Dès le 1e janvier 2022, les éleveurs installés en bio devront modifier leur mode de production pour
répondre aux nouvelles règles européennes.

En 2018, la réglementation européenne en termes de productions biologiques a été révisée. De nouvelles règles seront applicables dès le 1e janvier 2021. Des règles qui inquiètent particulièrement les éleveurs occitans.

En effet, depuis 30 ans, la réglementation européenne appliquée à la production alimentaire biologique était restée inchangée. Afin de mieux répondre aux enjeux actuels, cette dernière a été révisée par le conseil des ministres européens.

Initialement prévue pour le 1e janvier 2021, sa mise en application a été reportée d’un an. Pour autant, les nouvelles règles qu’elle impose continue d’inquiéter les éleveurs.

Cette nouvelle réglementation se base sur trois nouveaux textes de loi : le règlement UE 2018/848 relatif à la production biologique et à l’étiquetage des produits biologiques, le règlement d’exécution UE 2020/464 portant sur certaines modalités d’application du règlement (UE) 2018/848 et le règlement délégué UI 2020/427 modifiant l’annexe II du règlement (UE) 2018/848.

Afin d’informer les éleveurs, le guide de lecture de l’institut national de l’origine et de la qualité (INAO) sera réactualisé courant 2021 afin de prendre en compte l’ensemble des règles de ces nouveaux règlements bio.

Quelles règles ?

De nombreux changement importants ont été proposés, en particulier en ce qui concerne l’élevage des ruminants bio.
Tout d’abord, en ce qui concerne l’introduction d’animaux dans les élevages, bovins et autres, une base de données doit être mise en place au plus tard au 1e janvier 2022 en France.

Son objectif sera de recenser les disponibilités d’animaux bio en France en précisant au minimum le nombre d’animaux, la race, l’âge, le sexe et la finalité de production (lait ou viande).

D’autres informations supplémentaires pourront être ajoutées telles que le niveau génétique de l’animal et son statut sanitaire. Ce dispositif sera créé sur la base du volontariat avec la possibilité pour les éleveur et l’administration de le consulter gratuitement.

En ce qui concerne l’alimentation des animaux, des changements seront également à opérer. En effet, le seuille de 30 % maximum d’aliments C2 achetés incorporés dans la ration sera revu à la baisse pour atteindre 25 %. Ainsi, la distribution simultanée d’aliments C etC2 (achetés) ne devra pas excéder 25 % de la ration moyenne annuelle au lieu de 30 % aujourd’hui. Pour les aliments d’allaitement, seul le lait en poudre certifié bio avec des matières premières d’origine animale sera autorisé. Les matières premières végétales et composants chimiques seront interdits.

Concernant les ovins bio, la coupe de queue ne sera possible que sous dérogation au cas par cas.

Organiser le pâturage

Le pâturage des bêtes est également abordé dans ces nouvelles réglementations. Tout d’abord, sur les terres domaniales ou communale, les animaux bio et conventionnels devront être séparés. Ensuite, les animaux bio pourront y pâturer uniquement si ces terres ne sont pas traitées avec des produits interdits en bio depuis au minimum trois ans.

En ce qui concerne les animaux à l’engraissement, jusqu’à aujourd’hui, ils pouvaient passer moins de 1/5e de leur vie et maximum trois mois en intérieur. Cette possibilité sera supprimée. Cependant, l’aire extérieure n’est pas obligatoire l’hiver lorsque les animaux ont pâturé l’été et qu’ils sont en stabulation libre l’hiver (ou stabulation logette). Cependant, le pâturage est obligatoire lorsque les conditions le permettent.

Une règle qui inquiète particulièrement le président de la chambre régional d’agriculture Occitanie, Denis Carretier. En effet, dans la région, on compte 1.042 éleveurs bovins viande bio, dont 70 % qui sont passés en bio depuis 2015. L’Occitanie est la première région bovine bio de France.

Selon lui, “ce serait un coup dur pour nos filières viandes régionales ! Nos filières, déjà confrontées au changement climatique ainsi qu’à une problématique forte de renouvellement des générations, ne doivent pas être encore plus fragilisées”.

Ainsi, afin d’alerter l’État sur cette problématique, une première rencontre a été organisée avec Florent Guhl, directeur général de la DRAAF Occitanie, le 22 janvier 2021. Une seconde a eu lieu le mardi 9 mars en présence d’Olivier Nasles, président du comité national agriculture biologique de l’INAO, d’Henri Bonnaud, éleveur bio, membre élu de la chambre régionale d’agriculture Occitanie et de Florent Guhl.

L’établissement consulaire compte sur cette rencontre pour que la problématique soit remontée au ministre de l’Agriculture pour que ce dernier puisse faire remonter les spécificités françaises au conseil des ministres européens.

C.L.