Un mois après les premières montées des troupeaux en estive, le bilan est déjà bien engagé en ce qui concerne le nombre d’attaques imputées à l’ours.

Alors que la saison 2020 s’était clôturée au 10 octobre avec un total de 538 dossiers déposés et environ 900 bêtes reconnues attaquées par l’ours et 26 ruches, la saison 2021 commence elle aussi sur les chapeaux de roues, en particulier dans le Couserans.

En effet, en date du 1e juillet, 80 constats de dommage étaient recensés par la direction départementale des territoires (DDT). Les chiffres publiés par la DDT montrent que sur la même période, 23 dossiers de moins qu’en 2020 ont été déposés auprès de l’État. On observe également 56 ovins de moins, un bovin de moins mais autant d’équins.

Chiffres récents

Le 8 juillet, le site Info-Ours recensait 16 dossiers de constats supplémentaires pour atteindre 96. Vingt-huit d’entre eux, déclarés entre le 11 juin et le 5 juillet, étaient encore en cours d’expertise par l’office français de la biodiversité (OFB).

Sept constats ont été qualifiés de “faux”, neuf se sont vu attribué l’étiquette “mortalité indéterminée” et enfin
52 ont été avérés vrais.

Tous ces constats concernaient au moins une bête morte ou fortement blessée. Au total, à cette date, 124 bêtes ont fait l’objet d’une déclaration. Parmi elles, 115 ovins, trois bovins, cinq équins et un patou.

Pour autant, sur l’intégralité des attaques recensées sur le site, seules 52 sont qualifiées de vraies ce qui concerne 66 ovins et un équin. Trente-quatre bêtes font toujours l’objet d’expertises dont l’unique chien recensé.

Le dossier le concernant a été enregistré le 29 juillet. Il se trouvait sur une estive dans la commune de Seix au sein du groupement pastoral (GP) d’Arréou. Il est le troisième patou ariégeois à subir une attaque depuis 2017.

Cependant, au cours de cette saison, il n’est pas le seul à avoir été attaqué. Il y en a également eu un en Haute-Garonne et un dans les Hautes-Pyrénées.

Départements épargnés

Alors que l’Ariège subit les foudres de l’ours, les autres départements de la chaîne pyrénéenne semblent être relativement épargnés.

L’Aude et les Pyrénées-Orientales n’enregistrent aucune attaque ou présence de l’animal. Un constat a été fait dans les Pyrénées-Atlantiques, 13 dans les Hautes-Pyrénées avec un total de 21 bêtes touchées et 19 sont en cours d’expertise en Haute-Garonne avec 30 animaux concernés.

Soit pour cinq départements presque autant que dans la commune de Sentein qui compte déjà 31 attaques au total, bien que toutes ne soient pas imputées à l’ours ou pas encore expertisées.

À Sentein, trois lieux ont particulièrement été touchés : le lieu-dit Laspé, le GP d’Ourdouas et celui d’Uret-Bentaillou.

Dans ce que l’on pourrait tristement appeler le top 3 des communes les plus toucher, il y a donc d’abord Sentein avec 31 attaques, suivi par Bordes-Uchentein avec neuf dossiers puis, à égalité au pied du podium avec huit constats, les communes de Couflens, Saint-Lary et Ustou.

Toutes sont situées dans le Couserans dans un périmètre d’environ 40 kilomètres en bordure de la frontière espagnole. Quelques dommages ont également été relevés en Haut-Ariège et en particulier dans les communes du Port et d’Auzat.

Bien que les chiffres officiels publiés par la DDT montrent une baisse du nombre de dossiers en comparaison à 2020, la saison est loin d’être terminée et la réception de vidéos automatiques représentant des ours dès la mi-février ne présage pas une année positive pour les troupeaux en estive.

Une concertation à l’échelle du massif

Les représentants des chambres d’agriculture, des FDSEA, des Jeunes Agriculteurs, des syndicats ovins de tous les départements du massif pyrénéen ainsi que les associations de défense du pastoralisme se sont réunis lundi
12 juillet à Saint-Gaudens à l’occasion d’un séminaire sur la prédation en général. Alors que le travail était principalement fait sur l’ours dans le massif, les élus ont conjointement décidé d’aborder la question de la prédation dans son ensemble en y incluant le loup, le lynx et le vautour.
L’une des priorités de la profession est de dissocier le pastoralisme à l’ours car ils sont toujours mentionnés conjointement et de communiquer sur le pastoralisme et son apport pour la biodiversité. Les élus souhaitent également le retrait du plan ours et la création d’une gouvernance locale à l’échelle du massif comme le prévoient les textes européens et comme l’a promis le chef de l’État en janvier 2020.
Enfin, la dernière demande des élus est d’autoriser les tirs de défense létaux par les bergers pour qu’ils puissent se protéger face aux attaques mais également pour que les ours aient de nouveau peur de l’homme. Ces derniers sont en attente d’un rendez-vous avec le préfet coordinateur de massif afin d’aborder la question de la prédation.

C.L.