Depuis le 6 juillet, 13 estives ariégeoises ont l’autorisation de pratiquer l’effarouchement simple. De plus deux autres estives ont accès à l’effarouchement renforcé.
Dans le cadre de la feuille de route “ours et pastoralisme”, l’Ariège est inscrite dans un processus d’expérimentation de l’effarouchement.
Il est proposé sur deux niveaux. Le premier consiste en un effarouchement simple basé sur des approches sonores ou lumineuses. Le second, appelé effarouchement renforcé, est réservé aux estives les plus prédatées. Sur celles-ci, l’utilisation de munitions non létales, double détonation et balles en caoutchouc, est autorisée pour les personnes formées. Ces dernières se pratiquent exclusivement de nuit et uniquement si le troupeau est regroupé.
“C’est une condition sine qua non pour mettre en place l’effarouchement. Si nous le pratiquons alors que le troupeau est éparpillé, le risque de prédation s’accroît puisque l’ours va se déplacer et peut-être trouver une brebis installée plus loin,” explique Christophe Pisi, chef de service de la brigade grands prédateurs terrestres de l’office national de la biodiversité (OFB).
Cette brigade, initialement créée il y a cinq ans pour s’occuper du loup dans les Alpes, a récemment élargi son champ de compétence pour traiter également le problème de l’ours. Elle est composée de 16 personnes, dont six qui s’occupent de l’ours et resteront tout l’été dans les Pyrénées.
“Notre équipe est vouée à s’élargir. Nous sommes en plein recrutement,” ajoute le chef de service.
Une protection dans les estives
Lundi 6 juillet, Chantal Mauchet, préfète de l’Ariège, a signé deux décrets autorisant la mise en place d’un effarouchement renforcé sur deux estives fortement prédatées.
“J’ai signé ce matin deux décrets. L’un concerne l’estive de Bordes-Uchentein, dans le groupement pastoral du Trapech, et l’autre l’estive d’Ustou, dans le groupement pastoral du col d’Escots. Concernant l’effarouchement simple, sur les 20 estives éligibles, 13 ont fait une demande d’autorisation que j’ai bien entendu acceptée,” développe la préfète.
Afin d’accompagner les bergers et les éleveurs des deux estives où l’effarouchement renforcé a été mis en place. Trois agents de l’OFB ont passé une semaine sur place (du 6 au 12 juillet).
“Nous allons essayer d’apporter un soutien aux éleveurs. Nous serons présents sur une plage horaire plus large pour également renforcer nos connaissances sur les ursidés. L’objectif de nos missions est d’étudier le comportement de ces animaux et de protéger les brebis,” développe Christophe Pisi.
Une possibilité de formation
Sur le long terme, la brigade est vouée à former des chasseurs, des lieutenants de louveterie, des éleveurs ou des bergers pour qu’ils prennent le relai sur le territoire.
Dès cette année, les formations se feront en deux temps. Le premier sera plus théorique en dehors des estives. Puis le second sera en situation. Les personnes formées passeront une nuit en binôme avec un agent de l’OFB pour apprendre à se servir du matériel.
En 2019, 28 personnes ont été formées. Cependant, leur autorisation d’effaroucher n’est pas reconduite pour la saison 2020. S’ils le souhaitent, ils pourront refaire une demande de formation mais ils n’auront que la deuxième partie à réaliser, selon la préfète.
Face à ces nouveautés, Chantal Mauchet a reconnu qu’il y avait eu “une bonne évolution par rapport à l’an dernier mais nous sommes loin d’avoir toutes les clés en main pour arrêter la prédation. Pour autant, nous avons avancé la mise en place des effarouchements à la demande des représentants de la profession agricole. Selon eux, il est nécessaire d’éduquer les ours dès le début de la saison pour qu’ils apprennent à ne pas s’approcher des troupeaux.”
C.L