Trois mois après les premiers semis d’hiver, état des lieux des cultures dans le département suite à des chutes de neiges importantes selon le territoire.

À en croire les anciens, la neige apporterait beaucoup d’azote atmosphérique et d’éléments minéraux aux cultures.

C’est donc avec joie que les céréaliers ariégeois ont accueilli les chutes de neige de ce début d’année. On pouvait voir entre 15 et 25 cm en plaine et jusqu’à 40 cm en zone de montagne. Pour autant, ce fameux apport de minéraux est-il réel ? Pas tout à fait selon Arvalis.

Une recherche au résultat simple

L’institut du végétal a analysé de la neige il y a quelques années et il s’avère qu’elle contient principalement de l’eau et quasiment rien d’autre. Ainsi, on ne peut pas considérer qu’elle ait un apport particulier pour les cultures hormis sa faculté isolante,” développe Matthieu Killmayer, ingénieur régional d’Arvalis Occitanie.

En effet, la neige permet de garder les sols à une température environnant les 0°C même si elle est fortement négative dans l’air. Elle permet donc de préserver les cultures du gel mais aussi de mettre en pause la phase de végétation des cultures et des plantes en cas de redoux trop précoce.

Souvent, on a l’impression que suite à un épisode neigeux la végétation est plus belle. C’est principalement un effet visuel. Les températures douces font fondre la neige et la végétation reprend juste après, d’où cette impression de beauté,” argumente l’ingénieur.
Selon les céréaliers ariégeois, le plus gros inconvénient de la neige serait qu’elle soit suivie par une pluviométrie importante qui pourrait provoquer des inondations conséquentes.

Un aléa qu’ils espèrent ne pas revivre après les ravages faits par la tempête Gloria en janvier 2020, en particulier en bordure de l’Hers où la pluviométrie avait atteint jusqu’à 250 mm par endroits et où des dizaines de mètres de berges ont cédé. Cette forte pluviométrie a fortement impacté les rendements mais également la qualité des grains récoltés. Certains blés durs ont été déclassés et des grains étaient fusariés.

Un bon début de campagne

Les céréaliers ariégeois s’accordent à le dire : pour le moment la météo leur est favorable. En effet, l’automne a été doux sans pluie excessive ainsi la minéralisation de l’humus s’est faite normalement ce qui a permis un bon apport en azote dans les sols.

Grâce à un mois de décembre parsemé de pluies raisonnables, l’azote est descendu d’environ 50 cm dans les sols. Pour le blé en particulier, les semis étant assez avancés et les racines sont implantées à environ 60 cm pendant le tallage, elles peuvent donc prendre l’azote disponible dans le sol,” étaye Sébastien Durand, céréalier à Saint-Félix-de-Tournegat.

Selon lui, les épisodes de froid qu’a connu le département peuvent présager un redoux jusqu’à la fin de la campagne, moins d’aléas climatiques et une bonne reprise de la végétation. “Il y a moins de chance que nous ayons des températures très basses courant mars, ce qui impacterait fortement la croissance de nos cultures,” ajoute-t-il.

Laisser le temps aux cultures

Selon Nicolas Pujol, céréaliers à Villeneuve-du-Paréage, “les cultures ont bien avancé et elles se portent bien. La neige n’était pas aussi importante en plaine qu’en montagne et elle n’est pas restée longtemps ce qui n’a pas trop ralenti la végétation des cultures. Les couverts végétaux, tels que la féverole par exemple, n’ont pas du tout été impactés par l’épisode de froid qui est passé par l’Ariège.

Il conseille d’ailleurs aux céréaliers de ne pas se précipiter pour déposer les engrais sur leurs cultures. En effet, selon Arvalis, ces dernières se portent assez bien pour les laisser profiter du redoux de cet hiver.

Après une récolte décevante en 2019, les céréaliers ariégeois espèrent que la météo restera clémente toute au long de la campagne afin de favoriser un meilleur rendement.

C.L.