Fabien Metge est un jeune agriculteur de 29 ans installé en grandes cultures sur la plaine ariégeoise, il expose son métier et sa passion.
Lundi 17 mai dernier les Jeunes Agriculteurs de l’Ariège ont rencontré Fabien Metge, adhérent auprès du syndicat depuis trois ans. Il reste important pour le syndicat jeune de valoriser ses adhérents, ce quatrième portrait de l’année met en avant la filière grandes cultures.
Un parcours semé de curiosités
Depuis tout jeune, Fabien Metge a grandi sur un territoire de plaine ariégeoise dans une famille d’agriculteurs céréaliers, sur la commune de Villeneuve-du-Paréage. Son père était double actif avec 30 hectares de terres. Entre mécanique et agriculture, le goût pour la culture céréalière lui a été transmis.
“Après mon BEP et mon BAC CGEA au lycée agricole de Pamiers en 2012, j’ai souhaité accroître mon expérience en passant un BTS production végétale en alternance sur la commune de Lavaur. J’ai pu continuer mes études tout en étant en apprentissage chez Rémi Toulis, ce qui m’a permis d’attiser ma curiosité sur une diversité des domaines en lien avec la grande culture”, détaille Fabien.
Une installation réfléchie
Pendant deux ans, le jeune céréalier s’est construit un savoir-faire valorisé par six mois d’embauche en CDD chez la famille Toulis ainsi que cinq ans de CDI sur l’exploitation céréalière de Jérôme Sottana sur la commune des Pujols.
“Après presque dix ans en tant qu’ouvrier agricole, j’ai fait le choix de m’installer seul en 2019. J’ai récupéré les contrats de mon père sur son exploitation et repris une exploitation voisine sur Villeneuve-du-Paréage tout en étant encore embauché la même année. Cela m’a permis de subvenir à une partie de mes besoins pour l’installation et de mettre toutes les chances de mon côté pour réussir”, ajoute Fabien.
Lors de son installation en hors cadre familial, le jeune céréalier disposait de 103 ha dont 50 ha en maïs semence et 53 ha pour le blé, le soja et le tournesol. En 2020, il décide de produire du colza semence pour atteindre une activité toute l’année et se garantir un fonds de roulement annuel. Aujourd’hui, Fabien compose avec 106 ha en location et 27 ha en prestation de services dont 55 ha en maïs semence, 13 ha de colza semence et le reste en culture céréalière.
“Lors de mon installation, j’ai décidé de ne pas investir directement sur du foncier ce qui m’a permis de me fournir en matériel avec un investissement plus faible en tenant compte de m’assurer convenablement. Il est impensable dans mon domaine de ne pas être assuré. Les aléas climatiques sont trop impactants et peuvent détruire une exploitation. Ensuite, j’ai modifié le protocole de maïs semence qui était établi à 3/1 avant mon installation, et suis passé à 3/2 pour les semis. Mon passage en haute densité me permet de produire davantage”, expose le jeune agriculteur.
Fabien adhère également à une Cuma pour diminuer son coût d’achat de matériels et partager avec d’autres agriculteurs. “Le fait d’adhérer à une Cuma me permet de faire beaucoup d’économies mais cela demande une grande capacité d’organisation, car pendant la période des moissons, par exemple, les céréaliers demandent le même matériel sur la même période, ce qui peut poser quelques difficultés. Je reste tout de même attaché au fait de se partager le matériel surtout pour des jeunes agriculteurs qui débutent. Cela me permet de m’organiser à long terme et d’avoir de la visibilité sur mon activité.”
De la production à la commercialisation
La production grandes cultures dépend des cours des céréales en France. Les prix sont variables toute l’année avec des périodes plus ou moins avantageuses pour la vente.
“Sur mon exploitation, je pratique la castration des maïs, aux environs du 15 juillet jusqu’au 15 août. Je recrute moi-même 50 à 60 jeunes pour cette période propice. Pour ce qui est du colza et de la culture céréalière le ramassage s’organise pour la période de septembre à novembre, et pour la vente de ma production de novembre à avril. Je ne suis pas encore en capacité de profiter des prix les plus avantageux des céréales, car je dois me créer un fond de trésorerie convenable toute l’année. Je pense que d’ici trois ans, je pourrais enfin sortir la tête de l’eau et disposer d’une marge de manœuvre plus intéressante. J’arrive tout de même depuis 2020 à me dégager un salaire décent”, explique Fabien.
Le jeune agriculteur vend la totalité de ses récoltes avec la coopérative agricole de la plaine de l’Ariège (CAPA) pour la production céréalière et le groupe RAGT pour la production semencière. La difficulté décrite par Fabien dans le cadre de la vente des produits semenciers est la période des paiements freinant le développement de son exploitation.
“En effet, pour commercialiser ma production quatre temps de rémunérations sont mis en place, au mois d’août un premier paiement est effectué pour que je sois en capacité d’embaucher de la main-d’œuvre pour la castration des maïs, en novembre, le groupe RAGT me rémunère pour mes récoltes, en décembre, je perçois un premier solde de paiement et en mars, je reçois un deuxième solde qui fluctue en fonction des charges, des maisons de semence, de la variété, et du prix du maïs consommation”, décrit le jeune agriculteur.
La plaine de l’Ariège
Fabien Metge connaît du bout des doigts sa terre natale, il a toujours travaillé ce foncier depuis l’enfance. La plaine ariégeoise du côté de Villeneuve-du-Paréage est une terre très hétérogène qui demande une adaptation constante du matériel employé pour chaque parcelle exploitée.
“Les terres que j’exploite sont à 50 % alvion (caillou) et 50 % terres fortes (argiles), ce qui me demande de choisir mon matériel en fonction de la structure de mon sol. Je m’adapte continuellement et enrichis mon savoir-faire”, ajoute Fabien.
Des projets futurs
Fabien souhaite pouvoir allier vie professionnelle et vie familiale. Actuellement sa maison d’habitation à distance de son exploitation ne lui permet pas d’en profiter pleinement.
“Je désire créer un confort de vie qui puisse m’éviter une trop grande fatigue. Au-delà de construire ma maison au plus proche de mon exploitation, je souhaite construire un hangar photovoltaïque pour stocker du matériel et créer un atelier mécanique pour faciliter mon travail. Actuellement, je ne suis pas dans des conditions convenables pour voir grandir mon fils”, expose le jeune père de famille.
Adhérent chez les jeunes agriculteurs de l’Ariège : pourquoi ?
Pour l’avenir de son exploitation, le jeune céréalier souhaite mettre toutes les chances de son côté. Il adhère au syndicat pour encourager la dynamique collective des Jeunes Agriculteurs.
“C’est un réseau qui me permet d’être soutenu en cas de problème. Je suis prévoyant, et adhérer au syndicat me permet de créer du réseau, pour également échanger sur d’autres sujets que celui des grandes cultures. Ce syndicat regroupe une multitude de profils d’agriculteurs et d’expériences variées. Cela m’enrichit et me donne une vision globale de l’agriculture contemporaine.”
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