Le 18 octobre, la préfecture de l’Ariège résonnera au son des cors des chasseurs et des bruits de la foule pour soutenir les six représentants convoqués au tribunal.

À l’approche de l’audience des représentants du monde rural que sont Rémi Toulis, Cédric Munoz, Clémence Biard, Philippe Lacube, Jean-Luc Fernandez et Jean-Pierre Mirouze, chacun d’entre eux s’exprimera dans Terres d’Ariège chaque semaine.

Après les deux représentants de la FDSEA et celle des Jeunes Agriculteurs, c’est au tour de Jean-Pierre Mirouze, co-président de l’Aspap de s’adresser à vous.

Trois question à …

Quel est votre parcours agricole ?
Jean-Pierre Mirouze :
Je me suis installé en 1987 après l’armée et des études agricoles. J’ai rejoint l’exploitation familiale, à Saint-Bauzeil, où il y avait déjà mes grands-parents et mes parents grâce au rachat d’une exploitation attenante. Au total, nous avions 25 mères Gasconnes des Pyrénées et 220 brebis Tarasconnaises. Aujourd’hui, je suis associé à mes frères. Nous sommes en polyculture élevage avec 95 mères Gasconnes des Pyrénées et 580 brebis, toujours Tarasconnaises, et 220 hectares de propriété. Grâce aux cultures, nous sommes autonomes en céréales et en foin sec. Nos bêtes transhument tout l’été dans la vallée de l’Aston. L’estive est, pour nous, la continuité logique de notre exploitation. Les vaches et les brebis sont directement engraissées à la ferme pour les commercialiser en circuit court à des bouchers ou pour la restauration.

Et votre parcours politique ?
J-P.M. :
Je suis engagé à l’association pour la sauvegarde du patrimoine d’Ariège Pyrénées (Aspap, ndlr) depuis le premier jour en 2006. Au début, je n’ai pas intégré le conseil d’administration, j’étais uniquement adhérent. Puis au fil des années, je me suis un peu plus impliqué. Lors de la création de cette association, nous avons fait le choix d’avoir trois co-présidents car nous savions qu’elle ne ferait pas l’unanimité. Parmi les présidents, nous avons toujours un élu du territoire. Il y a six ans environ, on m’a demandé d’être cet élu co-président, un rôle que j’ai accepté. En effet, j’ai entamé en 2020 mon troisième mandat en tant que maire de la commune de Saint-Bauzeil. Je suis également investi au bureau de la fédération pastorale de l’Ariège, en tant que président de mon groupement pastoral, puis en tant qu’administrateur au Crédit Agricole.

Comment appréhendez-vous l’audience à venir ?
J-P.M. :
Cela fait une quinzaine d’années que l’Aspap est cataloguée comme étant contre les associations écologistes et la réintroduction de l’ours. En tant que co-président, j’ai en quelques sortes l’habitude de batailler pour défendre mes idées. J’irais donc serein au tribunal le 18 octobre. Bien sûr, nous allons devoir mettre des moyens pour nous défendre mais j’ai confiance en notre avocat. Cependant, ce qui m’effare, c’est que la justice a de nombreux dossiers à traiter, un cas comme le notre aurait pu être mis de côté. Cela prouve qu’aujourd’hui les associations environnementalistes sont de plus en plus considérées même si elles sont extrémistes. Je me battrais pour faire entendre ma voix, ce n’est pas des extrémistes qui apporteront la solution à nos problèmes. Chaque matin, je me lève pour préserver la montagne, la biodiversité et apporter aux consommateurs de la nourriture de qualité. Le jour de la manifestation de 2018, si les représentants des structures n’avaient pas été présents, il y aurait eu une catastrophe, en particulier en raison de la tension ambiante liée aux nombreuses prédations dans le Couserans. En nous attaquant, ils cherchent à nous faire taire mais plus ils s’en prendront à nous et plus nous nous exprimerons.

Jean-Pierre Mirouze, co-président de l’Aspap

C.L., pour FDSEA et JA09