Mercredi 25 janvier, Philippe Lacube, président de la chambre d’agriculture, a présenté ses vœux à la presse. L’occasion de présenter les projets de la chambre consulaire pour l’année 2023.

« Aujourd’hui, l’agriculture ariégeoise fait face à un enjeu important quant à la transmission des exploitations. Au total, 60 % des exploitants du département ont plus de 50 ans et la moitié d’entre eux plus de 60 ans« , entame Philippe Lacube, président de la chambre d’agriculture de l’Ariège.

Une réalité aux conséquences élevées en particulier avec la définition d’agriculteur actif qui a fait son entrée dans les critères d’attribution de la politique agricole commune (Pac) en ce début d’année 2023. « Afin de percevoir ces aides européennes, un exploitant devra justifier avoir moins de 67 ans. Cet âge est en effet devenu une limite quant à l’attribution de la Pac« , étaye le président.

Élevage

Outre le renouvellement des générations, la ferme Ariège fait face à un autre défi, celui de la décapitalisation des bovins. En un an, le département a perdu 5 % de son cheptel selon la chambre consulaire soit 3.500 vaches reproductrices en moins sur une base de 65.000 bêtes.

« Cette baisse s’explique par plusieurs facteurs, précise Emmanuel Lecomte, directeur de la chambre d’agriculture. Tout d’abord, la consommation de viande bovine baisse d’année en année ce qui n’encourage pas l’augmentation des cheptels. De plus, le manque de stock de fourrage dus à la sécheresse a inquiété plusieurs éleveurs qui ont fait le choix de profiter des cours hauts de la viande pour réformer leurs bêtes. Mais l’impact de la sécheresse se fera sûrement plus ressentir en 2023. Enfin, la population d’éleveurs étant vieillissante, bon nombre d’entre eux réduisent peu à peu leur cheptel avant de vendre leur exploitation. »

Cultures et eau

Pour ce qui est des cultures, les rendements ont été selon Philippe Lacube, catastrophiques en 2022 pour les cultures en sec et en baisse pour les cultures irriguées.

« Nous avons observé une réelle fracture entre les cultures en sec et celles qui bénéficiaient de l’irrigation. Aujourd’hui, on considère l’année 2022 comme exceptionnelle mais les climatologues prévoient que les chaleurs que nous avons vécu cet été soient la moyenne d’ici 2050, développe le président. C’est en partie la raison pour laquelle nous organisons le 6 février des assises de l’eau en présence de nombreux représentants des utilisateurs de l’eau : associations, sociétés d’énergie… »

Lors de ces assises, neuf interventions d’usagers de l’eau seront proposées ainsi que des ateliers thématiques afin de réfléchir conjointement au multiusage de l’eau. L’objectif de cette journée de travail est d’avoir des orientations sur lesquelles travailler.

Valorisation et aides

L’un des gros projets agricoles de l’année 2023 est également la structuration de la filière viande par le biais de la marque territoriale Nòu Ariège Pyrénées.

« Nous avons entamé un gros travail sur la filière des bovins dans un premier temps avec pour objectif de mettre en lien des éleveurs commercialisant leurs bêtes en filière longues avec des opérateurs locaux qui quant à eux travailleront avec des restaurateurs locaux. À ce jour, une plus-value de 30 centimes par kilo carcasse a été négociée avec les opérateurs Rumeau viande et Arterrris« , ajoute Philippe Lacube.

En parallèle, cet hiver, un aliment 100 % ariégeois est testé dans plusieurs élevages bovins et ovins.

Le second changement de cette nouvelle année est la réforme de la Pac. Cette thématique complexe sera expliquée aux exploitants du département à travers sept réunions territoriales organisées par la chambre consulaire […].

Grippe aviaire et prédation

L’arrivée surprenante de l’influenza aviaire sur le territoire de l’Ariège crée également des interrogations au sein de la structure. Jusqu’alors saisonnier, ce virus est présent toute l’année et inquiète quant à l’avenir des exploitations avicoles du département.

Enfin, la question de la prédation a été abordée avec une hausse du nombre de bêtes prédatées lors de la saison d’estive 2022. « La venue du ministre le 20 février sera l’occasion pour nous de lui faire un certain nombre de demandes« , conclut Philippe Lacube.

C.L.