La SARL Ariège Biométhane a effectué sa première injection de gaz le 20 avril après une mise en service le 16 mars. Elle est la première unité de méthanisation à être mise en route dans le département.
Alors que les travaux ont commencé quelques mois après ceux de la société Prosem, à Saverdun, la SARL Ariège Biométhane, située à Ludiès, a été mise en service le 16 mars dernier après un an de construction.
“Bien qu’il reste quelques travaux à faire, comme installer une clôture de deux mètres tout autour de l’unité de méthanisation et le bardage des cuves, nous avons eu le feu vert pour la mettre en route mi-mars, explique Maxime Durand, promoteur de la SARL. À ce jour (23 avril, NDLR), l’unité de méthanisation tourne à 40 % de ses capacités, nous évacuons 15,5 tonnes de déchets par jour. Nous atteindrons les 40 tonnes soit 100 % d’ici fin juin.”
En effet, l’unité de méthanisation a bien été mise en route le 16 mars. Pour autant, la première injection de gaz a été réalisée le 20 avril courant. Un délai expliqué par le temps de chauffe des deux digesteurs. Chacun d’entre eux devait passer d’une température de 13°C à 35/40°C ce qui a pris un certain temps aux vues de la taille de ceux-ci. “Il était également important pour nous de nous assurer que nous produisions un gaz de qualité avant qu’il soit injecté,” ajoute Sébastien Durand, second promoteur de la SARL Ariège Biométhane.
Un processus gagnant-gagnant
Ce qui a principalement encouragé les deux frères à mettre en place ce projet est l’aspect écologique de ce dernier. Bien que l’unité de méthanisation produise du gaz vert, ce n’est pas son seul avantage écologique. Tout d’abord, de nombreux déchets agricoles sont collectés pour approvisionner l’unité : des déchets de silos de coopératives, de l’ensilage de maïs mâles et du fumier animal. Puis, grâce à ces matières premières, du digestat est créé ainsi que du gaz.
Le gaz est injecté dans les conduites de GRDF et le digestat est épandu sur les terres des exploitants approvisionnant l’unité de méthanisation en fumier.

“Nous avons des contrats avec neuf élevages qui possèdent différents animaux : bovins lait, bovins allaitants, ovins et équins. Chaque fumier est stocké séparément pour être injecté dans l’unité de méthanisation. Il est important de les séparer parce qu’ils ont un pouvoir méthanogène différent. Une fois le mélange ensilage, déchets de silos et fumier passé dans le digesteur pendant 30 jours et dans le post-digesteur pendant 25 jours, on obtient un digestat que nous allons épandre sur les parcelles des éleveurs avec qui nous travaillons. Grâce à ce processus 95 % des mauvaises herbes présentes dans les déchets sont éliminées ce qui permet de réduire les traitements chimiques sur les parcelles,” développe Maxime.
“Avec le digestat sous sa forme liquide, nous proposons un rendu équivalent azote et matière organique aux éleveurs, ils n’ont donc aucune perte et en plus ils ne sont plus embêtés avec le stockage de leur fumier. Nous sommes tous gagnants : agriculteurs ou contribuables,” complète Sébastien Durand.
Une entreprise presque autonome en énergie
L’aspect écologique de cette démarche s’observe également par le biais du bâtiment de stockage des déchets. Ce dernier est équipé d’une centrale photovoltaïque qui permet à l’unité de méthanisation d’être en autoconsommation du fait de sa nécessité d’être en route 24h/24 et 365 jours dans l’année.
En ce qui concerne le chauffage des digesteurs, à terme, 7 % du gaz produit sera consommé par l’unité de méthanisation. Puis, le système a également besoin d’eau dans son processus. Ainsi, une lagune a été installée au sein de l’unité de méthanisation afin de récupérer les eaux de pluie pour qu’elle soit également en autoconsommation pour son eau.
Une fois à pleine puissance, l’unité de méthanisation produira 100 normo m3 par heure et sera capable d’approvisionner environ 500 foyers. Lorsque celle de Saverdun en route, ce sera l’équivalent de 20 % de la consommation en gaz naturel de la communauté de commune de Pamiers qui sera approvisionnée annuellement soit environ 25.000 personnes.

Afin de répondre aux besoins de la SARL en terme de transport et d’épandage, l’entreprise TS3D a été créée. Elle dispose d’un camion benne 6×4, d’un camion semi-remorque avec deux cuves de 30.000L, d’une benne et d’un automoteur d’épandage de digestat. Ainsi, le fumier est directement récupéré sur les exploitations par l’entreprise de transport, il est pesé à son arrivée grâce au pont bascule installé sur le terrain de l’unité de méthanisation et entreposé dans l’espace de stockage correspondant au type d’élevage dont il provient. Puis le digestat est livré et épandu sur les exploitations en contrat.
“C’est une facilité pour les exploitants, ils n’ont pas à s’occuper de cette partie et ça nous permet de notre côté d’avoir un suivi en interne de toute la chaîne de production,” étaye Maxime Durand.
Ce projet, pensé pour la première fois en 2016, a donc abouti après cinq ans, en partenariat avec l’entreprise occitane Arkolia Énergies, et renforce la proportion de production en énergies renouvelables du département estimée à 57 % en 2020. Ariège Biométhane est avant tout un projet territorial avec des retombées locales, sur 5,7 millions d’euros d’investissement : 3,4 millions d’€ avec des entreprises ariègeoises ; 1,4 millions d’€ entreprises d’Occitanie et 0,9 millions d’€ entreprises nationales.
À terme, l’unité de méthanisation créera 4 équivalents temps plein (ETP) et participera à la consolidation de 24 ETP locaux liés à l’agriculture.
C.L.