Les élections départementales vont cette année se tenir les 20 et 27 juin. Afin d’avoir un aperçu du programme de chacun des partis en ce qui concerne l’agriculture, les syndicats majoritaires FDSEA et JA09 ont organisé un débat le vendredi 4 juin.

Soucieux de l’avenir de l’agriculture en Ariège, les syndicats FDSEA et Jeunes Agriculteurs de l’Ariège ont organisé vendredi dernier un débat en présence de nombreux candidats cantonaux des différents partis politiques se présentant à l’occasion des élections départementales prévues les 20 et 27 juin prochains, en même temps que les élections régionales.

Pour l’occasion, Agnès Ferrand, ancienne présidente de la FDSEA et éleveuse de bovins de race Limousine, a ouvert les portes de sa stabulation afin d’accueillir cet échange au cœur du monde agricole.

Tous les partis représentés sur le territoire ont été conviés pour l’occasion par les syndicats. Ainsi, Clémence Biard et Rémi Toulis, respectivement présidente des JA09 et président de la FDSEA ont accueilli quinze candidats cantonaux, représentants cinq partis différents : Ariège notre avenir en commun – regroupant le Parti Socialiste, le Parti Radical de Gauche et Société civile, actuellement majoritaire au conseil départemental et représenté par Christine Téqui, Ariège Populaire – porté par la France Insoumise, le Parti Communiste français (PCF), Vraiment à gauche vraiment écolo – Europe Écologie les Verts (EELV) et ADN Ariège.

Le Rassemblement national (RN) et les Républicains ont également été conviés. Cependant, la RN a décliné l’invitation et les Républicains ne proposant pas de candidat aux départementales ne se sont pas joints au débat.

Face aux candidats, une vingtaine d’adhérents de la FDSEA et des JA étaient présents ainsi que François Toulis. En effet, l’ancien président de la chambre d’agriculture a gracieusement accepté d’animer cet après-midi de débat. La FDSEA et les JA l’en remercient vivement.

Au cours des deux heures de débat, sept thématiques primordiales aux yeux du monde agricole ont été abordées avec les candidats. Pour chacune d’entre-elles, François Toulis proposait un bref résumé de la situation dans le département accompagné de données chiffrées.

Les syndicats majoritaires souhaitent remercier Agnès Ferrand pour son accueil ainsi que tous les candidats ayant fait le déplacement pour leur présence.

Cependant, le constat des adhérents présents est quasiment unanime : beaucoup de candidats ne se rendent pas compte des réalités du terrain et du poids économique de l’agriculture dans le département. Mais surtout, ils ne savent pas quelles sont les réelles missions et les pouvoirs du conseil départemental.

1. Le foncier

Ariège notre avenir en commun : “L’agriculture doit nourrir la population certes mais les exploitants doivent également s’assurer un revenu décent. En Ariège, de nombreuses procédures d’aménagement du foncier ont été organisées au cours du mandat touchant à son terme, en partenariat avec le conseil départemental, pour remembrer et remobiliser le foncier sur des îlots logiques. En ce qui concerne la montagne, nous pouvons être fiers de dire que l’Ariège est le territoire où le plus d’associations foncières pastorales ont été mobilisées grâce à la fédération pastorale.”

Ariège Populaire : “Nous souhaiterions éviter l’urbanisme en zone périurbaine pour que les surfaces agricoles utiles ne se limitent pas qu’à la montagne où il est difficile d’installer certaines productions. Notre action départementale sera complétée avec celle de la région si notre liste Occitanie Populaire est élue.”

PCF : “Les PLU et PLUI actuellement en place sur le territoire permettent de préserver le foncier. Les paysans entretiennent le territoire et il faut à tout prix préserver leurs terres que ce soit en plaine ou en montagne. Pour cela, il est possible de réaménager les centres bourgs et les villes afin de ne pas étendre l’urbanisation. Nous sommes également en faveur du stockage des terres.”

ADN Ariège : “Nous ne sommes pas sûrs que le conseil départemental soit le mieux placé pour s’occuper du foncier dans le département. Afin d’éviter la déprise agricole, certaines actions sont à éviter.”

EELV : “Il y a une forte pression sur le foncier. Les agriculteurs sont confrontés au résidentiel, aux activités sportives… Il est important d’avoir une bonne gestion du foncier et du parcellaire.”

