Lundi 1e novembre, la FDSEA et les JA ont appelé leurs adhérents à manifester devant la DDT pour défendre leurs droits et surtout rappeler à l’administration les échéances qu’elle devait respecter.

Alors que les premiers paiements d’acompte pour la Pac devaient arriver à la mi-octobre, de nombreux agriculteurs ne les ont toujours pas perçus.

Une seconde vague de paiement arrivée une semaine plus tard a une fois encore privé des exploitants ariégeois de leurs aides. Face à cette gestion calamiteuse des dossiers administratifs, les élus des syndicats FDSEA et Jeunes Agriculteurs ont appelé leurs adhérents à manifester lundi 1e novembre au soir.

Volonté de faire peur

Au total, près de 80 exploitants étaient présents ce lundi 1e novembre au pied de la direction départementale des territoires (DDT). À peine arrivés, les exploitants ont préparé un barbecue pour tous les agriculteurs ayant fait le déplacement.

Une bâche a été dépliée puis bombée de rouge avec les phrases : “L’État nous méprise dernière sommation !!”. Clémence Biard, présidente des JA09, et Kévin Audouy, vice-président du syndicat jeune, l’ont ensuite accroché sur la devanture de l’établissement accompagné de quelques sorcières et squelettes.

Nous avons décidé de prolonger Halloween d’une journée dans l’objectif de faire peur à l’administration, affirme Clémence Biard au micro. Depuis la mi-octobre, les agriculteurs ne cessent de nous contacter pour nous informer que leurs acomptes n’ont pas été payé. Cela fait déjà six ans que nous subissions ça, depuis la nouvelle programmation de la Pac en 2015 et ce n’est pas normal. Certains contrôles n’ont même pas encore été faits et quand on contacte l’administration, ils nous disent presque que ce n’est pas de leur faute, mais ce n’est pas de la nôtre non plus et on ne doit pas subir leur retard !”.

En effet, depuis 2015, les lois européennes interdisent tout paiement tant que le dossier n’a pas été instruit par l’administration et chaque année, les dossiers en retard sont de plus en plus nombreux.

La présidente du syndicat jeune a également soulevé les problématiques rencontrées par les futurs installés. Les dossiers à remplir sont toujours plus compliqués.

Alors qu’on nous dit que le renouvellement des générations est un enjeu majeur des dix prochaines années, nous avons l’impression que l’administration fait tout pour empêcher les jeunes de faire notre métier”, ajoute-t-elle.

Les dossiers liés au schéma des structures font eux aussi face à la même gestion calamiteuse par l’administration selon les élus.

L’eau ne coule pas sous les ponts

Sébastien Durand, en tant que secrétaire général de la FDSEA était quant à lui présent pour représenter son président. “Nous en avons marre d’être persécutés. L’agriculture française est reconnue comme la plus vertueuse du monde et pourtant on vient encore nous poser des questions sur l’aspect environnemental de notre métier.

En effet, en plus de la gestion des dossiers administratifs, les élus du territoire ont également convié les exploitants à se rassembler pour défendre leurs droits en ce qui concerne les points d’eau.

France nature environnement a une fois encore fait des siennes et a fait casser l’arrêté point d’eau établi à échelle départementale. Mais ne vous méprenez pas, cela concerne tout le monde et pas uniquement les céréaliers. Sans cet arrêté, nous devrons respecter une distance réglementaire zéro phyto tout le long des fossés et ce sur l’intégralité du territoire ariégeois. Une grosse action se déroulera à échelle régionale le 8 décembre sur cette question et il faudra que nous soyons tous solidaires peu importe notre filière et notre département, nous devrons être présents. Diverses actions départementales seront nécessaires en amont de ce rassemblement régional pour faire entendre notre voix”, ajoute le secrétaire général.

Face aux retards de paiement des acomptes de la Pac, un travail est fait au sein du Crédit Agricole afin de pallier aux problèmes infligés par l’administration et de décaler le déclanchement des annuités à régler par les exploitants a affirmé Hervé Péloffi, en tant qu’administrateur de la banque.

Philippe Lacube était également présent pour l’occasion. Il a rappelé que la chambre d’agriculture et ses techniciens faisaient leur maximum pour venir en aide aux exploitants.

C’est assez effarant quand on s’aperçoit que certains salariés de la DDT sont en vacances exactement au moment du paiement des acomptes. Les techniciens essayent de les joindre sans réponse, ce n’est pas normal. Et la situation risque de s’empirer dès l’année prochaine. Je vous rappelle que les contrôles se feront tous les cinq jours par système satellite. Nous serons fliqués au quotidien pour avoir nos aides. Vous allez me dire que les grands industriels qui perçoivent des aides de l’Europe sont aussi fliqués que nous ? Ça m’étonnerait”, a-t-il étayé.

Dernier avertissement

Le président de la chambre d’agriculture a également rappelé que les syndicats étaient très actifs au quotidien pour défendre les droits des exploitants et que peut être certains ne le voyaient pas toujours mais qu’il s’agissait d’un combat de tous les jours.

Suite aux discours et à l’installation des messages de protestations, les exploitants présents ont partagé un repas au pied de la DDT tout en promettant de revenir si rien de changeait.

C’est un dernier avertissement que nous donnons à l’administration, si nous ne voyons pas d’évolution, nous serons moins indulgents”, ont affirmé tous les élus.

C.L. pour FDSEA et JA