Face aux événements liés à la prédation ursine qui se succèdent, les élus et parlementaires ariégeois ont demandé une rencontre avec les ministres de l’Agriculture et de la Transition écologique.

Déjà, le 30 août, Christine Téqui, présidente du conseil départemental, Philippe Lacube, président de la chambre d’agriculture, et Alain Servat, président de la fédération pastorale de l’Ariège, avaient adressé un courrier de quatre pages aux ministres de l’Agriculture et de la Transition écologique demandant une rencontre avec ces derniers.

En raison des récents événements et en particulier du dérochement de 180 brebis le 12 septembre, les parlementaires, Laurent Panifous, député de la 2e circonscription de l’Ariège, et Jean-Jacques Michau, sénateur du département, se sont joint aux élus locaux pour à leur tour adresser un courrier à chacun des deux ministres déjà sollicités. Un courrier co-signé expédié le 23 septembre.

« Nous avons été surpris de recevoir une réponse du ministre de l’Agriculture le lendemain à 15h. Une réponse qui laisse présager une rencontre dans peu de temps. La date du 3 novembre a déjà été arrêtée bien que le lieu lui ne le soit pas encore« , informe Jean-Jacques Michau.

Des attentes précises

Pour autant, les élus ariégeois ont des attentes précises pour cette rencontre. En effet, comme formulé dans leur premier courrier, ils souhaitent rencontrer les deux ministres, non pas des responsables de cabinet, et en même temps.

« Cela fait trop longtemps que chaque ministère prend un parti différent sur la question de l’ours. Nous voulons une réponse concrète de ces derniers. Quelle qu’elle soit, nous voulons une vraie réponse. Sont-ils en faveur de l’Homme ou de l’ours dans nos montagnes. Il est temps que l’État se prononce« , argumente Christine Téqui.

De plus, les élus comptent formuler trois questions précises lors de ce rendez-vous :

  • L’État considère-t-il que la parole du territoire ne doive pas être entendue s’il est opposé à la cohabitation, comme cela a été le cas dans les décisions du tribunal administratif ;
  • Va-t-il faire un recours à la décision du tribunal ? S’il ne le fait pas, cela signifierait qu’il accepte que l’ours passe avant les Hommes ;
  • La remise en place de l’effarouchement est-elle envisageable ?

« La décision du tribunal a fait très très mal au monde agricole. Elle écarte la seule mesure qui nous a été donnée en près de 20 ans, expose Philippe Lacube. Les éleveurs sont vraiment en souffrance et ils ne savent plus quoi faire.« 

De plus, en date du 20 septembre, les chiffres des pertes animales dues à la prédation était au plus haut en cinq ans après 2019 avec 882 bêtes mortes.

« On observe une réelle augmentation des prédations sur les bovins. Aujourd’hui, justifier une prédation bovine est une réelle bataille. De plus, depuis cette année, les bêtes déclarées 72h après leur mort ne sont pas indemnisées ni comptabilisées dans les données de l’État. Le bilan final risque d’être bien plus important que les chiffres annoncés aujourd’hui« , ajoute le président de la chambre d’agriculture.

Une mauvaise surprise

Au cours de cette conférence de presse, les médias ont appris au élus le départ de Denis Olagnon, préfet ours nommé en mai. Ces derniers n’avaient aucunement connaissance de cette information. La surprise était telle que Christine Téqui s’est emportée : « C’est scandaleux, nous nous demandions si les territoires ruraux étaient les oubliés de la République, je crois que nous avons notre réponse !« 

Laurent Panifous a lui aussi pris la parole : « Je suis choqué, nous sommes les premiers concernés et l’on n’a pas considéré utile de nous informer. Pour l’État, la question de l’ours n’est qu’un dossier parmi tant d’autres. Pour nous, c’est la vie dans nos territoires. Moi-même fervent randonneur, je n’y vais plus seul et j’évite certains territoires par peur de faire face à un plantigrade« .

Les élus mettent donc tous les espoirs dans ce possible rendez-vous du 3 novembre pour avoir des réponses.

C.L.