Les éleveurs pyrénéens expriment leur désaccord et engagent des actions lors du séminaire ACAP du 12 juillet courant.

Il y a maintenant plus de 25 ans que l’État déploie une politique de réintroduction de l’ours. Le 12 juillet 2021 courant a réuni les représentants professionnels agricoles pour se concerter face à la problématique “ours brun” à Saint-Gaudens lors d’un séminaire.

Une dynamique qui a été lancée par l’association des chambres d’agriculture des Pyrénées (ACAP), la FRSEA Occitanie et les JA Occitanie. Une trentaine de représentants professionnels étaient présents issus du syndicalisme, du réseau des chambres d’agriculture ou d’associations pour la sauvegarde du patrimoine et l’identité pyrénéenne (ADIP, ASPAP, ASPP). Cette journée fût l’occasion de souligner la détresse de la profession agricole face à la mise en péril de la biodiversité pastorale par la prédation.

Sylvain Denjean, éleveur ovin, en charge du dossier prédation et membre du conseil d’administration JA de l’Ariège

“Cette journée marque, je l’espère, les prémisses d’un nouvel élan pyrénéen dans notre combat face à la prédation. Des représentants syndicaux de toute la chaîne pyrénéenne étaient présents et il me semble important de le souligner. Nous avons pu discuter de la situation à l’heure actuelle dans chaque département et l’on sent que le monde agricole a besoin de se souder et de s’entraider à ce sujet. Il en est ressorti que le danger est aujourd’hui omniprésent en estive (et pas seulement) et qu’il est impossible de faire face aux attaques récurrentes des ours dans certaines montagnes. Les bergers se sentent en danger, les bêtes le sont, que les moyens de protection soient mis en place ou non. On en vient même à voir des patous tués. Je pense que l’État devrait enfin avoir le courage de réagir pour protéger tous ses concitoyens. C’est pourquoi un des axes de travail qui est ressorti lors de cette journée avait pour objectif d’obtenir le droit à se défendre face aux prédateurs. Il est indispensable que les bergers et les éleveurs puissent agir au-delà d’allumer une torche lorsqu’ils sont attaqués avec leur troupeau en pleine nuit. C’est, aux yeux de beaucoup, une nécessité pour continuer d’exercer leur métier dans des conditions de sécurité décentes. Il faut arrêter cette mascarade qui dure depuis trop longtemps.”

Sophie Alzieu, éleveuse ovin, secrétaire générale adjointe à la FDSEA de l’Ariège en charge du dossier prédation

“Il était important de réunir l’ensemble des départements pyrénéens autour de cette thématique forte qu’est la prédation par les ours. Même si des actions communes ont déjà souvent eu lieu, il est crucial de structurer et d’officialiser cette dynamique afin d’être plus forts et écoutés. La proposition et la mise en place d’une gouvernance locale à l’échelle du massif doit découler naturellement de ces travaux et de ceux à venir : nous sommes, avec les élus locaux, totalement légitimes et compétents pour assurer cette gouvernance. Le retrait du plan ours semble évident dans la mesure où, dans sa construction même, il associe ours et pastoralisme ! Une aberration ! Un non-sens ! Nous en avons la preuve quotidienne. L’introduction d’ours slovènes n’est pas une activité pastorale ou agricole, et ne doit en aucun cas continuer à fonctionner avec des fonds agricoles !”

Jacques Hato, éleveur, vice-président à la FDSEA de l’Ariège

“On dit souvent qu’il faut remettre l’église au centre du village, il est grand temps de remettre les éleveurs au cœur des préoccupations montagnardes ! Rendons aux éleveurs, acteurs indispensables d’une montagne vivante toute la fierté et le respect qu’ils méritent ! L’état, jacobin, nous impose des prédateurs (ours, loups, vautours…) dont nous ne voulons pas, nous demandons zéro attaque et la possibilité de pratiquer des tirs létaux pour défendre nos troupeaux !”

Michael Derramond, éleveur ovin et président du syndicat ovin de l’Ariège

“Nous saluons cette initiative, et avons apprécié la qualité des débats lors de ce séminaire. La présence de représentants issus de l’ensemble du massif met à jour nos différences d’appréciation sur le problème de l’ours. L’ancienneté et l’expérience expliquent sans doute cela. En Ariège nous avons des ours et des prédations depuis l’origine du plan de réintroduction : nous savons que rien ne se règlera en local, que le ministère de l’Écologie tire les ficelles avec cynisme, et que le Gouvernement court devant la règlementation européenne, et sa directive habitats dans laquelle tous les malheurs actuels du pastoralisme sont inscrits. Pour faire évoluer les positions, nous avons besoins d’être unis, tous syndicats confondus, tous utilisateurs de la montagne ensemble, pour sortir le dossier ours de sa confidentialité pyrénéenne. Les deux élus du SOA au conseil FNO, à Paris travaillent en ce sens. Ça bouge, partout en Europe, il faut viser haut et être unis pour obtenir la modification des directives européennes.”

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