Après six ans passés en portage par la Safer, Thomas Piquemal est officiellement devenu propriétaire de ses vignes le 26 octobre 2020. Déroulé d’une expérience qui a porté ses fruits.

Entre 2013 et 2016, la Safer GHL (Gascogne Haut-Languedoc, aujourd’hui la Safer Occitanie) a proposé, en partenariat avec le conseil régional Midi-Pyrénées, le crédit agricole et les jeunes agriculteurs, des portages fonciers pour aider les jeunes à s’installer. Parmi les deux dossiers réalisés en Ariège à l’époque, celui de Thomas Piquemal, viticulteur à Vira, s’est terminé le 26 octobre dernier.

En 2013, à la demande des Jeunes Agriculteurs, le président de la Safer GHL, accompagné des présidents de comité technique dont Didier Vidal, président du comité technique de la Safer de l’Ariège, ont signé une convention de partenariat avec la région Midi-Pyrénées pour proposer des portages aux jeunes souhaitant s’installer hors cadre familial.

Un bon exemple ariégeois

L’objectif du portage est de permettre à des jeunes, n’ayant pas les fonds nécessaires à l’achat de foncier, de s’installer plus facilement. La Safer devient propriétaire du foncier non-bâti de l’exploitation pendant une durée déterminée et le jeune installé paye un montant locatif qui sera déduit du coût total des parcelles. Ce système d’achat sans intérêt est un réel avantage pour les jeunes motivés à l’installation.

En 2014, Thomas Piquemal, installé à Vira sur le Domaine des coteaux d’Engraviès, a bénéficié de ce dispositif pour l’aider dans son installation. “Le portage n’était pas ma première option. J’ai fait 22 plans de développement économique avant de trouver cette solution. Le portage a réellement débloqué ma situation. Ce n’était certes pas ma première option mais ça a été l’option de la réussite. Initialement prévu pour sept ans, j’ai décidé d’y mettre fin un an plus tôt car les taux d’intérêts des crédits étaient intéressants.

Après six ans de portage avec la Safer, le vigneron a signé l’acte d’achat de ses parcelles le 26 octobre dernier. “Nous sommes très satisfaits de finaliser cette opération aujourd’hui. Elle est réussie et nous voyons l’importance que peut avoir le portage pour l’installation des jeunes. Nous sommes également fiers d’avoir défendu ce dossier bec et ongle bien qu’il soit initialement exclu du dispositif de portage,” développe Cédric Rauzy, responsable départemental de la Safer Occitanie.

Encourager la filière viticole

Toutes les cultures pérennes, dont les vignes, présentent plus de risques financiers en matière de portage, toutefois, la Safer a décidé de s’engager dans ce projet en accordant toute sa confiance à ce jeune agriculteur méritant.

Didier Vidal, a défendu et porté ce dossier auprès des instances pour qu’il aboutisse.
Thomas travaillait depuis quatre ans sur l’exploitation avec l’ancien propriétaire, Philippe Babin. Nous savions qu’il était sérieux et réellement investi. Et puis c’était un dossier phare pour le département, à l’époque il y avait peu de vignerons, il était important pour moi de soutenir la filière. C’est la raison pour laquelle j’ai soutenu ce dossier auprès de la Safer pour que l’on puisse accompagner ce portage. Et quand je vois le résultat aujourd’hui, je suis heureux et satisfait de m’être tant investi pour accompagner Thomas”, argumente le président du comité technique départemental.

Avantages pour les vendeurs

Le portage a également un intérêt pour l’exploitant qui cède son exploitation. Grâce à la Safer, ses terres lui sont directement achetées et il n’a pas à attendre des années pour être payé.

Le portage a permis à Thomas de reprendre l’exploitation rapidement, et de financer les équipements nécessaires. Sans cette disposition, je n’aurais peut-être pas trouvé d’acheteur et je serais sûrement toujours dans mes vignes à ce jour. Le portage m’a également permis de recevoir l’argent de la vente de mes terres dans l’immédiat pour le réinvestir autrement. Le seul bémol fût pour moi le prix de vente. En effet, la Safer a négocié le prix de rachat par rapport au prix auquel se vendaient les vignes à l’époque, soit moins cher que ce que j’en avais demandé. Mais pour autant, cela reste une très bonne expérience pour moi et elle devrait être remise en place,” se souvient Philippe Babin, ancien propriétaire du Domaine des coteaux d’Engraviès.

Dispositif en reconstruction

Suite à la fusion des régions Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées, en 2016, le dispositif de portage a été arrêté. “À l’époque, nous avons reçu beaucoup de demandes après 2016, alors que le projet avait pris fin, c’est assez dommage. Mais à ce jour, un nouveau dispositif similaire est sur le point d’aboutir avec le conseil régional Occitanie,” détaille Cédric Rauzy.
L’objectif ici est toujours d’accompagner et d’aider des jeunes dans leur installation. Le poids financier du foncier est bien souvent ce qui freine les projets d’installation. L’exemple de Thomas Piquemal est la preuve que ce genre de dispositif fonctionne et qu’il doit être encouragé.

C.L.