires. En témoigne la décision de la cour européenne des droits de l’Homme qui a tout récemment confirmé le bien-fondé des ACCA en précisant qu’elles étaient des outils de mutualisation et de gestion cohérente des territoires, au même titre que les AFP. C’est pourquoi nous faisons au mieux chaque jour pour travailler main dans la main avec les agriculteurs, les forestiers et les pêcheurs car nous sommes tous confrontés aux mêmes problématiques. Il est important que tous ensemble, malgré nos différences, nous défendions d’une même voix notre mode de vie. C’est d’ailleurs dans ce but qu’il y a dix ans déjà, j’ai été à l’initiative de l’association Ariège ruralité qui regroupe neuf associations qui défendent notre mode de vie à tous.
X.L. : Pour ma part, j’aimerais simplement discuter avec nos opposants en leur rappelant que cette riche biodiversité ainsi que ces paysages que nous observons aujourd’hui dans notre département sont bel et bien présents aux côtés de toutes ces pratiques traditionnelles qu’ils rejettent, c’est une réalité. J’irai même plus loin, en leur disant que ces activités cynégétiques, agricoles, forestières traditionnellement pratiquées par les Ariégeois ont permis de préserver ces enjeux au point de se retrouver aujourd’hui dans un des départements de France parmi les plus préservés.
J-L.F. : À cela, j’ajouterais qu’en Ariège, le montant des dégâts annuels s’élève en moyenne à 350.000€ contre deux millions d’euros dans certains départements voisins. Cela signifie donc que la politique menée par la fédération en matière de gestion cynégétique et de maintien des équilibres agro-sylvo-cynégétique à l’échelle départementale est efficace.
Propos recueillis par C.L.