Plus de trente personnes se sont réunies le 27 octobre à l’occasion de la visite de trois exploitations agricoles par la préfète de l’Ariège. Cette journée, organisée par la FDSEA et les JA, a permis à Chantal Mauchet d’aborder avec les agriculteurs du département des sujets sensibles pour la profession.

11h – 12h30 Exploitation de Patrick Razou, céréalier et éleveur bovin lait à Lapenne

La journée à commencé à Lapenne où trente personnes étaient réunies sur l’exploitation de Patrick Razou, installé depuis plus de 20 ans en polyculture élevage laitier. Après une présentation de chacune des personnes présentes dans l’assemblée, la question de la disparition des exploitations laitières a été soulevée. En effet, très nombreux il y a une dizaine d’année, les éleveurs laitiers ne sont plus qu’une cinquantaine sur toute l’Ariège. Chantal Mauchet a affirmé sa volonté de travailler avec les services de l’État, la chambre d’agriculture et les syndicats pour redévelopper cette filière en perdition dans le département. La succession des crises laitières, les nouvelles réglementations sanitaires pour les animaux et les impératifs horaires liés à l’élevage laitier freinent les jeunes à se lancer dans cette voie. “Aujourd’hui, nous vendons nos veaux entre 20 et 50 €. Ce prix ne couvre même pas les frais sanitaires qui nous sont imposés à leur naissance. C’est décourageant de travailler à perte. Le prix du litre de lait est au plus bas. Comment-voulez vous convaincre des jeunes de s’installer ?” argumente Patrick Razou. Pour essayer de trouver un équilibre sur son exploitation, l’éleveur s’est diversifié grâce aux cultures. “J’ai 100 hectares de cultures. Ils me permettent d’avoir une autonomie fourragère les bonnes années, c’est déjà une bonne chose. Mais ça reste tout de même compliqué de travailler dans cette filière,” ajoute l’éleveur.

12h45 – 14h45 Exploitation de Sébastien et Maxime Durand céréaliers et éleveurs ovins à Saint-Félix-de-Tournegat

La journée s’est poursuivie sur l’exploitation de Sébastien et Maxime Durand, céréaliers et éleveurs ovins. Cette exploitation familiale, existant depuis quatre générations, a principalement misé sur l’innovation et la diversification mais surtout sur l’agriculture raisonnée. “Nous travaillons beaucoup sur la variation de l’assolement pour limiter notre utilisation d’intrants. Nous possédons un tracteur à chenilles, pour préserver les sols. Nous avons aussi été parmi les premiers dans le département à investir dans des pivots connectés et à équiper nos bâtiments de panneaux photovoltaïques,” développe Sébastien Durand. Dans cette exploitation, vue comme l’une des plus innovantes du département, chaque intervention sur les sols est étudiée en amont, que ce soit l’irrigation, les traitements ou encore les semis. “Tout cet investissement technologique ne se fait pas du jour au lendemain. Pour compenser l’achat de matériel innovant, nous avons dû agrandir notre exploitation pour nous garantir un revenu, ce n’est pas donné à toutes les exploitations de faire ce que nous faisons,” précise Maxime Durand. Un travail minutieux est aussi fait sur le cheptel ovin. En effet, une ration complète (mélangeuse) est distribuée et adaptée quantitativement aux besoins de chaque lot de brebis selon l’agnelage. “Nous avons, grâce à une bonne maitrise de la rotation alimentaire et grâce aussi à la race Romane, un taux de fertilité de 92 % (en lutte naturelle) et une productivité numérique de 2,5 agneaux par brebis,” étaye Sébastien Durand. À cette diversification s’ajoute la construction d’une unité de méthanisation. “Ce sont des projets qui prennent beaucoup de temps à être mis en place mais qui nous tiennent à cœur car ils sont en faveur de l’environnement même s’il arrive que le grand public en doute,” conclut Maxime Durand.

15h – 16h30 Exploitation de Simon Bellot apiculteur à Coussa

Enfin, la journée de visite s’est terminée sur l’exploitation de Simon Bellot, apiculteur professionnel installé depuis une dizaine d’années à Coussa. Ce dernier a tenu à remercier la FDSEA et les JA d’être à l’initiative d’une rencontre entre un apiculteur et une préfète. “C’est, il me semble, la première fois que ça arrive et je suis heureux que ce soit chez moi.” La particularité d’un apiculteur est qu’il ne possède pas de foncier. Il doit donc travailler en partenariat avec les professionnels, les particuliers et certains les services de l’État pour que ses colonies puissent être en capacité de produire. “Il est important pour moi de vous rappeler que la coopération entre agriculteurs et apiculteurs est indispensable. Notre travail est complémentaire. Nos abeilles aident à la pollinisation des cultures et la présence des cultures aide à la production de miel. C’est la raison pour laquelle depuis plusieurs années, je propose aux agriculteurs du département des prestations de pollinisation de leurs cultures, en particulier du colza et du tournesol semence,” soutient Simon Bellot. Le travail d’apiculteur consiste aussi à assurer le maintien du nombre de ruches productives. Outre les ruches que l’on peut voir à proximité des champs, les apiculteurs possèdent également d’autres ruches plus petites utiles au renouvellement de leur cheptel. En effet, la mortalité des abeilles est un réel problème aujourd’hui. “On ne va pas se mentir, certains produits chimiques sont toxiques pour les abeilles mais les céréaliers en ont besoin pour protéger leurs cultures. C’est pour cela que nous devons travailler main dans la main. Nous allons élaborer une charte avec la FDSEA pour aider apiculteurs et agriculteurs à communiquer pour une meilleure cohabitation. En outre, l’interprofession, créée il y a deux ans, va nous permettre d’approfondir nos connaissances et nos moyens de lutte contre le varroa, un acarien parasite des abeilles qui affaiblit nos colonies. Nous avons aussi besoin de développer notre savoir sur les conditions des miellées,” projette Simon Bellot. Pour clôturer cette journée, Chantal Mauchet a tenu à remercier la FDSEA et les JA pour l’organisation de cette journée qui a eu, selon elle, des vertus très pédagogiques.