La FDSEA et les Jeunes Agriculteurs 09 ont échangé avec la préfète de l’Ariège et les services de l’État le 3 septembre dernier sur les sujets brûlants de l’agriculture ariégeoise.

ZNT et charte de bon voisinage

Pendant plusieurs mois, en étroite collaboration avec la chambre d’agriculture, les syndicats ont rédigé la charte des riverains dans le contexte des zones de non-traitement (ZNT). Suite à une phase de consultation des citoyens français qui s’est terminée le 19 juin dernier, les avis ont été transmis à la préfète et pris en compte dans la rédaction de cette charte.

Maintenant entre les mains de Chantal Mauchet, préfète de l’Ariège, le document est en attente de validation (en date du mercredi 9 septembre).
Pour rappel, les distances minimales imposées par le Gouvernement sont de dix mètres pour la vigne et l’arboriculture et de cinq mètres pour les autres cultures (voir schéma). La signature d’une charte permet aux agriculteurs de réduire ces distances et de passer de dix à cinq mètres et de cinq à trois mètres, mais ce uniquement si la préfecture donne son accord.

La charte a été rédigée en toute transparence, les élus syndicaux impliqués dans sa rédaction ont dès le début souhaité la rendre accessible au grand public. Maintenant, il faut qu’on nous la valide surtout que les prochains semis arrivent vite,” a développé Sébastien Durand, élu en charge du dossier environnement à la FDSEA, face à la préfète.

Depuis juin, les syndicats FDSEA et JA ne cessent de relancer la préfecture quant à la signature de cette charte afin de pouvoir accompagner au mieux les exploitants du département.
Une fois la charte signée, les distances ne pourront être réduites que si les agriculteurs du département utilisent des matériaux récents équipés de buses anti-dérives.

Ainsi, pour ceux qui ne seraient pas encore dotés de cette technologie, France AgriMer subventionne l’achat de matériel adapté pour respecter les exigences gouvernementales. Cette aide peut s’élever à 40.000€ maximum.
Les exploitants intéressés par celle-ci peuvent se rendre sur le site de France AgriMer (www.franceagrimer.fr) afin de consulter le dossier de demande de subvention. Ces derniers peuvent le remplir jusqu’au 31 décembre 2020 dans la limite des crédits disponibles selon l’enveloppe accordée par l’État.

Calamité agricole, une réussite syndicale

Le mois de janvier 2020 a connu une pluviométrie exceptionnelle. Cette dernière a provoqué de nombreuses inondations le long de la rivière de l’Hers.
Des centaines d’hectares ont été ravagés par l’eau, y laissant cailloux, branches, sables, graviers…
Ces deux jours-là, nos téléphones n’ont pas arrêté de sonner. Beaucoup de collègues nous ont appelé pour nous dire que les berges s’étaient littéralement effondrées, ils ont perdu énormément de terre. Résultat : une partie de ces parcelles n’a pas pu être cultivée cette année. En tant que syndicat, nous devions agir vite,” ont raconté Clémence Biard, présidente des JA09 et Sébastien Durand.

Dans les jours qui ont suivi la tempête, les syndicats ont organisé une visite de parcelles avec les services de la direction départementale des territoires (DDT) ainsi que les élus de la chambre d’agriculture.
Grâce à la réactivité de la FDSEA et des JA, le caractère de calamité agricole a pu être reconnu dans 31 communes du département (voir carte) suite au passage de la tempête Gloria. Ainsi, une procédure d’indemnisation des pertes de fonds a été ouverte par la DDT.
Les agriculteurs touchés ont jusqu’au 1e octobre pour déclarer leurs pertes de fonds (sol, travaux de remise état, réfection de dignes ou de berges, clôtures mono fil ou multi fils, ruches et cheptels vifs…).

Les conditions d’éligibilité à l’indemnisation sont les suivantes :
– exercer une activité agricole dans la production primaire et être actif,
– être assuré a minima pour les incendies ou dans certains cas pour la grêle ou la mortalité du bétail,
– avoir une exploitation en partie ou en totalité dans la zone concernée,
– avoir subi des dommages reconnus par l’arrêté de reconnaissance,
– ne pas être assuré pour ces dommages,
– ne pas être en difficulté financière,
– le montant des dommages reconnus doit atteindre le seuil de 1.000€.

Des justificatifs seront demandés au moment de la demande d’indemnisation.
Le document de déclaration est à retrouver sur le site de la préfecture de l’Ariège (www.ariege.gouv.fr) dans l’onglet Politiques publiques > Agriculture > Aides conjoncturelles et calamités agricoles > Calamités agricoles.
Les dossiers sont à renvoyer à la DDT à l’adresse : 10 rue des Salenques, BP 10102, 09007 Foix cedex.
Pour tout renseignement, il est possible de contacter Jean-Marc Maurel, au 05 61 02 15 14 ou à l’adresse jean-marc.maurel@ariege.gouv.fr ou Claire Blanc, au 05 61 02 15 06 ou à l’adresse claire.blanc@ariege.gouv.fr, qui sont tous deux en charge du dossier à la DDT.
En cas de problème, les syndicats FDSEA et JA sont également disponibles pour accompagner les agriculteurs concernés dans leur démarche.

Les aléas climatiques pèsent sur notre agriculture

La saison 2020 a très mal commencé pour les cultures céréalières avec de fortes pluies au printemps.

