Le groupe Réussir a organisé le 15 février un webinaire intitulé “#Controverses2022 : Les engagements des candidats à l’élection présidentielle pour la Ferme France”. Neuf candidats ou représentants de candidats se sont succédés face à Nicole Ouvrard, directrice des rédactions du groupe Réussir Agra, et Géraldine Woessner, journaliste au Point. Pendant trois semaines, les programmes des divers candidats seront présentés afin de savoir quelles sont leurs propositions en matière de rémunération, de pesticides ou encore de commercialisation des productions.

Programme d’Emmanuel Macron, candidat la République en Marche (LREM), représenté par Julien Denormandie

©Vincent Motin/Réussir

Écologie : L’agroécologie n’est pas une vision politique mais une méthode pour atteindre la souveraineté alimentaire. La transition n’est pas une injonction mais un investissement c’est la raison pour laquelle nous avons dédié une enveloppe à ce sujet dans le cadre de plan France relance et de France 2030.

Rémunération : Avec les lois Egalim 1 et 2, nous nous sommes attelés à créer une encre pour aider les exploitants à avoir une juste rémunération. Entre la loi de modernisation de l’économie en 2008 et les décisions du précédent Gouvernement, la croissance des revenus des agriculteurs a été cassée. La souveraineté alimentaire est une priorité aujourd’hui. Et il n’y a pas d’agriculture sans rémunération.

Innovation : Nous devons investir dans la recherche et protéger la compétitivité européenne. Nous sommes en faveur des nouvelles techniques de sélection des plantes (NBT) et nous les défendrons à l’échelle européenne.

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Est-ce que l’on mange mieux aujourd’hui qu’il y a 50 ans ? Julien Denormandie : Il est important de réapprendre les repères de l’alimentation en favorisant la qualité et les produits locaux.

Qu’est-ce qu’une ferme industrielle selon vous ? J.D : Les fermes industrielles sont surtout à l’étranger. Nous n’avons pas de ferme à 8.000 vaches en France.

Faut-il arrêter l’élevage ? J.D : Surtout pas et nous sommes contre la viande cellulaire.

Faut-il interdire le glyphosate ? J.D : Il n’y a pas d’interdiction sans solution. Il est important de définir ce qu’est l’agriculture de conservation.

Faut-il interdire tous les pesticides ? J.D : Non, il est important de pouvoir les utiliser lorsqu’il est nécessaire.

Avez-vous déjà cultivé quelque chose ? J.D : Oui, j’ai produit des huîtres pendant plusieurs années.

Programme agricole d’Éric Zemmour, candidat de la Reconquête, représenté par Jean-Frédéric Poisson

©Vincent Motin/Réussir

Alimentation : La priorité est de nourrir la population. Puis, nous répondrons aux attentes de la société et aux règles européennes. La question est de savoir si on peut fournir aux français une production de qualité et les circonstances économiques du pays fragilisent notre mode de production.

Relations étrangères : Dans la durée, nous avons pour objectif d’interdire l’export de toute valeur ajoutée comme le bois. En ce qui concerne les importations, nous souhaitons interdire tous les produits qui ne respectent pas les conditions sanitaires françaises.

Commercialisation : Nous voulons favoriser la création de petites caisses centrales d’achat peu importe la filière afin d’augmenter les revenus des exploitants.

Emploi : Nous voulons réduire au maximum le recours à la main d’œuvre étrangère en augmentant la rémunération des salariés et en diminuant les charges pour les employeurs afin que les gens retournent travailler. Nous voulons aussi développer la robotique pour limiter les besoins en main d’œuvre.

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Est-ce que l’on mange mieux aujourd’hui qu’il y a 50 ans ? Jean-Frédéric Poisson : La diversité de produits est plus importante mais je ne suis pas sûr que la qualité ait suivi cette tendance.

Qu’est-ce qu’une ferme industrielle selon vous ? J-F.P : Je n’en ai aucune idée. Peut-être qu’il s’agit des exploitations qui ont recours à des procédés industriels qui dépassent la nature.

Faut-il arrêter l’élevage ? J-F.P : Non et surtout pas la pisciculture.

Faut-il interdire le glyphosate et tous les pesticides ? J-F.P : Non. Nous devons pouvoir remplacer ceux qui sont le moins bénéfiques pour la santé mais aussi baisser le prix des pesticides.

Avez-vous déjà cultivé quelque chose ? J-F.P : Mes grands parents avaient un potager quand j’étais petit et j’ai chez moi quelques plantes aromatiques.

Bilan de François Purseigle, sociologue des mondes agricoles à l’institut national polytechnique de Toulouse

©Vincent Motin/Réussir

“Les grandes thématiques abordées ont été l’économie, le marché, la souveraineté alimentaire et la protection des Français. La ruralité n’a été abordée que par certains candidats.

La recherche et l’innovation ont été mentionnés mais ses enjeux ne sont pas compris par les candidats ou leurs représentants. J’ai également noté l’absence de la formation dans les sujets mentionnés alors que l’attraction du métier et le renouvellement des générations passe obligatoirement par la formation.

J’ai en revanche relevé de nombreux paradoxes dans les discours de nos interlocuteurs. Aujourd’hui de nombreux agriculteurs ont la volonté de transformer leur exploitation mais la plupart des candidats sont en faveur de l’enferment dans les pratiques actuelles et ne leur proposent pas d’outils pour poursuivre leur modernisation.

Les politiques parlent également d’installation alors que demain, elle dépendra des régions et des intercommunalités. De plus les agriculteurs font face à une situation de malaise, quelles solutions proposent-ils ?

Enfin, beaucoup enferment les exploitants dans l’image des paysans d’antan, il y a une sorte de nostalgie permanente alors que les fermes se transforment constamment. D’ici 20 ans, il y aura probablement plus de salariés que de chefs d’exploitation. Les exploitations auront une forme différente.”

C.L.