Rémi Toulis, Clémence Biard et Philippe Lacube ont rencontré Thibault De Cacqueray, conseiller technique dédié aux territoires de Jean Castex à l’occasion de la venue du Premier ministre en Ariège samedi 4 février.

Dès l’annonce de la venue de Jean Castex en Ariège, les syndicats FDSEA et Jeunes Agriculteurs de l’Ariège ont adressé à la préfecture une demande d’entretien avec le Premier ministre.

En raison de son emploi du temps chargé, Jean Castex n’a pas pu recevoir les syndicats. Cependant, ils ont, accompagnés de Philippe Lacube, président de la chambre d’agriculture de l’Ariège, obtenu une entrevue avec Thibault De Cacqueray, conseiller technique dédié aux territoires du Premier ministre, ainsi qu’avec Stéphane Defos, directeur départemental des territoires. Maud Faipoux, conseillère agricole était également en ligne depuis Paris pour échanger avec les élus locaux.

Rendez-vous par défaut

Philippe Lacube a entamé cette rencontre en soulignant le fait que les professionnels auraient préféré être reçus par Jean Castex lui-même. “Nous pensions qu’un sujet tel que l’agriculture méritait une place dans son agenda, c’est dommage qu’il ait fait impasse sur celui-ci. Nous avons accepté ce rendez-vous avec vous à défaut de pouvoir le rencontrer”, confie-t-il.

À cela, Maud Faipoux et Thibault De Cacqueray ont tout deux affirmé l’intérêt du Premier ministre pour la thématique agricole. “Il m’a d’ailleurs chargé de vous dire qu’il était désolé de ne pas avoir pu vous rencontrer”, ajoute Thibault De Cacqueray.

Philippe Lacube a ensuite enchaîné avec le premier sujet que les professionnels souhaitaient aborder avec les représentants de l’État : la prédation.

Life Ours Pyr et Parlement avenir montagne 09

Nous avons en Ariège 80 à 90 % de la population d’ours présente sur la chaîne des Pyrénées dont entre 60 et 80 plantigrades uniquement dans la partie la plus à l’Ouest du département, dans le Couserans. La prédation pèse grandement sur l’agriculture ariégeoise et son développement. Nous avons la sensation que ce dossier est géré de façon opaque par le ministère de la Transition écologique et la Dreal sans prendre en considération l’avis du monde agricole”, commence le président.

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L’élu a ensuite abordé la création du Parlement avenir montagne (PAM) 09 et en particulier le fait que l’État n’occupait pas les cinq places qui lui étaient attribuées dans ce parlement. La problématique de la responsabilité des éleveurs par rapport aux Patous et à leurs salariés présents en montagne, l’un des premiers sujets portés par le PAM 09, a ensuite été soulevée.

À ce jour, la jurisprudence a condamné les éleveurs pour tous les accidents entre Patous et randonneurs qui ont eu lieux. Or, ces chiens sont dans nos montagnes sur obligation de l’État afin de protéger des troupeaux dans le cadre de la conditionnalité. Il faut qu’une position soit rapidement prise sur cette question”, argumente Philippe Lacube.

Protection et prélèvement

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Sur l’existence du PAM 09, Maud Faipoux avoue ne pas comprendre la raison de sa création car “le groupe pastoralisme et ours permet déjà de dialoguer et prendre des décisions sur cette thématique”.

Philippe Lacube a immédiatement réagi en soulevant le fait que, depuis la création de ce groupe et même avant, les professionnels n’étaient pas écoutés tout en ajoutant que tous les acteurs de la montagne étaient représentés au sein du PAM 09.

Pour ce qui est de la responsabilité des Patous, la conseillère a souligné qu’un travail mis en place par le préfet loup était en cours depuis quelques semaines et que l’État étudiait toutes les possibilités juridiques au plus vite.

Aller vite ne suffit pas. Aujourd’hui, à trois mois de la montée en estive, de nombreuses associations de bergers refusent de monter sans savoir à qui reviendrait la responsabilité en cas d’attaque d’ours ou de Patous”, souligne Rémi Toulis, président de la FDSEA.

Environnementalistes omniprésents

Clémence Biard est ensuite intervenue pour aborder le sujet des associations environnementalistes. “Aujourd’hui, ces associations n’ont aucune légitimité, leurs arguments sont infondés et ils ne transmettent aucune donnée technique pour autant elles ont aux yeux de l’État une place prépondérante dans les décisions”, développe-t-elle.

La présidente a rappelé la présence des professionnels ariégeois dans les rues de Foix le 31 janvier pour protester contre l’impact que peuvent avoir ces associations sur leur métier.

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Simplifications administratives

Rémi Toulis a enchéri en parlant de la lourdeur des démarches administratives à réaliser pour les agriculteurs. “À chaque présidentielle, les candidats affirment que les dossiers seront simplifiés mais cela n’arrive jamais. Nous devons passer un temps considérable dans nos bureaux mais aussi auprès de Sylvie Feucher et Stéphane Defos pour défendre et accompagner des dossiers de plus en plus complexes”, étaye le président.

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Cow-boys et découragement

En conclusion, les élus départementaux ont soulevé les problèmes auxquels les exploitants du département faisaient face avec les agents de l’office français de la biodiversité, souvent qualifiés de “cow-boys”.

Ils sont particulièrement agressifs envers les agriculteurs. Ces agents sont prêts à nous sanctionner à tout moment et c’est très oppressant pour les professionnels qui ne font que leur travail”, se désolent Philippe Lacube et Clémence Biard.

De manière générale, notre profession fait face à un découragement des actifs qui se retrouvent devant une minorité anti-tout qui bien souvent est plus écoutée que la majorité”, ajoute Rémi Toulis.

Enfin, tous trois ont reconnu les mérites de Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation qui au cours de son mandat a été à l’écoute de la profession tout en précisant qu’ils seraient prêts à le recevoir dans le territoire ariégeois.

C.L. pour FDSEA et JA