Ensuite, la sécheresse, due aux fortes chaleurs et au manque de précipitation, a entraîné d’énormes pertes. Que ce soit sur les rendements des cultures céréalières ou sur les repousses d’herbe en prairie, l’été a été compliqué.

Les céréaliers s’attendent à de fortes pertes de rendement pour les récoltes à venir, en particulier avec la mauvaise fécondation des maïs semence. À cela s’ajoute le mauvais rendement avéré des cultures d’hiver avec une baisse d’en moyenne 40 % par rapport à l’année 2019. En effet, cette année, les céréales à paille n’étaient pas de très bonne qualité à cause des fortes pluies. Ont été observés des problèmes de conservation et de mycotoxine sur le blé dur ce qui a entraîné des réfactions de prix de vente d’environ 40 %.

Concernant les éleveurs, la saison hivernale s’annonce mauvaise. Beaucoup d’entre eux utilisent déjà leur stock de foin, initialement prévu pour cet hiver, pour nourrir leurs bêtes par manque d’herbe dans les prés. Ils sont donc dans l’obligation d’acheter de la matière première pour leurs animaux. Un surcoût considérable si l’on prend en considération que le prix du foin est actuellement en hausse.

Une seconde inquiétude plane au-dessus des éleveurs. Le prix de la viande ne cesse de baisser. Aujourd’hui, élever un broutard coûte plus cher que son prix de vente final entre la nourriture et les frais vétérinaires qui lui sont associés.

En réponse à ces constats, les syndicats FDSEA et JA demandent à l’État une exonération des taxes foncières sur le non-bâtie (TFNB) sur les zones les plus touchées par les aléas climatiques, ces dernières seront établies plus tard.

L’irrigation a permis, là où elle est possible, de sauver les meubles en ce qui concerne la campagne estivale. Dès la fin mai, trois des quatre retenues destinées à l’irrigation étaient remplies à 100 %. À cela, s’ajoute une irrigation contrôlée et performante tout au long de l’été qui a permis aux irrigants de finir la campagne sans subir de restriction. Restrictions imposées dans 78 de départements de la métropole (source DDT).

La sécheresse a provoqué de gros dégâts sur toutes les cultures non-irriguées qui auront des renements extrêmement fabiles cette année. Cela démontre une fois de plus l’intérêt de l’irrigation dans notre département,” s’est exprimé Nicolas Pujol, élu FDSEA en charge du dossier eau à la chambre d’agriculture de l’Ariège, au cours de la rencontre avec Chantal Mauchet.

L’ours un problème quotidien

Les chiffres de la prédation en date du 31 août 2020

Depuis le début de la saison, les syndicats, les bergers et toute la profession qui subit la prédation de l’ours ne cessent d’alerter l’État sur cette impossible cohabitation.

En date du 31 août, alors que la saison n’est toujours pas terminée, les services de la DDT ont recensé 377 dossiers de dommages déclarés comme étant liés à l’ours.
Bien que le nombre de brebis mortes soit moins important qu’en 2019 car il n’y a eu aucun dérochement conséquent, le nombre de dossiers envoyés à la DDT est équivalent ce qui montre la multiplication du nombre d’attaques.

Malgré les attaques qui frôlent les dégâts humains, le Gouvernement ne réagit pas et préfère écouter les associations environnementalistes qui sont bien loin de la réalité du terrain.
La rentrée commence fort pour les syndicats majoritaires qui ne cessent de se battre sur tous les fronts pour une agriculture juste, pour tous et par tous.

Le foncier agricole, une denrée rare

Deux sujets brûlants sont à travailler avec les services de l’État en ce qui concerne le foncier : les carrières dans la plainte et le photovoltaïque au sol.

On n’est pas contre les carrières mais il faut que la terre revienne aux agriculteurs en état. Lorsqu’elles ne sont plus exploitées, les carrières sont rebouchées n’importe comment et la terre fertile est bien souvent six pieds sous terre,” a exposé Rémi Toulis lors de la réunion.

Les syndicats souhaiteraient qu’un cahier des charges soit établi au début de l’exploitation de chaque parcelle pour que par la suite, les agriculteurs récupèrent des terres fertiles, non pas des décharges à ciel ouvert.

Les panneaux photovoltaïques au sol posent également de nombreux problèmes. Les entreprises privées exercent une pression de plus en plus forte sur les propriétaires de foncier agricole, le plus souvent installés en plaine et pas sur des coteaux pauvres.

Jusque-là en tant que syndicat on a pu préserver nos terres. Cependant, ces entreprises ne reculent devant rien puisqu’aujourd’hui elles englobent leurs projets photovoltaïques dans de l’agrivoltaïque. En utilisant cette supercherie qui combine panneaux solaires et quelques brebis, ils peuvent contourner les documents d’urbanisme censé protéger les terres agricoles,” a constaté Clémence Biard.

Les syndicats mettent l’accent sur le besoin d’être présent dans les conseils municipaux où se discutent tous les projets liés aux documents d’urbanisme.

Aides PAC

Lors de cette rencontre, les services de l’État ont certifié aux élus syndicaux être à jour dans le traitement des dossiers PAC et qu’aucun retard de paiement ne serait à prévoir pour les versements prévus à la mi-octobre 2020.

Nous allons rester vigilants, quitte à revenir faire du camping sous le balcon de la préfète comme l’an dernier,” a annoncé Rémi Toulis, présidents de la FDSEA, en sortant de cette réunion.