2. La prédation

Ariège notre avenir en commun : “Nous l’avons toujours dit et nous le répétons, la cohabitation avec les prédateurs, ours et loups, est impossible. C’est un grand mensonge de l’État. Il a une vision romantique des montagnes et il l’a confirmé avec le projet Life Ours Pyr pour lequel aucun élu n’a été consulté. Nous nous y opposons fermement.”

Ariège Populaire : “Il y a toujours eu des ours dans les Pyrénées et même si la France n’a pas mis des moyens suffisants pour une réintroduction correcte et n’a pas écouté les gens du territoire, la montagne est à partager. Il y a une nécessité de faire un travail transversal avec les autres départements et l’Espagne pour gérer l’ours tout en favorisant la cohabitation. Quant aux nouveaux prédateurs tels que le vautour ou le loup, le département doit être présent pour solliciter des nouvelles recherches et de nouveaux moyens de défense.”

PCF : “Nos anciens ont mis le paquet pour supprimer les ours mais des ours en provenance de Slovénie, attirés par de la viande ont été réintroduits. Il faut soit les contenir soit les retirer tout simplement, ces bestioles nous gênent. Quant aux vautours, suite à la suppression des charniers en Espagne, ils viennent se nourrir en plaine et prolifèrent. Leurs petits prennent exemple et commencent à attaquer. Les loups eux sortent de partout et arrivent dans notre département. Enfin, pour la question des sangliers, il est important d’échanger avec la fédération départementale des chasseurs pour leur régulation.”

ADN Ariège : “Les chasseurs doivent s’occuper des gibiers qui prolifèrent, c’est leur rôle. Le vautour devient en effet un réel problème en France et en Ariège. Enfin, pour l’ours, s’il est trop vindicatif, il faut le sortir du circuit et si besoin le tuer. Il est important de mettre en place des tables rondes de concertation à ce sujet.”

EELV : “Tous les partisans d’EELV ne sont pas pro-ours ni pour la réintroduction. La cohabitation est possible, nous en sommes convaincus, pour autant il y a un réel problème qui doit être réglé avant toute réintroduction. Mais maintenant que l’ours est là, on doit faire avec, on n’a pas le choix. Puis, il est important de rappeler que le loup arrive en Ariège et l’ours nous protège du loup.”

3. L’eau et l’irrigation

Ariège notre avenir en commun : “On compte cinq milliards de mètres cubes de pluie par an. Bien que certaines réserves du département en récupèrent une partie, il arrive que ce ne soit pas suffisant. Nous avons eu la preuve que les retenues pouvaient créer de la biodiversité, pourquoi ne pas en créer plus dans ce cas ? Les agriculteurs font face à des critiques injustifiées quant à leur consommation d’eau. Le département de l’Ariège a été l’un des premiers à créer un organisme unique de l’eau au sein duquel les volumes consommés sont gérés. L’Ariège approvisionne chaque année la Ganguise de 24 millions de mètres cubes. Il est important qu’une solidarité soit établie en amont et en aval des différents bassins de consommation et nous travaillons dessus. Cependant, nous ne comprenons pas à ce jour les réticences sur la sécurisation du lac de Montbel par le Touyre. C’est un projet auquel nous sommes favorables.”

Ariège Populaire : “Il serait important selon nous de limiter la production de cultures nécessitant beaucoup d’eau et d’en favoriser d’autres. Nous sommes conscients que l’Ariège fait face à des restrictions d’eau mais il n’y a pas de solution miracle. Mais continuer de stocker de l’eau a un réel impact sur la biodiversité, il faut le limiter.”

PCF : “La problématique de l’eau est réellement importante dans notre département et nous en avons conscience. C’est la raison pour laquelle nous avons dans notre programme une réelle politique sur ce sujet avec en tête de liste un soutien à l’adduction du Touyre.”

ADN Ariège : “Il serait important de mettre en place des assises de l’eau avec tous les acteurs car l’eau va devenir un bien rare dans les années à venir.”

EELV : “Il est important de voir plus grand et de prendre en compte l’impact des consommations d’eau sur l’ensemble du bassin Adour-Garonne. L’agriculture devrait avoir moins d’impacts sur la qualité de l’eau, les cultures semées devraient être adaptées également. Puis le maraîchage et les légumineuses devraient être favorisés ainsi que la permaculture.”

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C.L. pour la FDSEA et JA09