Le groupe Réussir a organisé le 15 février un webinaire intitulé “#Controverses2022 : Les engagements des candidats à l’élection présidentielle pour la Ferme France”. Neuf candidats ou représentants de candidats se sont succédés face à Nicole Ouvrard, directrice des rédactions du groupe Réussir Agra, et Géraldine Woessner, journaliste au Point. Pendant trois semaines, les programmes des divers candidats seront présentés afin de savoir quelles sont leurs propositions en matière de rémunération, de pesticides ou encore de commercialisation des productions.
Programme de Jean-Luc Mélenchon, candidat de la France insoumise (LFI), représenté par Loïc Prud’homme
Alimentation : Il doit y avoir un contrat social complet entre un pays et son agriculture. Il est important de garantir un revenu aux producteurs et en même temps s’assurer que les consommateurs aient accès à une alimentation à un prix accessible. En 40 ans, le budget alimentaire des foyers a été divisé par deux. Il faut relancer cet engouement mais aussi imposer à la grande distribution une limite de marge. Nous proposons de donner aux ménages les plus modestes un chèque mensuel de 150€ pour qu’ils achètent des produits alimentaires locaux afin de recréer une économie locale.
Pac 2023 : Nous envisageons de réviser l’intégralité du plan stratégique national (PSN) pour la future Pac afin de réellement orienter les aides vers une agriculture vertueuse. La production de protéines par exemple doit être également favorisée pour l’alimentation humaine et pas seulement animale.
Rémunération : Il est aussi important de désendetter les agriculteurs qui aujourd’hui sont dans l’impasse pour se sortir un revenu.
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Est-ce que l’on mange mieux aujourd’hui qu’il y a 50 ans ? Loïc Prud’homme : Non, nous mangeons moins bien. Il suffit de voir les chiffres de vente de la malbouffe.
Qu’est-ce qu’une ferme industrielle selon vous ? L.P : Ce sont des fermes qui sont implantées dans des territoires et qui ne peuvent pas survivre sans utiliser massivement des intrants.
Faut-il arrêter l’élevage ? L.P : Non, mais il faut promouvoir l’élevage paysan.
Faut-il interdire le glyphosate ? L.P : Oui si possible.
Faut-il interdire tous les pesticides ? L.P : Oui surtout les plus dangereux et pour les moins dangereux il faut trouver des trajectoires pour s’en passer.
Avez-vous déjà cultivé quelque chose ? L.P : Oui, j’ai un potager.
Programme de Valérie Pécresse, candidate des Républicains (LR), représentée par Pascal Coste
Renouvellement des générations : Nous voulons replacer l’agriculture au cœur de la volonté des Français et stopper la décroissance du nombre d’agriculteurs. Ainsi, nous avons de nombreuses propositions en faveur de l’installation des jeunes comme la simplification des démarches administratives.
Écologie : Si l’on veut une agriculture productive, nous devons retrouver les capacités de production que nous avions. Et cela passe pour le moment par l’utilisation de produits chimiques le temps que l’on n’a pas d’autre solution. De plus, concernant les zones vulnérables, la part de nitrates imposée en France est bien plus faible que celle prévue en Europe. Il faut changer cela.
Innovation : Les nouvelles techniques de sélection des plantes (NBT) sont plus résilientes pour le climat, elles doivent être utilisées afin de garantir la production française.
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Est-ce que l’on mange mieux aujourd’hui qu’il y a 50 ans ? Pascal Coste : La plupart des français mangent mieux grâce à une agriculture plus durable mais ils n’ont pas tous cette chance.
Qu’est-ce qu’une ferme industrielle selon vous ? P.C : Nous ne sommes pas dans l’opposition des modèles. Le temps que ces exploitants respectent la loi, les Hommes et les animaux, ils ont droit de faire leur travail.
Faut-il arrêter l’élevage ? P.C : Surtout pas, elle permet à la France de garder un équilibre et de réaliser une transition. Il est important d’investir dans la méthanisation également.
Faut-il interdire le glyphosate ? P.C : Surtout pas, nous sommes clairs là-dessus : pas d’interdiction sans solution.
