Les syndicats majoritaires FDSEA et JA n’ont pas été invités à la réunion sur les ours à problème à la préfecture de Foix, le jeudi 23 juillet dernier.
Le jeudi 23 juillet, la préfecture a organisé une réunion au sujet du protocole ours à problème, conformément à la feuille de route “pastoralisme et ours”.
Les récents événements, notamment ceux de la nuit du 15 au 16 juillet sur l’estive du Col d’Escots, à Ustou, ont donné l’espoir à la profession agricole pour que l’État prenne enfin conscience de ses responsabilités et de cette problématique poignante en Ariège.
Une énième déception des syndicats par l’État
Irrémédiablement, l’État continue à faire la sourde oreille en réunissant uniquement quelques élus et administratifs concernés. Cependant, il a jugé opportun d’y convier l’association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS), association pro ours ne comportant que quatorze adhérents en Ariège, plutôt que les syndicats majoritaires FDSEA et JA regroupant plus de 500 agriculteurs sur le département. Les représentants de l’État créditent plus de légitimité aux associations pro ours qu’aux élus et aux professionnels représentants du territoire.
Une opposition des élus face à cette supercherie
Philippe Lacube, président de la chambre d’agriculture de l’Ariège, et Alain Servat, maire de la commune d’Ustou et président de la fédération pastorale de l’Ariège, invités à cette réunion, ont exprimé leur opposition face à cette “sélection” injuste. Après la lecture du rapport du directeur régional de l’office français de la biodiversité (OFB), Hervé Bluhm, où celui-ci considère mot pour mot qu’”il n’y a pas de problème à Ustou”, les deux élus ont décidé de quitter cette supercherie.
Tout juste sortis de la préfecture, ces derniers ont rejoinds les représentants des JA et de la FDSEA et tous se sont exprimés lors d’une conférence de presse. Il ont exposé leur mécontentement lié à cet “oubli”.
Jacque Hato, vice-président de la FDSEA, soutient cette initiative. ”On ne peut pas dire qu’on a quitté cette réunion puisque on n’y était pas invité. On est outré car nous sommes tous les jours sur le terrain auprès des agriculteurs. C’est d’autant plus scandaleux que l’État donne du crédit à une association non-représentative.”
“C’est une provocation de ne pas inviter nos syndicats !”, insiste Clémence Biard, présidente des JA09 qui a rejoint la conférence de presse et exprimé sa déception. Alain Servat le souligne : ”Aucun des agents de l’OFB étant intervenus sur l’estive effarouchée et aucun président des groupements pastoraux concernés n’étaient conviés à cette réunion.”
Une dangerosité omniprésente
Alain Servat, méprisé par les associations pro ours depuis sa prise de position en rapport à l’interdiction de randonnée sur sa commune, souhaite éviter qu’un incident grave se produise face à l’ours. “Je ne veux pas que des randonneurs se trouvent attaqués sur ma commune, c’est la raison pour laquelle j’ai pris cet arrêté.” Un arrêté qui selon la préfète, n’était pas en possession ce jour-là. Cela, peu porter certaines interrogations.
De plus, la lecture du rapport de l’OFB minimise les faits et ne reflète en aucun cas les réalités de terrain. Philippe Lacube évoque le fait que “les effaroucheurs venus des Alpes sont des gens qui connaissent leur travail. Ils le font et bien. Cependant, ils sont débordés et pas assez nombreux. Leurs relations avec les agents ariégeois ne semblent pas être des meilleures. Nous regrettons qu’ils n’aient pas été invités à la réunion, et que nous n’ayons pas pu avoir leur version de la nuit sur l’estive.”
La prédation est telle qu une bergère stagiaire du CFPPA a changé d’estive a la demande du directeur d’établissement qui ne veut pas la mettre en danger.
Des préjudices encore observés
Des constats toujours plus alarmants ont été observés par un berger d’appui le 17 juillet. En effet, un ours “énorme”, selon ses propos, se promenait à proximité de la cabane de l’estive. Ce même jour, un garde de l’OFB a pu constater du sang frais et une brebis prédatée.
Philippe Lacube et Coline Grandjacques, animatrice montagne, chargée du dossier prédation à la chambre d’agriculture de l’Ariège, se sont rendus sur les lieux et ont rencontré deux randonneurs effrayés et en pleurs, paniqués à l’idée de croiser un ours sur leur chemin.
Une transparence falsifiée
À ce jour, la presse a demandé le rapport complet de l’OFB pour la nuit du 15 au 16 juillet. Cependant, la préfète de l’Ariège a refusé argumentant que ce document lui était adressé et uniquement à elle et qu’il n’est pas concevable de mettre dans les mains des médias de telles informations.
Il est inquiétant d’observer une telle attitude face à un sujet aussi sensible en Ariège. Le grand public mérite de connaître les réalités du terrain. Maintenir les populations et la gouvernance locale dans l’ignorance est le début d’une manipulation de masse qui porte un grand préjudice à toute la profession agricole.
Au cours de cette réunion, la préfète est également revenue sur ses propos publiés le 16 juillet 2020. En effet, dans un communiqué, elle annonçait “Malgré les opérations d’effarouchement renforcé, les ours n’ont pas été mis en fuite”. Mais, le 23 juillet, elle prônait fièrement la réussite de ces mêmes agents de l’OFB dans l’effarouchement des ursidés cette même nuit.
Comment être convaincant auprès de la profession et avoir sa confiance, si l’on change de discours tous les quatre matins ?
C’est impossible !
FDSEA et JA 09