À l’approche des fêtes, Terres d’Ariège a contacté des producteurs de canards gras et de truites du département pour savoir comment ils voyaient la fin d’année. Voici leur témoignage.
Jacques Hato, Gaec de Peychou, éleveur de volailles et de canards gras à Raissac
“Pour le moment, la situation est un peu compliquée pour nous. Nous subissons un double confinement entre celui imposé par le Gouvernement et la grippe aviaire. Nous devons garder nos bêtes dans les bâtiments pour éviter tout risque de contamination. En ce qui concerne les ventes pour Noël, nous n’avons pas vraiment de visibilité. Nous avons dû commander nos chapons en février, avant le début de la crise sanitaire. Ce sont des produits destinés à une dizaine de personnes et nous ne sommes pas sûrs de les vendre. Nous allons donc proposer des rôtis de demi chapon farci pour correspondre à une clientèle qui sera moins nombreuse autour de la table de réveillon. Les commandes sont timides pour le moment nous attendons de voir si ça se décante.”

Thomas Crété, les canards de Bramal, éleveur de canards gras au Carlaret
“En raison du contexte sanitaire, nous avons décidé de limiter notre production de canard pour cette année et de ne pas en faire trop. Notre objectif principal, quand nous avons créé l’exploitation, était de commercialiser nos produits dans la région mais aussi à l’échelle de la France et aujourd’hui c’est chose faite. Je suis allé faire des livraisons, entre autres, à Paris et à Marseille et nous n’avons plus du tout de foie gras à la vente, tout est parti. Nous aurions pu augmenter un peu notre production mais nous sommes déjà contents de voir que nos produits plaisent et ont tous été vendus.”

David Bouralha, responsable de la conserverie de produits issus de canards gras du Domaine de Guilhot, à Pamiers
“Quantitativement nous vendons moins de colis de fête pour l’instant. Cependant, ceux que nous vendons sont des colis plus complets donc au prix plus élevé. Les visites au magasin sont moins nombreuses mais les ventes sur les marchés de Mirepoix, Lavelanet et Ax-les-Thermes, grâce à notre camion, sont vraiment bonnes. Je pense que suite aux dernières annonces du président de la République les clients vont se déplacer plus facilement pour acheter des produits. Et bien que de nombreux événements aient été annulés, je pense que l’on parviendra à être à l’équilibre en fin d’année.”

Amandine Lafon, pisciculture des chutes d’Aston, éleveuse de truites aux Cabannes
“Comment nous voyons la fin d’année ? Pour être franche, c’est un peu mystère et boule de gomme. Nous n’avons aucune visibilité et c’est difficile d’avoir des retours de clients habituels ou de commerçants. Les professionnels comme les GMS sont un peu fébriles à l’idée d’acheter des produits de fête en grande quantité donc c’est un premier frein pour nous. Quant aux particuliers, habituellement à cette époque nous avons déjà un certain nombre de commandes, aujourd’hui j’en ai peu donc nous verrons comment cela va évoluer. La plus grosse contrainte pour nous, c’est que nous sous-traitons le fumage de nos truites pour le moment et que nous avons un délai de 15 jours entre l’abattage des truites et la réception des filets fumées. Pour cette année, nous avons donc décidé de tabler sur un peu moins de produits qu’en 2019 pour ne pas prendre le risque d’en perdre. Nous espérons ne pas être à court d’ici les fêtes suite à une forte demande.”

Jean-Marc Pirlot, Ferme aquacole du Plantaurel, éleveur de truites à Montbel
“Nous proposons principalement des produits festifs comme de la truite fumée ou des œufs de truite. Pour le moment, nous ne ressentons pas vraiment l’impact de la Covid-19. La demande est encore soutenue et je pense qu’elle risque d’être même plus importante que l’an dernier. Les plaisirs des Français comme aller au restaurant ou sortir leur ont été retirés. Pour certains, ils ont un pouvoir d’achat plus important donc je pense qu’ils vont se retourner sur la nourriture et se faire plaisir à l’occasion de ces fêtes de fin d’année. La population est revenue au local avec cette crise sanitaire et c’est bien. Cependant, nous devons rester vigilant et ne pas faire trop de plans sur la comète car cet engouement pourrait s’essouffler. C’est la raison pour laquelle nous n’avons pas prévu d’investissement pour le moment malgré des ventes importantes depuis le début de la crise sanitaire.”

André Chodorowski, Earl pisciculture de la Courbière, éleveur de truites à Surba
“Nous ne pouvons pas trop faire de prévisionnel. Nous relançons les clients pour avoir une idée des quantités qu’ils souhaiteraient recevoir pour Noël. Suite aux déclarations d’Emmanuel Macron, ça risque de se décanter petit à petit et les clients se décideront au dernier moment mais nous saurons anticiper. L’avantage que nous avons c’est que nous travaillons beaucoup avec des associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (Amap) et avec ces dernières, nous planifions les commandes à l’année. Nous savons que les clients gardent la quantité qu’ils avaient prévu donc nous avons déjà cette certitude de vente les concernant.”
Propos recueillis par C.L.