Faut-il interdire tous les pesticides ? P.C : Arrêtons de mettre des dates butoirs et trouvons des solutions de remplacement.
Avez-vous déjà cultivé quelque chose ? P.C : Je suis agriculteur depuis plusieurs années.
Programme de Marine Le Pen, candidate du Rassemblement national (RN), représentée par Gilles Lebreton
Relations étrangères : Il est important de lutter contre les traités de libre-échange qui ont été signés ces dernières années. Ils créent de la concurrence dans les productions et impactent grandement la ferme France.
Alimentation : Nous souhaitons que 80 % des produits servis dans les cantines soient français et, au mieux, locaux. Nous voulons répondre aux demandes de la société qui souhaite plus de localisme. Nous sommes également en faveur d’un étiquetage obligatoire sur l’origine de tous les produits, même transformés.
Bien-être animal : Nous sommes en faveur de la préservation de l’élevage d’oies et de canards pour produire du foie gras. Cependant, nous voulons aller vers l’élimination des cages dans les élevages lorsque c’est possible afin de donner le plus d’espace possible aux animaux.
Innovations : Nous sommes contre les OGM. En ce qui concerne les nouvelles techniques de sélection des plantes (NBT), nous sommes prêts à envisager qu’elles soient utilisées en Europe si nous avons la preuve que ce ne sont pas des OGM.
Écologie : Les produits phytosanitaires ne doivent pas être supprimés tant que nous n’avons pas de solution de remplacement. Il en est de même pour la bio. Nous sommes en faveur de ce mode de production mais selon nous le plan “Farm to fork” est trop ambitieux pour pouvoir assurer des débouchés aux producteurs.
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Est-ce que l’on mange mieux aujourd’hui qu’il y a 50 ans ? Gilles Lebreton : Oui, si on mange français.
Qu’est-ce qu’une ferme industrielle selon vous ? G.L : Le modèle de fermes avec 1.000 vaches est peu présent en France.
Faut-il arrêter l’élevage ? G.L : Au contraire, il faut relancer l’élevage.
Faut-il interdire le glyphosate ? G.L. : Non, pas tant que l’on n’a pas de solution de remplacement.
Faut-il interdire tous les pesticides ? G.L : Même réponse que pour le glyphosate.
Avez-vous déjà cultivé quelque chose ? G.L : Je suis issu du monde agricole et j’ai déjà cultivé des pommes de terre.
Programme de Yannick Jado, candidat d’Europe écologie les verts (EELV), représenté par Benoît Biteau
Production : À l’avenir, il sera important de développer la production de deux cultures sur une même surface afin de favoriser l’agroécologie. La certification bio doit également être une conséquence d’une transition agroécologique et non une aubaine pour avoir des aides. Il ne faut également pas renoncer aux activités d’élevage, mais il est important d’accepter de baisser la production afin de s’adapter aux attentes sociétales.
Pac 2023 : Au sein du nouveau plan stratégique natioanl (PSN), la conditionnalité ne va pas assez loin. Afin que la politique publique soit rémunératrice des services écologiques de l’agriculture, il faudrait multiplier par cinq ou six le montant de la Pac. En faisant cela, les produits bio seront plus accessibles mais sans impacter les revenus des exploitants.
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Est-ce que l’on mange mieux aujourd’hui qu’il y a 50 ans ? Benoît Biteau : Cela dépend des classes socioéconomiques.
Qu’est-ce qu’une ferme industrielle selon vous ? B.B : Une définition est à donner selon les filières et les productions. Il n’y a pas de chiffre précis pour toutes les exploitations.
Faut-il arrêter l’élevage ? B.B : Non, nous revendiquons que l’élevage est important pour préserver les espaces.
Faut-il interdire le glyphosate ? B.B : Oui et tous les pesticides.
Avez-vous déjà cultivé quelque chose ? B.B : Je suis paysan depuis plus de 15 ans.
Retrouvez la semaine prochaine les programmes d’Emmanuel Macron et de Éric Zemour ainsi qu’une conclusion de ce webinaire proposée par François Purseigle, sociologue du monde agricole.
C.L.
