Alors que le mois de juillet a été relativement calme en événements, le mois d’août n’a accordé aucun répit aux exploitants du département. Entre sécheresse et prédation, retour sur un mois compliqué.
Comme nous l’avions annoncé dans une précédente édition, le mois d’août a commencé avec l’action en justice de l’association One Voice contre l’arrêté de la préfecture de l’Ariège autorisant l’effarouchement simple et renforcé sur l’estive d’Ustou Col d’Escots.
Un arrêté qui a finalement été suspendu par le tribunal administratif le 4 août. Le 8 août, une seconde audience se tenait concernant le même arrêté publié pour six autres estives : Taus Espugues, Arreau, Coumebière, Sentenac d’Oust, Izard et Ourdouas.
Face à cette décision, un rassemblement a été organisé par les acteurs du monde rurale face à sous-préfecture de Saint-Girons le 12 août. Au total, plus de 200 personnes étaient présentes pour montrer leur soutien aux éleveurs d’Ustou Col d’Escots, mais également à ceux des autres estives, en attente de la décision finale du tribunal administratif.

Les élus ont pu rencontrer la sous-préfète, Catherine Lupion, pour lui rappeler l’importance pour les Hommes de montrer leur présence à l’ours mais aussi de tout faire pour protéger les troupeaux.
Un brin de positivité
Deux jours plus tard, le 14 août, toujours dans le Couserans, les Jeunes Agriculteurs du canton ont participé à la fête du fromage et du miel des Pyrénées. Pour leur première participation à cet événement, les retours ont été plutôt positifs avec plus de 300 repas 100 % locaux servis aux nombreux visiteurs de la fête.

Puis, le 17 août, les élus FDSEA, Jeunes Agriculteurs et chambre d’agriculture avaient donné rendez-vous à Sylvie Feucher, préfète de l’Ariège, dans deux exploitations et sur une estive pour aborder avec elle la problématique de la sécheresse.
En effet, cette année, le climat est si aride que toutes les filières sont concernées. Qu’ils soient installés en plaine, dans les coteaux ou en montagne, tous les agriculteurs du département voient leur activité professionnelle pâtir de la météo.
Ensemble, ils se sont d’abord rendus chez Michel Gianesini, installé à Montaut, pour aborder les problématiques des céréaliers. Entre restrictions d’irrigation et parcelles non-irrigables, les inquiétudes sont importantes.

Alexis Cabanié, éleveur à Ventenac, a ensuite accueilli la délégation. Face au manque d’herbe dans les prairies, nombreux sont les éleveurs à avoir déjà entamé leur stock de fourrage d’hiver. Pour la majorité d’entre eux, des investissements supplémentaires seront nécessaires pour acheter de la nourriture pour leurs bêtes afin qu’elles puissent être nourries convenablement toute la saison.
Enfin, tous se sont rendus sur l’estive du Prat d’Albis, déjà très sèche. Jean-Marc Péloffi, éleveur ayant des bêtes sur cette dernière a rappelé à la préfète son inquiétude quant au manque d’herbe en altitude. Selon lui, les bêtes devront probablement retourner dans les étables un mois plus tôt que d’habitude.
La prédation à la Une
Les semaines qui ont suivi ont vu l’actualité départementale se concentrer sur la prédation de manière générale.
Tout d’abord, dans la nuit du 18 au 19 août, 47 brebis ont déroché sur l’estive d’Urets-Bentaillou, à Sentein. Lors de l’expertise des agents de l’office français de la biodiversité, des crottes d’ours ont été retrouvées à proximité.
Dans un communiqué, Philippe Lacube, président de la chambre d’agriculture, appelait la préfète à faire officiellement le constat que la cohabitation entre l’ours et le pastoralisme est impossible.

Puis, le 24 août, le tribunal administratif a rendu sa triste décision concernant la suspension des arrêtés effarouchement des six estives, étudiés en audience le 8 août. Une fois encore, les écologistes ont gagné avec la suspension de l’intégralité de ces arrêtés.
Face à cette décision, la préfète a décidé de publier deux nouveaux arrêtés le 29 août en faveur des estives Arreau et d’Ustou Col d’Escots qui ont toutes deux subies de nombreuses prédations pendant l’été.
Cette fois, Sylvie Feucher a autorisé l’effarouchement renforcé seulement pour deux nuits, celles du 30 et du 31 août. Cependant, l’association One Voice a rapidement de nouveau attaqué des arrêtés en justice.
L’ours avant les Hommes
Face à la durée limitée de ces arrêtés, le tribunal administratif s’est saisi de l’affaire immédiatement et les a de nouveau suspendus le 31 août.
Dans le communiqué révélant la décision finale, il est noté que : « Le juge a pris en considération, dans la balance des intérêts en présence, la situation de stress et de souffrance psychologique pour les éleveurs et les bergers en estive confrontés à la prédation de l’ours invoquée par la préfète, pour toutefois conclure que les enjeux tenant à la préservation de l’espèce imposent de prioriser sensiblement les mesures nécessaires à cette conservation, ce alors même que les atteintes à l’espèce pourraient apparaître peu significatives.«
De part cette phrase, le tribunal administratif fait clairement le choix des ours face à l’Homme, une décision aberrante pour la profession.

Grâce à ces trois actions en justice, l’association One Voice a, de son côté, pu renflouer ses caisses avec pas moins de 5.500€ extorqués à l’État en un mois.
Face à cette nouvelle suspension des arrêtés liés à l’effarouchement des ours, la préfète de l’Ariège a déclaré à la Dépêche : « Je n’ai pas prévu d’aller plus loin. Depuis 2019, tous les arrêtés ont été attaqués. Désormais nous attendons le jugement au fond du Conseil d’État sur l’arrêté ministériel du 31 mai 2021, qui rend possible l’effarouchement. » (édition du 02/09/2022).
En plein milieu de cette affaire judiciaire, la préfecture a quant à elle communiqué sur des prédations par le loup sur les communes de Mérens-les-Vals et d’Orlu. Au total, près quatre prédations avérées ont été relevées en peu de temps impliquant entre 15 et 20 brebis.
Entre l’ours et le loup, les éleveurs et bergers ariégeois ne sont pas près d’avoir du répit.
C.L.