Après deux courriers, une délégation d’élus ariégeois s’est rendue rue de Varenne pour rencontrer le ministre de l’Agriculture ainsi que les secrétaires d’état à l’Écologie et à la Ruralité pour aborder la problématique de l’ours.

Fin août, les membres fondateurs du Parlement avenir montagne informaient la presse qu’un courrier avait été envoyé au ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Marc Fesneau, ainsi qu’au ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu.

Un premier courrier signé conjointement par Philippe Lacube, président de la chambre d’agriculture de l’Ariège, Christine Téqui, présidente du conseil départemental, et Alain Servat, président de la fédération pastorale de l’Ariège, dans lequel ces derniers demandaient un rendez-vous conjoint aux deux ministres.

Sans réponse de leur part, cette demande a été appuyée par Jean-Jacques Michau, sénateur, et Laurent Panifous, député de la 2e circonscription, par un second courrier signé par les deux parlementaires.

Une première réponse surprenante

Peu après l’envoi de ce dernier, le ministre de l’Agriculture a répondu favorablement à cette demande et une date de rencontre a vite été communiquée aux élus ariégeois : le jeudi 27 octobre à 9h, dans les locaux du ministère de l’Agriculture.

Pour ce rendez-vous, l’ensemble des parlementaires ariégeois ont été conviés, y compris Bénédicte Taurine, députée de la 1e circonscription, mais aussi Christine Téqui, Alain Servat et Élodie Amilhat, élue à la chambre d’agriculture présente pour remplacer Philippe Lacube.

Du côté de l’État, Marc Fesneau était présent mais également Bérangère Couillard, secrétaire d’état à l’Écologie, et Dominique Faure, secrétaire d’état à la Ruralité. Sylvie Feucher, préfète de l’Ariège, et Stéphane Defos, directeur départemental des territoires, étaient eux aussi présents, rue de Varenne. La délégation ariégeoise est sortie globalement surprise de cet échange qui a duré pas moins de 1h30 et au cours duquel les représentants de l’État se sont montrés à l’écoute.

Nous avions transmis aux trois représentants l’ensemble des documents que nous allions leur présenter au moment du rendez-vous, c’est-à-dire une note juridique et une note technique. En ce qui concerne la note juridique, j’ai été étonnée de voir que le ministre l’avait déjà annoté en amont de notre rencontre”, souligne Christine Téqui.

Des échanges constructifs

Après avoir rappelé les engagements pris par Emmanuel Macron en janvier 2020 face à Philippe Lacube, les élus locaux ont abordé les décisions du tribunal administratif quant à la suspension de l’autorisation d’effaroucher les ours. Une question étudiée avec le juriste du Parlement avenir montagne, Bertrand Faure qui, pour l’occasion avait rédigé une note juridique d’environs dix pages avec diverses propositions pour renforcer le code de l’environnement en faveur de l’autoprotection des éleveurs et des bergers.

Face à cette proposition constructive, les représentants de l’État ont proposé aux élus ariégeois d’organiser très rapidement un nouveau rendez-vous, concentré sur l’aspect juridique, pour construire ensemble une proposition d’évolution du code de l’environnement.

Tous se rendent compte que le problème de l’ours en Ariège et en particulier dans le Couserans n’est pas minime. À ce jour, nous comptons en moyenne un ours tous les 7km² ce qui est énorme par rapport à la volonté initiale de l’État d’en avoir un tous les 32km². Le ministre nous a d’ailleurs surpris en disant : “l’indemnisation n’est pas une solution, elle est nécessaire mais elle ne résout rien”. De son côté, la secrétaire d’état à l’Écologie a soulevé la nécessité de “soulager” le territoire une fois un comptage réalisé uniquement dans le Couserans. Ce sont des mots forts qui montrent que nous sommes pris au sérieux”, ajoute Élodie Amilhat.

Un pacte d’engagement

En complément d’une réunion juridique, Marc Fesneau a proposé qu’une seconde rencontre soit organisée pour construire un pacte d’engagement entre l’État et le département de l’Ariège. Ici, l’idée serait de planifier des actions concrètes avec des moyens alloués par l’État afin de soutenir les éleveurs ariégeois.

Aucune décision concrète n’a été prise. Pour autant, nous avons ressenti une volonté de construire ensemble de la part du ministre et des secrétaires d’état”, précise Laurent Panifous.

Avec humour, Jean-Jacques Michau a précisé qu’il ne fallait pas “vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Pour autant, je veux ajouter que Marc Fesneau a dit qu’il ne voulait pas être dans la peau du ministre roumain qui a subit 40 morts humains à cause de l’ours cette année”, étaye le sénateur.

Enfin, Alain Servat a quant à lui souligné qu’en plus de dix ans, c’est la première fois qu’il ressort d’une réunion aussi constructive avec des représentants de l’État.

C.L.