Jeune agriculteur de 26 ans, Julien Rouzaud témoigne de son expérience en tant que nouvel installé et raconte son parcours à l’installation.

Mercredi 23 juin dernier, le syndicat jeune a rencontré Julien Rouzaud, fraîchement adhérent auprès du collectif d’agriculteur. Un temps d’échange dédié au partage d’expérience et au fonctionnement du syndicat JA09.

Un temps de réflexion

Après un Bac CGEA au Lycée agricole de Pamiers, Julien Rouzaud ne c’est pas installé immédiatement. “Mon père est installé en tant qu’agriculteur en entreprise individuel depuis 20 ans. Je ne souhaitais pas tout de suite me lancer dans l’élevage. J’ai cherché un emploi pour la sécurité économique au départ, tout en conciliant mon désir de prendre soin de l’aménagement des espaces ruraux”, explique Julien.

En effet, le jeune homme a été recruté en tant qu’ouvrier auprès de l’office national des forêts (ONF) pour intégrer l’équipe Haute-Ariège dans le but d’entretenir les terrains de montagnes et créer des ouvrages pour éviter les risques naturels.

Après quelques années de réflexions, Julien a décidé de s’installer en 2019 tout en gardant une pluriactivité avec l’ONF. Le jeune éleveur s’est donc associé avec son père pour créer le Gaec du Nagear en apportant du matériel et un projet de nouveau bâtiment de stockage et d’élevage.

Une jeune exploitation en mouvement

Depuis trois ans, l’exploitation agricole a connu un développement palpable qui demande un grand investissement.

Quand mon père a démarré son exploitation, il avait 70 bovins Gascons. Lors de la création du Gaec nous avons augmenté notre cheptel de 20 bovins. Aujourd’hui, nous sommes à plus de 100 sur 64 hectares. Notre société se porte bien et nous pouvons nous dégager un revenu depuis un an. Notre territoire ne nous permet pas d’avoir un grand troupeau car les reliefs montagneux avec de petites parcelles peuvent être très contraignants. L’objectif est presque atteint. Nous possédons assez de bovins viande pour réaliser un roulement correct que ce soit pour la vente à l’export ou pour la vente directe développée en 2010”, précise le jeune éleveur.

La détermination de Julien ne s’arrête pas uniquement à l’élevage. Il souhaite améliorer son confort au travail pour gagner du temps par la création d’un nouveau bâtiment en 2022 et l’aménagement du chemin pour accéder à sa ferme.

Nous avons également des besoins en herbe très conséquents pour nourrir notre troupeau, environ 800 balles d’herbes par an. Notre Gaec peut en produire 400 ce qui demande des coûts supplémentaires pour l’achat en herbe. Je souhaite obtenir mon permis super lourd pour diminuer les coûts de livraisons des balles car il est plus simple pour moi d’en acheter que d’en produire”, développe Julien.

De la viande bovine ariégeoise reconnue

À ce jour, le Gaec Nagear vend principalement les mâles à forte corpulence à l’export et souhaite se concentrer sur le développement de la vente en directe. Avec un total, en 2020, d’une quinzaine de veaux et cinq vaches écoulés en vente directe et auprès des restaurateurs, Julien Rouzaud pointe du doigt le besoin d’accentuer les efforts sur ce mode de commercialisation.

Depuis janvier 2021, ma sœur est embauchée au sein du Gaec à mi-temps pour se consacrer exclusivement à la vente directe. Pouvoir m’appuyer sur ma sœur sur ce secteur d’activité me permet de gagner en temps de travail. Avec la vente à l’export on ne peut pas se défendre. Les prix nous sont imposés et aucune négociation n’est possible. Il n’y a pas de marge de manœuvre contrairement à la vente directe. Mon objectif est de passer les trois-quarts de ma production en direct”, exprime le jeune homme.

Une adaptation sans faille

La Haute-Ariège est un territoire en zone de montagne très caractéristique, qui demande de s’adapter à chaque instant.

Les zones montagneuses possèdent tout de même des difficultés qui demandent aux éleveurs de redoubler d’effort pour pérenniser leurs activités. Le climat, les prédateurs, la gestion des pâturages, les distances sur des terrains peu praticables restent des handicaps naturels forts.

Depuis dix ans, la prédation de l’ours a fait des ravages sur nos estives. Malgré les indemnités, cela ne suffit pas à compenser notre travail sur le long terme. Depuis trois ans nous perdons deux veaux et deux vaches chaque année. La réintroduction de l’ours massive en Ariège est une problématique majeure pour notre activité”, explique le jeune éleveur.

Adhérent JA09 depuis deux mois

Julien Rouzaud est adhérent auprès du syndicat jeune depuis peu. Il souhaite faire partie de cette dynamique collective qui insuffle de nouveaux projets pour le devenir de l’agriculture.

J’ai pas mal de copains qui adhèrent chez JA09 depuis longtemps et je me suis dit pourquoi pas adhérer cette année. Ce syndicat est présent dans les foires et événements pour les agriculteurs et je souhaite retrouver cette convivialité entre jeunes de la profession. Je peux échanger sur mon métier, mon savoir-faire et mes expériences avec des professionnels du même secteur d’activité”, ajoute le jeune homme.

JA09