Dans le cadre de son nouveau projet d’entreprise, le Crédit Agricole a lancé le 20 juin son centre d’affaires des entreprises agricoles et agroalimentaires en Ariège et dans les Pyrénées-Orientales.

Lundi 20 juin, le Crédit Agricole Sud-Méditerranée a convié des exploitants et représentants agricoles au château de Longpré, à Varilhes, en Ariège, et dans ses locaux à Perpignan, dans les Pyrénées-Orientales, à l’occasion du lancement de son centre d’affaires des entreprises agricoles et agroalimentaires.

« L’agriculture et l’agroalimentaire doivent relever de nombreux défis. Du renouvellement des générations aux besoins de production, les thématiques sont larges. Il y a beaucoup à faire et bien que le Crédit Agricole ne puisse pas être lui-même acteur de ces changements, il doit permettre aux entreprises de réussir leur transition. Pendant longtemps, l’accompagnement des entreprises et celui des exploitants étaient dissociés. Pour autant, certains conseils transmis aux chefs d’entreprise peuvent également être bénéfiques pour les chefs d’exploitation. C’est la raison pour laquelle nous avons souhaité regrouper ces services au sein d’un seul et même centre d’affaires« , expose Nicolas Tavernier, directeur général du Crédit Agricole Sud-Méditerranée.

Didier Hochet, directeur conseil aux grandes clientèles, le confirme : « Nous avons développé deux offres en parallèle pendant des années. Aujourd’hui, nous voulons offrir une offre plus riche à toutes les entreprises de la façon la plus utile et fluide possible« .

Associer les compétences

Le directeur du centre d’affaires des entreprises agricoles et agroalimentaires, récemment nommé, André Thomas, ajoute que longtemps le Crédit Agricole a surtout conseillé les exploitants autour du crédit mais « la synergie des filières agricoles et agroalimentaires nécessite de rapprocher des experts de chaque filiale pour compléter notre offre« .

À l’issue de cette présentation, l’invitée de la soirée, Sébastien Abis est intervenu face aux deux assemblées. Non issu du milieu agricole, il est aujourd’hui directeur du club Déméter qui met en réseau des entreprises, des experts, des écoles agro et certains ministères afin de travailler ensemble sur l’avenir de l’agriculture française, européenne voire mondiale.

Géopolitique et sécurité alimentaire

Pendant près d’une heure, Sébastien Abis a présenté le fruit de ses recherches autour du lien entre géopolitique et sécurité alimentaire : tendances, tensions, et trajectoires en France et en Europe.

Selon lui, aujourd’hui se joue la fin des « trente glandeuses« , la France et l’Europe se rendent compte que certains métiers sont essentiels et que la délocalisation n’est pas possible pour tout.

Au cours de son intervention, il a fait un panorama de la situation géopolitique de la France et de l’Europe tout en l’associant à l’aspect agricole.

Ainsi, selon lui, il y a aujourd’hui trois tendances et attentes majoritaires de la société :

  • La sécurité : sans les agriculteurs, les citoyens ne mangeraient pas à leur faim ce qui à long terme engendrerait des tensions dans le monde ;
  • La soutenabilité : on demande aux exploitants de nourrir à la fois huit milliards d’habitants et de réparer la planète, d’être productifs et de corriger les trajectoires prises par le passé ;
  • La santé : le monde demande d’augmenter la longévité des Hommes en bonne santé en grande partie grâce à une bonne alimentation.

Réflexion d’avenir

Cependant, en parallèle, le monde fait face à de nombreuses crises :

  • La pandémie Covid qui n’est pas encore finie et qui a créé une grande précarité et une inflation ;
  • La Chine qui veut être première dans toutes les filières et qui souhaite gagner en autonomie alors qu’elle est aujourd’hui importatrice de nombreux produits agricoles ;
  • Le conflit en Ukraine qui inclus deux grandes puissances agricoles du monde que ce soit en termes de production de céréales ou d’export d’engrais ;
  • Le climat auquel il va être nécessaire de s’adapter au fil des années et pour lequel les compétences d’autres pays tels que les pays africains seront les bienvenues.

« L’Europe doit être fidèle à ses valeurs et défendre ses propres intérêts face aux géants. Elle doit répondre à deux combats à la fois le Green Deal avec son objectif de neutralité carbone, et le combat géopolitique en cours qui nécessite qu’elle soit productive pour compenser les pertes liées à l’occupation du sol ukrainien« , étaye Sébastien Abis.

Puis, à cela s’ajoute les insécurités (guerre, maladie), le paradoxe des citoyens qui souhaitent manger local mais ne veulent pas avoir de ferme près de chez eux et enfin la difficulté des Européens à planifier loin, à faire des choix et à prendre des risques.

« Au quotidien, les exploitants prennent énormément de risques en investissant dans des cultures soumises aux conditions climatiques par exemple. Mais les gouvernements sont trop précautionneux. Il faut expérimenter pour savoir où l’on a échoué et réussir par la suite, les agriculteurs le savent trop bien mais les hautes sphères ont tendance à l’oublier. La question que je me pose aujourd’hui est : souhaite-t-on produire de tout partout ou produire ensemble pour tous ?« , conclut Sébastien Abis.

Après quelques questions des assemblées, la soirée s’est clôturée à Varilhes et à Perpignan autour d’un cocktail convivial.

C.L.